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Un deuxième site ardennais pour Hermès

Réindustrialisation. Le fleuron de la maroquinerie française affirme son ancrage ardennais avec la réalisation d’un second site de production à Tournes. À la clé, un investissement de 10M€ et près de 300 emplois.

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Lors de la pose de la première pierre, une maroquinière a coulé un trition en étain, emblème de la Maroquinerie de la Sormonne. Pascal Rémy

Poursuivant sa politique de fabrication en France où elle fait travailler plus de 4 000 personnes, la société Hermès entame la construction d’une seconde manufacture sur le parc d’activités de Tournes/Cliron. Annoncée le 4 octobre 2019 et reçue alors comme une bénédiction par les élus locaux, la réalisation de la maroquinerie de la Sormonne est donc devenue une réalité sur le terrain quasiment deux ans plus tard. Le timing est pratiquement respecté. Par cette opération, Hermès doublera ses effectifs dans le département - une première maroquinerie avait été ouverte en 2002 à Bogny-sur-Meuse - en créant 250 à 260 nouveaux emplois pérennes pour concevoir des sacs à main au raffinement mondialement réputé.

« Ce moment important marque le dynamisme de notre maison dans son secteur historique, la maroquinerie, qui représente la moitié de l’activité totale du groupe. Nous sommes portés par nos résultats sur les marchés internationaux, notamment aux Etats-Unis et en Asie. Et ces belles perspectives nous amènent à multiplier les investissements en capacité de production », explique Guillaume de Seynes, directeur général en charge du pôle amont et participations. Saluant les salariés de l’usine de Bogny-sur-Meuse - « ils ont montré leur savoir-faire et leurs compétences et montré la confiance qu’on pouvait afficher à ce territoire »-, le petit-fils du créateur du fameux sac Kelly a exprimé son plaisir de voir Hermès Maroquinerie Sellerie se doter ici d’un 21e site de production. Le pôle ardennais devient aussi le sixième du Groupe à la calèche.

Une culture écologique

Le futur atelier de confection dont la conception a été confiée à l’agence d’architecture nordiste Coldefy et Associés et au cabinet suisse Vogt Landscape Architects, spécialisé dans l’aménagement paysager, fera la part belle à la lumière naturelle avec une succession de façades vitrées. Occupant une surface foncière de plus de dix hectares dont elle est propriétaire, Hermès va ériger un bâtiment industriel de 5 700 m2 dimensionné pour accueillir 300 personnes (cadres, personnes administratifs et logisticiens compris). « La jauge idéale » selon Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal Hermès Maroquinerie-Sellerie.

Au sein de cet édifice, qui nécessitera un investissement de dix millions d’euros, se répartiront des ateliers de découpe et de travail du cuir, un espace de stockage de peaux tannées et teintées ainsi que des bureaux administratifs et des locaux sociaux plus un restaurant d’entreprise dont la gestion pourrait être confiée à une société locale. De louables ambitions de développement durable serviront de marqueurs à cet équipement labellisé « à énergie positive » : maîtrise des consommations énergétiques avec… 2 000 m2 de panneaux photovoltaïques, choix de technologies innovantes pour réduire l’impact carbone, qualité des espaces de travail et respect de la biodiversité environnante... Autant d’éléments qui caractérisent le modèle artisanal à la griffe Hermès d’ailleurs vanté par Guillaume de Seynes.

Livraison début 2023

Le chantier qui privilégiera les entreprises locales durera dix-huit mois pour arriver à une ouverture programmée en début d’année 2023. 130 futurs artisans ont déjà été formés dans un atelier provisoire de 2000 m2 situé sur la zone ActiVence II à Charleville-Mézières. Ils ont été initiés par leurs tuteurs bognysiens qui les accompagnent en interne pour les aguerrir à leur futur métier et les rendre performants.

D’ici 18 mois, ils confectionneront les sacs Kelly, Constance, Lindy et 24/24. Malgré la crise sanitaire, la maison familiale indépendante a toujours le vent en poupe, ce qui lui permet de maintenir ses investissements afin de répondre à la forte demande mondiale pour les produits de luxe. Une conjoncture favorable qui pourrait alors peut-être concrétiser l’implantation d’une troisième unité dans les Ardennes lors de la prochaine décennie, en étant fidèle à sa stratégie de « grappe » dans un même secteur géographique…