Entreprises

Un manifeste pour conduire sans mourir

Sécurité routière. Le préfet de l’Aube invite les Aubois et les entreprises à se responsabiliser pour une route plus sûre. Communication, prévention et répression en action.

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Photo de Rodolphe Gélis
Les acteurs s’engagent, institutionnels et entreprises comme Rodolphe Gélis, dirigeant de Nigloland (à droite) (Crédits : MBP)

Delta Charly Delta, la mort en face. Les assises de la sécurité routière s’ouvrent sur un film d’accident mortel sur les routes de l’Aube, créant un électrochoc dans l’assistance composée d’élus, d’acteurs locaux, d’associations et surtout de nombreux jeunes. Les 35 décès de 2024 ont fait réagir le préfet de l’Aube, Pascal Courtade qui a provoqué les Assises de la sécurité avec trois cibles prioritaires : les jeunes de 18 à 25 ans, les conducteurs professionnels et les personnes âgées. Vitesse excessive, prise de stupéfiants, conduite sans assurance, non-port de la ceinture de sécurité…, les jeunes constituent les premiers décimés, faute d’un comportement hors cadre. « On ne s’habitue pas au drame de la route », témoigne Jacky Raguin, vice-président de TCM et maire de Creney-près-Troyes qui, à trois reprises, a dû annoncer la perte d’un fils à des parents.

« Tout le monde est potentiellement un délinquant », signale Antoine Lagoutte, commandant du groupement de gendarmerie de l’Aube. Pourtant, les 47 000 dépistages d’alcoolémie, 8 000 dépistages de stupéfiants n’auront pas servi à en décourager la consommation. Pour Franck Perrault, directeur départemental de la police nationale, « si tout un chacun respectait le cadre de la loi, nous n’aurions pas lieu de nous rassembler aujourd’hui ». Alors, prévention et répression sont renforcées et visibles pour dissuader les écarts avec des contrôles coordonnés avec la police nationale, la police municipale de Troyes et la gendarmerie. Une unité de motards de 13 CRS intervient sur le territoire de Troyes Champagne Métropole pour des contrôles intensifs avec une vigilance particulière sur les trottinettes et les téléphones portables.

Nigloland Signataire Du Manifeste Et Opérationnel

Florence Guillaume, déléguée ministérielle à la sécurité routière, rappelle que le « respect des règles et le respect des autres, sont les conditions pour circuler en sérénité ». La signature du manifeste marque une prise de conscience pour une démarche plus vertueuse, « un engagement pour la vie ». La charte doit aussi mobiliser les employeurs, et plusieurs l’ont signée lors des Assises. Comme Rodolphe Gelis, dirigeant du Parc d’attraction Nigloland qui a accueilli 750 000 visiteurs l’an dernier et qui vise le million. « J’ai signé le manifeste. Les dépistages aléatoires au sein du personnel auront lieu dès maintenant, le règlement intérieur a été modifié en ce sens ». Avec 500 salariés en saison et des dizaines de milliers de visiteurs quotidiens, Nigloland est confronté à de possibles dérives. « Nous parlions souvent de la sécurité routière entre nous. Là, c’est acté, c’est noir sur blanc. Les engagements sont mis en place dès maintenant et repris dans toutes nos formations. Nous avons acheté le matériel pour contrôler aléatoirement notre staff à l’arrivée ou au départ. Il arrive parfois le dimanche matin que certains salariés n’aient pas beaucoup dormi. Nous devons y faire attention, la sécurité des visiteurs sur les attractions en dépend ». Nigloland enverra également des messages de prévention de sécurité routière à ses visiteurs.

« Le Manifeste est le défi du simple respect des règles qui fondent et structurent notre société », constate Philippe Pichery, président du conseil départemental. Mais comme le modèle français fonctionne rarement uniquement sur la prévention, la répression et les sanctions vont être renforcées. Pour le préfet, « il s’agit de concrétiser l’élan, renverser les comportements prendra du temps et de l’énergie ». Annonçant une révision de la carte des radars, il rappelle aux communes que l’État prend en charge les coûts d’installation. Les sanctions allant jusqu’à la confiscation du véhicule sont aussi actées. « Jeune conducteur, chauffeur professionnel ou conduite sous stupéfiant ne bénéficieront d’aucune clémence. La prison n’est pas l’apanage des criminels », précise Manuel Kergoat, substitut du procureur.