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Un plan de 750 M€ d’investissements pour RTE

Énergie. Le bilan électrique de RTE Grand Est fait état d’une baisse sensible de la consommation en 2022 lors de la crise énergétique.

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Photo d'une antenne électrique
Pour accompagner son plan de développement du réseau électrique, RTE Grand Est a programmé la création de 53 CDI supplémentaires sur la région et 24 offres d’alternance sur 2023. (Crédit : RTE)

À l’heure de présenter le bilan de l’année 2022 de la consommation électrique, Elisabeth Bertin, déléguée régionale RTE Grand Est, rappelle les éléments de contexte des données chiffrées qui vont suivre.

« L’année 2022 a été assez atypique et inédite. L’envolée des prix du gaz ont eu un impact important sur les prix et ont fait peser une menace sur les approvisionnements car une grande partie de l’électricité en Europe est produite à partir du gaz », explique-t-elle.

Deuxième paramètre important : de nombreuses centrales nucléaire étaient fermées en 2022 pour cause de corrosion sous contrainte. Enfin, la sécheresse qui a sévi au cours de l’année a eu un impact conséquent sur les centrales hydrauliques et leur production. Résultat de ces trois éléments de contexte : la production d’énergie électrique dans le Grand Est a fortement baissé en 2022, de l’ordre de -23%, estiment les équipes régionales de RTE.

Dans le détail, la production des centrales nucléaires régionales, a diminué de 39%, la production hydraulique est en baisse de 12,5%, tandis que la production des énergies renouvelables est en hausse : le solaire est en hausse de 46% et l’éolien de + 8%.

« Les énergies renouvelables ont représenté 26% de la production régionale », souligne Elisabeth Bertin. Au cours de l’année 2022, le parc des énergies renouvelables a poursuivi son développement, emmené par le solaire (+ 21,6% de capacité de production) et l’éolien notamment (+ 9% de capacité).

« Aujourd’hui, le parc éolien représente 20 % des capacités de production d’électricité régionale. Plus de 466 MW ont été installés en 2022 soit l’équivalent d’une demi-centrale nucléaire ». Une hausse de la capacité de production des énergies renouvelables qui n’a donc pas compensé les baisses enregistrées par le nucléaire et l’hydraulique.

Toutefois, cette baisse de 66,7 TWh sur l’année n’a pas eu les conséquences redoutées à l’entrée de l’hiver, en raison notamment de la baisse de la consommation par les Français, qu’ils soient particuliers ou professionnels.

Focus sur l’hiver

Dès septembre, les autorités ont alerté les Français sur la nécessité de faire des économies d’énergies en raison des risques de coupures pour défaut d’approvisionnement. L’analyse de la période de septembre 2022 à mars 2023 montre que les Français ont répondu de manière responsable aux messages gouvernementaux.

« Dans le Grand Est par exemple, la consommation a baissé de 12%. On peut estimer que les alertes et les mesures de sobriété, telles que le chauffage à 19 degrés, ont été efficaces », souligne Elisabeth Bertin. Environ un quart des baisses de consommation peuvent être attribuées à une météo relativement clémente au cours de l’hiver, les trois-quarts restant étant liés à la sobriété et aux prix de l’énergie enregistrés sur cette période.

Les mesures d’alerte orange et rouge du dispositif EcoWatt n’ont donc pas été déclenchées. Selon les projections de RTE, en l’absence des baisses ou des décalages de consommation, ce sont pas moins de 7 EcoWatt Orange et 2 EcoWatt Rouge (dernière alerte avant coupure, NDLR) qui auraient été déclenchées au cours de l’hiver.

Outre chez les particuliers, la baisse de la consommation régionale d’électricité a été sensible dans le secteur de la grande industrie avec une baisse de 6,5 % par rapport à 2021. Les secteurs du papier/carton, de la sidérurgie et des transports non ferroviaires en particulier ont enregistré de fortes baisses.

« La production en 2022 est restée supérieure à la consommation : elle a couvert 153% de la consommation », précise la déléguée régionale. Un taux de couverture en baisse, inférieur à celui de l’année 2021 (autour de 200%) mais qui a néanmoins permis à la région Grand Est de rester exportatrice.

750 M€ d’investissements sur 5 ans

« Parmi les enjeux majeurs pour le territoire dans les années à venir il s’agira d’accueillir encore davantage d’énergies renouvelables », projette Elisabeth Bertin. Autre défi, celui de la décarbonation de l’industrie, notamment dans le cadre du Plan Zéro Carbone à l’horizon 2050 avec une étape-clé à atteindre de l’ordre de -55% de CO2 en 2030. Un pari de taille, sachant que 60% des énergies consommées en France aujourd’hui sont d’origine fossile.

« L’autre enjeu est celui du renouvellement du réseau électrique qui vieillit. Pour cela nous allons doubler nos investissements à hauteur de 750 millions d’euros pour les cinq prochaines années ».

Un effort de transition énergétique annoncé dans le schéma régional de raccordement au réseau présenté fin 2022, qui prévoit plus de 5 000 MW de capacité supplémentaire d’énergies renouvelables, qui viendront s’ajouter aux 22 000 MW existants. Ainsi, 198 M€ seront consacrés aux créations de réseaux de raccordement des énergies renouvelables et 116 M€ au renforcement de l’existant.

Pour y parvenir, RTE Grand Est a programmé la création de 53 CDI supplémentaires sur la région et 24 offres d’alternance sur 2023. « En 2022, les salariés de RTE ont travaillé avec près de 600 petites et moyennes entreprises (PME) à hauteur de 24 millions d’euros favorisant les achats auprès de fournisseur locaux », précise la déléguée régionale pour rappeler l’empreinte économique de RTE et de ses 800 salariés sur sa région.

Ce sont d’ailleurs 53,2 millions d’euros qui ont été versés au budget des différentes collectivités en 2022 par le biais des différentes taxes versées par RTE (taxes pylones, taxe transfo, taxe foncière…) dont le réseau est présent sur 50% des communes du territoire.