Une filière de recyclage pour les dosettes de café en aluminium
Environnement. Environ 500 millions de capsules de café sont consommées chaque année en France, dont la grande majorité contiennent de l’aluminium. Avec une problématique : celle du recyclage. Les grands acteurs se sont rassemblés au sein de l’ARCA (l’Alliance pour le Recyclage des Capsules en Aluminium) pour créer une filière
en collaboration avec les collectivités et centres de tri, avec comme objectif d’atteindre 100% de capsules recyclées en 2027.
Le geste de prendre une capsule de café, de la glisser dans la machine et d’entendre le « clac » avant de sentir les embruns torréfiés du précieux liquide qui boostera pour les deux prochaines heures est devenu un réflexe pour nombre de travailleurs et particuliers, effectué plusieurs fois par jour… Seulement, chaque dose de caféine n’est pas sans conséquence sur l’environnement.
Les capsules alu dans le bac jaune
À l’échelle mondiale, on estime à 7 milliards d’unités le nombre de dosettes vendues chaque année et à 500 millions rien qu’en France. Face aux exigences environnementales, La Loi climat et Résilience de 2021, alignée sur les objectifs du Green Deal européen, visant à rendre l’industrie neutre en émission carbone à horizon 2050, impose aux industries productrices d’aluminium de favoriser son recyclage et d’incorporer un pourcentage minimal de matières recyclées dans les produits finis. C’est pourquoi, dès 2019, les grands acteurs de la capsule, Nespresso, Nestlé et Jacobs Douwe Egberts (Senseo, Tassimo, L’OR, Jacques Vabre, Café Grand’Mère, Velours Noir) se sont réunis afin de créer l’Alliance pour le Recyclage des Capsules en Aluminium (ARCA) avec pour mission principale de créer une filière spécifique de recyclage pour les capsules en aluminium.
« L’aluminium est 100% recyclable et peut ainsi être réutilisé quasi indéfiniment. Cependant, pendant longtemps, dans la plupart des pays, l’infrastructure publique de recyclage n’était pas en mesure de recycler les petits emballages légers tels que les capsules de café en aluminium », indique Léo Escourrou, Responsable du développement et du pilotage des réseaux de collecte au sein de l’ARCA. « Notre mission principale au sein de l’ARCA est de contribuer à construire cette filière, en permettant le recyclage de collecte des capsules via la poubelle jaune et sa prise en charge par le centre tri, grâce à un investissement spécifique sur un équipement adapté. »
Projet Métal
Aujourd’hui, 70% de la population française peut trier ses capsules via le bac jaune. « L’objectif est d’atteindre 100% à horizon 2027. » Mais pour le rendre possible, il faut deux conditions : la première, qu’en amont, les consommateurs sachent trier leurs capsules dans le bon bac, la seconde, en aval, que les syndicats de valorisation des ordures ménagères soient équipés pour pouvoir trier « le petit aluminium ».
« Début 2025, en collaboration avec CITEO, une centaine de centres sont équipés, nous en visons 80 supplémentaires à la fin de l’année », fait savoir Léo Escourrou. Aujourd’hui, la Marne fait partie du Projet Métal qui réunit des industriels, des collectivités territoriales et des décideurs nationaux afin de développer cette filière. « Le Projet Métal permet d’accompagner financièrement et techniquement les collectivités qui veulent équiper leur territoire. » Ainsi, le centre Syvaltri, exploité par SUEZ et situé à La Veuve, dans l’agglomération de Châlons-en-Champagne, a bénéficié de l’installation de deux dispositifs de tri par « courants de Foucault », permettant de capter efficacement l’aluminium en le séparant des autres emballages lors des grands travaux opérés par le Syvalom, en 2024. Montant de l’investissement, entre 150 000 et 200 000 euros, portés par l’ARCA, en subventions. « Ces dispositifs sont complexes à installer car ils nécessitent l’interruption de la chaine de tri. C’est donc lors de travaux de modernisation qu’il est possible de les effectuer », précise le Responsable du développement et du pilotage des réseaux de collecte au sein de l’ARCA.
En effet, cette phase conséquente de travaux de modernisation représentant un investissement de 19,7 millions d’euros rend désormais possible le traitement de 28 000 tonnes de déchets par an (contre 19 000 tonnes auparavant) au bénéfice d’un bassin de population de 630 000 habitants réparti entre les départements de la Marne, la Haute-Marne et la Meuse. « Pour cela, nous travaillons avec cinq centres de transferts, situés à Cernay-lès-Reims, Prunay, Sainte-Menehould, Vitry-le-François et Sézanne. Les déchets sont massifiés là-bas puis amenés ici, à la Veuve », explique Malick Gueye, chargé de mission au sein du Syvalom. « Les appareils vont trier la matière : PET clair (bouteilles plastiques), aluminium, Tertra Pak, EMR (Emballages Ménagers Recyclables comme les pots de yaourt), etc. Une fois les matières triées, elles sont rachetées par des repreneurs via des contrats de reprise. Les recettes sont ensuite redistribuées aux adhérents qui nous fournissent en flux. » Ces recettes sont utilisées par les services des collectivités adhérentes. D’où l’importance de bien trier, car si on recycle mal, mécaniquement, la taxe pour le citoyen augmente. Charge néanmoins aux collectivités de bien informer leurs administrés sur la bonne manière de trier.
8 000 tonnes de petits aluminiums recyclés en 2024
Chaque mois, un à deux camions de 25 tonnes contenant des résidus de petits aluminiums, dont des capsules de café, mais également des opercules fins ou plaquettes de médicaments sont acheminés vers l’entreprise repreneuse. Le petit aluminium est alors fondu dans un four à pyrolyse (chauffé à 500 degrés dans une atmosphère appauvrie en oxygène) pour en fin de cheminement, créer de nouveaux objets. Avec ses travaux et son dimensionnement, le Syvalom est en capacité d’augmenter la cadence et le flux. En France, 8 000 tonnes de petits aluminiums ont été recyclés en 2024. « Le tonnage est en croissance positive au fil des ans », affirme Léo Escourrou. Dans la région, le centre de tri de Reims Centre devrait aussi être équipé d’ici la fin de l’année 2025 tout comme celui de Charleville-Mézières, Valodéa.