Une reconversion à cheval sur la création
Entreprise. Le Théâtre équestre de Champagne est un pari culturel pour le slow-tourisme en ruralité unique en région.

Une parenthèse poétique, équestre et un message à la clé. « Le théâtre équestre de Champagne est un lieu socioculturel pour les personnes qui ne veulent pas aller loin pour voir un spectacle équestre de qualité ». Coeur Vaillant, La Sourcery, L’horloge enchantée ou encore le spectacle humoristique préparé pour la prochaine fête de la choucroute de Brienne-le-Château sont autant de prétextes pour se rendre à Radonvilliers (10). Claire et Jean-Baptiste Bertin y proposent une alternative aux grands spectacles du Puits du Fou ou de Zingaro Bartabas.
Pourtant, il y a 15 ans, Claire Bertin, 38 ans, n’avait encore jamais touché un cheval avant de rencontrer Jean-Baptiste, son mari et ses parents propriétaires d’équidés. Technicienne qualité en agroalimentaire, Claire Bertin chevauche son premier cheval à Montreuil-sur-Barse, une écurie de spectacle, et c’est la révélation. Elle se forme notamment avec Jérémy et Sélyne Gonzalez, qui dirigent depuis le pôle dressage et spectacle six mois par an à Dubaï pour une princesse.
En 2013, Claire Bertin crée l’association Les Crinières d’Orient qui propose des spectacles itinérants pour les fêtes locales avec des passionnés amateurs. « La covid arrête tout, mais bizarrement, monter à cheval ne me manque pas », explique Claire. « Ce qui me manque, c’est de créer ». La période covid confirme cette nouvelle passion et le couple franchit le pas avec l’objectif d’ouvrir le Théâtre équestre de Champagne. Pour Claire qui a grandi dans un foyer, l’écriture des spectacles devient un exutoire. « Je m’inspire des épreuves que j’ai traversées dans ma vie, des causes qui me parlent comme le travail, le courage, l’espoir et la magie. »
Franchir les obstacles
Soutenu par la Région, le Département et le Parc naturel régional de la Forêt d’Orient qui croient au projet, le couple investit 150 000 euros pour construire le théâtre et les box. « Nous avons 30 dates de spectacles de mai à Noël. Il faut environ 100 personnes par représentation pour être rentables, la salle peut en accueillir 184 ».
Pourtant, l’aventure aurait pu tourner court, escroqués par un fournisseur peu scrupuleux. Le couple a acheté de nouveaux gradins qui n’ont jamais été livrés. Une déconvenue qui met la trésorerie en difficulté. Mais, le couple réagit, vend deux chevaux à contrecoeur et en garde trois et deux poneys très expérimentés.
Pour rebondir et se donner toutes les chances de réussite, les dirigeants mettent les bouchées doubles. Ils ouvrent une guinguette pour se restaurer avant le spectacle et organisent des démonstrations équestres avant les représentations. « Nous devons solidifier la structure financière du théâtre. Nous pouvons aussi nous déplacer pour des événements, nous savons le faire », soulignant que le théâtre équestre de Champagne s’adresse aussi aux entreprises ou collectivités.
La production d’un spectacle est estimée à 10 000 €, sans compter le temps passé par Claire Bertin pour écrire, mettre en scène et assurer la direction artistique des représentations. Les artistes recrutés sont autoentrepreneurs ou intermittents du spectacle. À l’annonce de l’ouverture du théâtre équestre, Claire Bertin a reçu de nombreuses candidatures spontanées et son expérience associative lui a permis de créer un réseau. « Nous avons 2 à 4 jours de répétitions et en amont, ils reçoivent le dossier complet du spectacle pour se préparer. Sur place, ils sont logés et nourris ».
Aube Champagne Attractivité a décerné un prix à la directrice du théâtre lors du concours d’idée pour son offre touriste innovante. Quant aux chevaux, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes sous les projecteurs et vivent au pré le reste du temps. Eux-aussi sont en mode slow-tourisme entre deux représentations, le bien-être animal avant tout.