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Une modernisation à 80 millions d’euros pour le groupe Michelin

Industrie. Conscient du rôle stratégique du pneu agricole, le groupe va renforcer l’usine auboise de La Chapelle-Saint-Luc.

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Photo de l'activité du groupe Michelin
(Crédit : LL)

Parmi ses 67 usines de pneumatiques dans le monde, le groupe Michelin en compte seulement trois spécialisées dans le pneu agricole. La plus importante, celle de La Chapelle-Saint-Luc, concentre 40 % de la capacité de production de pneus agricoles du groupe dans le monde. « C’est un marché stratégique pour nous car il s’agit de produits à très forte valeur ajoutée où nos innovations font la différence », rappelle Pierre-Louis Dubourdeau, directeur industriel du groupe Michelin.

« Il va falloir nourrir un milliard d’humains supplémentaires dans les 15 ans qui viennent, avec les mêmes surfaces agricoles, et il va falloir des pneus toujours plus innovants et technologiques », confirme Manuel Montana, directeur des pneus de spécialité du groupe de Clermont-Ferrand. De bon augure pour l’usine chapelaine de 750 salariés qui exporte 85 % de sa production dans le monde entier.

« Nous sommes capables d’avoir des niveaux de marges compatibles avec une fabrication en France », ajoute Pierre-Louis Dubourdeau, venu dans l’Aube fêter les 60 ans de l’usine de La Chapelle-Saint-Luc. Le grand manufacturier français a d’ailleurs décidé d’investir lourdement dans son outil de fabrication aubois.

Photo de Petar Nikolic, Pierre-Louis Dubourdeau et Manuel Montana
De gauche à droite, Petar Nikolic, directeur de l’usine de La Chapelle-Saint-Luc, Pierre-Louis Dubourdeau, directeur industriel du groupe Michelin et Manuel Montana, directeur des pneus de spécialité. (Crédit : LL)

« Nous avons lancé un plan d’investissements de 80 millions d’euros sur le site consacré à la modernisation de l’atelier de fabrication de pneus et à l’amélioration de la qualité de vie au
travail »
, précise Petar Nikolic, directeur de l’usine auboise.

Une usine plus vertueuse

Certains investissements ont déjà été réalisés, comme ces robots qui évitent désormais toute manipulation pénible lors de l’opération de contrôle final du pneumatique. D’autres sont en cours, comme le prototype Cosmos, conçu par les équipes internes du groupe en collaboration avec les techniciens et ouvriers du site aubois.

Photo de pneus agricoles
Dans le cadre de la modernisation, des robots ont été mis en place pour éviter les manipulations des lourds pneus agricoles lors des opérations de contrôle. (Crédit : LL)

Cet équipement unique en son genre va permettre de réduire les manipulations pour les confectionneurs chargés d’assembler les bandes constituant le pneu. D’autres innovations vont suivre, comme par exemple la mise en place de chariots automatisés pour la manutention de ces pneus dont le poids atteint plusieurs centaines de kilos.

En même temps, l’usine auboise renforce sa stratégie environnementale, avec l’objectif de baisser ses émissions de 50 % d’ici à 2030. Un programme de réduction de la consommation d’eau sur le site a été lancé avec des effets significatifs attendus d’ici fin 2024.

La modernisation du site aubois, qui sera achevée en 2026 en principe, va aussi lui permettre de se positionner sur la fabrication de pneus premium, les plus technologiques de la marque. Pour aider les agriculteurs du monde entier à atteindre leurs objectifs économiques et environnementaux, Michelin innove sans cesse.

Pour cet anniversaire, des démonstrations de matériel dernier cri ont eu lieu. Par exemple, sur les tracteurs et les remorques, les pneus peuvent être « télé-gonflés » depuis la cabine pour circuler sur la route et consommer moins, ou alors « télé-dégonflés » dans les champs pour augmenter la capacité de traction tout en réduisant le compactage des sols.

Mais au-delà de la technologie, l’avenir passe par les ressources humaines. Plus de 80 salariés ont été recrutés l’an passé sur le site aubois qui forme en interne les futurs spécialistes de la confection de pneus agricoles. Même si la robotisation et l’automatisation facilitent les conditions de travail, le savoir-faire de l’opérateur reste essentiel dans le processus de fabrication.