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Une Mission actrice de son territoire et fourmillant de projets

Patrimoine. La Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne Patrimoine mondial a tenu sa conférence annuelle dans l’hôtel particulier réhabilité de la Maison Taittinger. Un programme riche, présentant les actions déployées au cours des dernières années et celles à venir, comme la célébration des 70 ans de la Route du champagne.

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Photo des Membres de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne
Les Membres de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne. (Crédit : ND)

C’est dans un véritable écrin, celui de l’hôtel particulier de la Maison Taittinger situé au 44, boulevard Lundy à Reims (voir photo ci-contre), présenté pour l’occasion, que la conférence annuelle de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne Patrimoine mondial s’est déroulée.

« La Mission Unesco est une mission de valeurs, apolitique, elle est une entité à part consacrée au patrimoine matériel et immatériel. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui dans un lieu de patrimoine, chargé d’histoire », présentait en préambule Pierre-Emmanuel Taittinger, président de la Mission.

De style Napoléon III, l’hôtel particulier a jadis abrité la demeure d’un grand personnage rémois, Georges Charbonneaux, industriel et philanthrope, notamment à l’origine du Foyer rémois et des cités jardins du quartier du Chemin vert.

« Héritier des verreries Charbonneaux, il a fait travailler son ami René Lalique dans l’entreprise et collectionnait nombre de ses pièces. » Ernest Irroy, de la Maison de champagne éponyme, occupa ensuite les lieux.

La demeure est rachetée en 1955 par François Taittinger, notamment en raison de sa proximité avec son site industriel de la rue de la Justice.

Un second plan de gestion 2025-2035 en préparation

C’est donc de la salle de bal de la bâtisse que Pierre-Emmanuel Taittinger s’est félicité que la mission soit « régulièrement consultée pour la qualité de son travail scientifique », avant de donner la parole à Jacques Douadi, vice-président du Conseil scientifique.

« Le Plan de gestion a été un véritable acte fondateur en matière de valeurs et d’orientations, sur lesquels nous nous sommes engagés pour une dizaine d’années. »

Depuis 2015, de nombreuses actions ont ainsi été menées concernant la protection et la conservation du patrimoine, le développement et la gestion du tourisme mais aussi la mise en valeur du bien.

Une inscription sur la liste du Patrimoine mondial est obligatoirement accompagnée d’une stratégie de gestion du territoire.

Photo de l'hôtel particulier réhabilité de la Maison Taittinger
L’hôtel particulier réhabilité de la Maison Taittinger (Crédit : ND)

« Nous avons construit ce projet de valorisation à partir d’une page blanche. Aujourd’hui, le nouveau Plan de gestion sera dans la continuité », assure-t-il.

Un programme de 34 fiches actions avait été établi pour le premier Plan, sur lesquelles seules trois n’ont pas vu le jour, surtout pour des raisons administratives.

« La mise en valeur de la colline Saint-Nicaise reste à réaliser, notamment son patrimoine sous-terrain, où plus de roches y ont été extraites que les pyramides d’Égypte », révèle Amandine Crépin, Directrice de la Mission. Le prochain Plan de gestion qui va être élaboré le sera pour la période 2025-2035 et sera co-porté par l’État.

« Si le premier Plan était tourné vers les valeurs de l’Unesco et la cohérence de la planification, le second le sera vers les habitants et les acteurs économiques de la Champagne. »

Les EnR, objets de chartes

Le budget de la Mission est d’environ 500 000 euros par an. Il est abondé à hauteur de 52% par les collectivités locales (Région Grand Est, Département, ADT, Villes, etc.), de 31% par le Comité Champagne, de 9% par une cotisation des communes de la zone d’engagement et de 6% par du Mécénat dont le plus gros, le Crédit agricole.

Concernant les projets 2023, la dimension environnementale prend encore une grande place avec la Journée internationale de la biodiversité qui se décline en réalité en semaine, du 22 au 27 mai.

Durant cette période, visites et conférences seront organisées. La biodiversité, une préoccupation centrale lors de la rédaction des deux chartes de l’éolien et du photovoltaïque par la Mission, venant apporter non seulement un éclairage mais aussi tout un ensemble de recommandations sur l’implantation d’installations EnR – parc éolien et ferme photovoltaïque – au sein du périmètre.

« La Mission apporte son expertise sur le sujet et émet aussi des recommandations. Si certains projets sont autorisés, d’autres non : pour l’un, nous sommes allés jusqu’au conseil d’État qui a finalement rejeté l’installation d’un parc éolien. Cela fait partie de notre mission de protéger notre patrimoine et ses paysages », insiste Séverine Couvreur, vice-présidente de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, appelant à « la concertation entre les porteurs de projets, les communes et la Mission. »

Un des autres enjeux majeurs de l’année 2023 sera l’anniversaire des 70 ans de la Route du champagne. À l’initiative de l’ADT, l’ensemble des acteurs touristiques se mobilisent pour célébrer cette route qui à l’origine se divisait en trois circuits (Montagne de Reims, Côte des Blancs, Vallée de la Marne), avec l’organisation de plusieurs événements dont celui du grand banquet du 20 mai dans six villages du vignoble (Sézanne, Pierry, Crézancy, Villers Franqueux, Vitry en Perthois et Urville).

Toutes les informations sont disponibles sur www.tourisme-en-champagne.com/banquets-de-champagne.

Ces 70 ans sont aussi l’occasion de moderniser l’accès de la route grâce à sa digitalisation en « améliorant l’expérience des visiteurs par la mise à disposition de contenus inspirants, d’encourager la fréquentation dans des zones moins visitées, de mettre en avant de nouvelles expériences ainsi que de mettre l’accent sur l’authenticité, l’innovation et la durabilité », développe Philippe Harant, directeur de l’ADT Marne.

Toutes ces initiatives sont rendues possible grâce à l’engagement des acteurs de la Champagne dont ceux du club des ambassadeurs, 170 membres, mécènes, partenaires et bénévoles aujourd’hui.

Le mot de la fin était réservé au Président, annonçant la tenue de la « 6e marche des réconciliations », le 25 juin à Vertus.

« Dans un monde où tout le monde court sans toujours savoir pourquoi, se retrouver à marcher au rythme de la nature et des villages est inspirant. La réconciliation doit aussi être vue comme une démarche en direction de la nature certes, du patrimoine mais aussi de la culture et de l’humain. »