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Une Matinée de l’eau pour canaliser les énergies

Travaux publics. Organisée par l’organisation professionnelle Les Canalisateurs, dans les locaux de l’IUT de Reims, la Matinée de l’eau avait pour objectif de rappeler que l’eau est un bien commun qu’il faut pouvoir partager… grâce à des réseaux adaptés.

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Photo de Frédéric Michel, Jean-Christophe Inglard, Reynald Rennesson et Henri Lemaître
Les participants à la table ronde de la Matinée de l’eau (de gauche à droite) : Frédéric Michel, directeur de l’eau de Châlons Agglo ; Jean-Christophe Inglard, directeur territorial Vallée de la Marne à l’Agence de l’eau Seine Normandie ; Reynald Rennesson, directeur de mission déploiement de la plateforme Aquagir ; Henri Lemaître, chargé de développement territorial à la Banque des Territoires. (Crédit : JR)

La délégation régionale Les Canalisateurs [1] a profité de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars dernier, pour organiser en France la troisième Matinée de l’eau, avec l’ambition de montrer la nécessité d’économiser cette ressource, de la partager, et d’en faire profiter le plus grand nombre. L’actualité est là pour rappeler qu’en la matière, sur le territoire français même, toutes les populations ne sont pas logées à la même enseigne, comme en témoignent les graves difficultés d’approvisionnement en eau que connaissent les habitants de Mayotte et de La Guadeloupe.

Mais pour que tout le monde (les particuliers comme les professionnels) puisse disposer de l’eau et l’utiliser selon ses besoins, encore faut-il d’indispensables réseaux pour l’acheminer (notamment l’eau potable) ou l’évacuer (les eaux usées), et des réseaux en bon état, si l’on veut bien considérer qu’il se perd (ou qu’il se gaspille !) en moyenne en France 20 à 25 % de l’eau transportée, en raison de la vétusté ou du mauvais entretien des réseaux souterrains. « Il est dommage de pomper de l’eau - ce qui représente un coût en électricité supporté par tous - pour la rejeter dans le sol » observe Sébastien Vacellier, délégué régional Les Canalisateurs et président de Nord Est TP Canalisations, à Châlons-en-Champagne.

Renouvellement des réseaux et des hommes

Il existe en France 1 million de kilomètres de réseaux d’eau potable, dont 40 % ont plus de 50 ans d’existence. Que s’il fallait tout reconstruire, il en coûterait 135 milliards d’euros ! Et seulement 0,65 % du réseau est renouvelé annuellement - soit un renouvellement complet au bout de 160 ans - alors même que la durée de vie d’un réseau varie entre 60 et 80 ans - pour l’eau potable (les réseaux d’eaux usées et d’assainissement étant quant à eux renouvelés de 0,48 % chaque année, soit un renouvellement complet tous les 200 ans). Ceci expliquant peut-être cela en ce qui concerne l’eau qui… fuit les réseaux. « Il faut convaincre les élus d’investir dans ce secteur, estime Sébastien Vacellier, le coût payé par les consommateurs devant permettre d’installer et d’entretenir les réseaux. »

Il faut cependant noter qu’une prise de conscience se fait peu à peu jour, comme le montre la décision de Châlons Agglo de renouveler désormais 1,2 % du réseau desservant les 46 communes de son ressort, ainsi que l’explique Frédéric Michel, directeur de l’eau de la communauté de communes. Jean-Christophe Inglard, directeur territorial Vallée de la Marne à l’Agence de l’eau Seine Normandie, rappelle quant à lui que le « Plan eau » initié par l’Etat en avril 2023 prévoit une diminution de 10 % des prélèvements en eau d’ici 2030 (notamment par l’amélioration des infrastructures permettant de minorer les prélèvements à la source, et la réduction des fuites identifiées).

Enfin, Sébastien Vacellier note et regrette un certain manque d’attractivité de la profession, alors que les besoins en compétences (études, recherche de fuites, installation de canalisations) s’élèvent à quelque 1 100 canalisateurs mais que seuls 700 nouveaux professionnels embrassent la carrière chaque année.

[1Organisation professionnelle, membre de la Fédération Nationale des Travaux Publics, fédérant 330 entreprises de toutes tailles spécialisées dans la pose et la réhabilitation de canalisations d’eau potable, d’eaux usées, d’irrigation, de gaz et fluides divers.