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Un partenariat inédit entre Assystel et Samsung

Innovation. PME basée à Signy-le-Petit (Ardennes), Assystel a collaboré avec le géant coréen de la Tech, Samsung, pour mettre au point une montre connectée dédiée à la téléassistance. Un nouveau produit qui sera commercialisé en septembre 2025.

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Photo de Alexis Roche
Alexis Roche et ses équipes travaillent depuis deux ans sur ce nouveau produit avec Samsung. (Crédits : BB)

Quel est le point commun entre Assystel, une PME ardennaise spécialiste de la téléassistance à domicile et le géant coréen Samsung ? La réponse est fabriquée par le second et tiendra dès septembre au poignet des clients de la première : il s’agit de la Samsung Galaxy S7 Framboise Watch, une montre connectée, fruit de la collaboration entre les deux partenaires depuis deux ans. Membre de la Silver Valley, le cluster dédié à l’économie des seniors, Assystel poursuit en effet régulièrement ses réflexions pour apporter de nouvelles solutions à ses clients abonnés mais aussi à leurs familles, enfants et petits-enfants en recherche de sérénité face à la solitude des personnes âgées à domicile. « Les nouvelles générations de personnes âgées de plus de 80 ans ne sont pas les mêmes qu’il y a 15 ou 20 ans, elles ont l’habitude voir leurs petits-enfants et enfants avec des montres connectées. C’est pourquoi, depuis plusieurs années déjà, nous voulions proposer une montre connectée, adaptée à la personne âgée », explique Alexis Roche, Président d’Assystel.

Autonomie et assistance

La Silver Valley est le cluster numéro un dédié à l’innovation au service du vieillissement, il compte environ 300 membres : collectivités, banques, start-ups, groupes de protection sociale, institutions, groupes et géants internationaux comme Google ou Samsung. « De fil en aiguille, nous avons fait des rencontres au sein du cluster comme le groupe Samsung avec qui nous avons partagé un intérêt pour sortir une montre connectée. Samsung est un écosystème qui est ouvert, qui cherche des partenaires et aime s’entourer de spécialistes. Nous avons engagé des discussions il y a deux ans, avant de nous entourer d’un partenaire qui est un bureau d’études spécialisé sur les systèmes d’exploitation et de commencer à travailler ensemble », souligne Alexis Roche, dont les équipes et celles du groupe coréen ont donc adapté la montre connectée Samsung pour obtenir une montre Galaxy S7 Framboise Watch dédiée à de la téléassistance et autonome. « C’est un élément important dans le sens où le client n’a pas besoin de téléphone pour la faire fonctionner. Elle est complètement autonome et équipée d’une carte sim multi opérateur. C’est une montre qui va pouvoir géolocaliser la personne et qui va lui permettre d’être mise en relation 24 heures sur 24e, 7 jours sur 7 avec notre service d’assistance basé à Signy-le-Petit. »

Un joli coup commercial et publicitaire pour l’entreprise ardennaise qui allie son savoir-faire à celui d’un groupe mondial et proposera dès septembre son nouveau produit. La montre sera commercialisée sous forme d’abonnement, via une offre entièrement digitalisée, et qui devrait élargir la clientèle de la PME de 40 personnes qui, en moins de 50 ans d’existence a déjà su se frayer une place dans le monde de la téléassistance.

De la fabrication au service

Créée en 1977 par un ancien cadre de France Télécom, l’entreprise est, à ses débuts, purement industrielle et fabrique des téléphones à clavier. Puis, elle se lance dans les amplificateurs d’écoute et les systèmes de flash lumineux, pour un public de personnes âgées. « C’est dans les années 90 que s’est opéré un premier tournant lorsqu’un appel d’offres a été lancé par France Télécom pour fournir à la fois les dispositifs qui se trouvent chez la personne âgée et aussi pour ce qu’on appelle les frontaux de réception d’appels, dans les centres d’assistance », souligne Alexis Roche. Le second tournant important aura lieu un peu plus tard, en 2001, avec la création de l’APA, l’allocation personnalisée d’autonomie destinée aux personnes âgées de 60 ans ou plus en perte d’autonomie, qui sera mise en place en 2002, entraînant le retrait de France Télécom de ce marché. « C’est alors que nous avons décidé de faire du service. En plus d’être fabricant de matériel d’assistance nous sommes également devenu prestataire de services ». Si au cours des premières années Assystel ne possédait pas son propre centre d’assistance, l’entreprise monte progressivement en puissance. « Au début, on traitait les appels de jour et on sous-traitait la partie appel de nuit. En 2009, nous avons décidé de réintégrer le plateau tout entier ».

Un choix de réintégration à Signy-le-Petit, dans les Ardennes, sur le lieu d’origine de l’entreprise, qui n’est pas le fruit du hasard mais plutôt d’une vraie réflexion. « La première raison de ce choix c’est que nous nous adressons à des personnes âgées, nous sommes dans le service à la personne, et cela fait aujourd’hui 10 ans que nous sommes certifiés Afnor en qualité de service en téléassistance au domicile. Or, dans le cadre de ces certifications, nous ne pouvons pas avoir un plateau d’appel qui ne soit pas en France », précise Alexis Roche, qui tenait à cette implantation locale. « Il y a une vraie dynamique qui se créé dans le milieu rural où il faut fidéliser les collaborateurs. Nous avons des gens qui sont impliqués, qui aiment leur travail et qui s’inscrivent dans la durée. Sans oublier que c’était aussi une volonté stratégique de recentrer toutes nos activités sur un seul et même site ». Fabrication logistique au rez-de-chaussée, partie centre d’assistance à l ‘étage, l’entreprise optimise sa qualité de service en raccourcissant son circuit d’intervention et par la même occasion ses délais.

Des innovations pour se renouveler

Issu du secteur du marketing, Alexis Roche a intégré Assystel en 2005 avant de la reprendre en 2009. Il participe à l’évolution de l’entreprise et de ses produits. « Je me suis dit qu’il fallait vraiment créer un territoire de marque », souligne-t-il. Parmi ses priorités, changer l’image de la téléassistance et surtout du produit associé, qui était alors souvent, au début des années 2000, une sorte de pendentif en plastique avec un gros bouton rouge pour appeler un opérateur en cas de problème, le plus souvent une chute chez la personne âgée. « Nous avons opéré une stratégie marketing en me disant que la plus belle des téléassistances est finalement celle qui ne se voit pas. En réalité, c’est un service qui est matérialisé par un dispositif. Et si les gens n’acceptent pas le dispositif, ils n’accepteront pas le service… ». Dès 2009, le dirigeant imagine et développe Framboise, le premier bijou connecté qui sera réellement lancé en 2013. « Nous avons travaillé avec un cabinet de design, avec un cabinet d’ergothérapie, notre service marketing et notre bureau d’ingénierie pour créer quelque chose de joli : le premier bijou de téléassistance ».

Une innovation qui marque les esprits et qui permet à Assystel de se démarquer dans son secteur d’activité, notamment grâce à un petit fermoir qui permet à la personne âgée de venir fixer le dispositif sur son propre collier. Astucieux quand on sait que 85% de la clientèle est féminine, en raison d’une espérance de vie supérieure à celle des hommes. Une innovation assez rapidement suivie d’une autre : « Pour proposer des solutions à l’extérieur du domicile, nous avons mis en place une box mobile qui propose, en plus du bijou et du boîtier, un transmetteur miniaturisé et géolocalisé qui permet de détecter les chutes à l’extérieur ».

Une montre connectée tendance pour casser les codes de la téléassistance (Crédits : DR)

Assystel sécurise aujourd’hui pas moins de 17 000 abonnés en France et assure le suivi de 320 000 à 330 000 appels par an. « Parmi nos appels, on recense 10 000 chutes, c’est quand même un chiffre fondamental à mes yeux. Car ce sont 10 000 situations où l’on peut supposer que si la personne n’avait pas eu la téléassistance, cela aurait pu se terminer de manière dramatique », souligne le président, dont l’entreprise réalise 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, sur un marché du vieillissement potentiellement en croissance et avec des perspectives de développement que pourront apporter les nouveaux clients séduits par la nouvelle montre connectée.