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Troyes : Petit Bateau va-t-il prendre le large ?

Industrie. Le Groupe Rocher annonce sa décision de vendre Petit Bateau. Le maire de la Ville, François Baroin s’implique pour garder la marque au sein du port troyen.

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Photo du site troyen de Petit Bateau
Le site de production troyen, berceau de la marque Petit Bateau fondée par Pierre Valton il y a plus de 130 ans. (Crédits : MBP)

L’annonce du Groupe Rocher de vendre la marque Petit Bateau fait des remous. La décision du groupe de se recentrer sur la cosmétique laisse les 600 employés troyens de l’usine et du site logistique dans l’incertitude et plus largement les 2 300 personnes employées par Petit Bateau en France. La marque aux 20 millions de tee-shirts fabriqués par an a repris sa croissance l’an dernier avec un redressement des ventes en France. Contacté, le groupe déclare n’être « qu’au début du processus puisque ce qui a été annoncé mercredi, n’est qu’un projet de cession. Ce processus prendra le temps qu’il faudra afin de nous assurer que la sortie de Petit Bateau et Stanhome se fasse « par le haut », comme l’a précisé le président du groupe Bris Rocher. Le groupe sera bien sûr vigilant sur le choix du repreneur et la question des emplois » et confirmant qu’en attendant, Petit Bateau et Stanhome restent pleinement dans le giron du Groupe Rocher.

Dans un entretien au Figaro, Jean-David Schwartz, directeur général exécutif du groupe, déclarait par ailleurs : « Petit Bateau a été en difficulté ces dernières années. Mais, nous avons pris les choses en main avec des réductions de coûts de fonctionnement, des fermetures de magasins et la relance du commerce ». En 2024, la marque a généré un chiffre d’affaires en progression de 3 % au niveau mondial et de 7 % en France, un bilan qualifié de « très positif dans ce secteur de l’habillement pour enfant en décroissance. » Dans la même annonce et suivant la même logique, le Groupe Rocher déclare également vouloir se séparer de Stanhome qui emploie 580 personnes et commercialise des produits pour l’entretien de la maison par son réseau de vente en réunion animé par 12 000 conseillères indépendantes (vente à domicile indépendant) en France et environ 200 000 à l’étranger.

François Baroin : « J’ai déjà contacté des industriels »

Dès l’annonce faite mercredi 15 janvier, François Baroin a décroché son téléphone pour contacter « des amis industriels » et il s’est entretenu le soir même sur le sujet avec Eric Lombard, ministre de l’Économie avec qui il dînait, affirmant ainsi son soutien pour la reprise de l’entreprise. « Même si ce n’est pas une structure qui gagne beaucoup d’argent, c’est une très belle marque, elle a une valeur. Je suis convaincu que nous pourrons avoir des investisseurs français ou tout du moins européens qui investiront pour préserver l’outil de travail et être conquérants à l’international ». Le maire de Troyes qui a contacté les dirigeants du groupe Rocher « pour œuvrer conjointement à la continuité et au développement de l’activité à Troyes » salue « la transparence du groupe et sa volonté de trouver un repreneur qui partage les valeurs et la stratégie du groupe pour garantir un avenir solide à Petit Bateau ».

Pour François Baroin, la marque iconique des Français emploie des salariés qui « sont la fierté du Made in France et qui perpétuent un savoir-faire troyen qui a su se réinventer tout au long de ces 131 années ». Rappelant que lors de la journée de l’économie organisée en décembre à Troyes, son directeur général Alexandre Rubin avait confié que l’usine troyenne était « l’âme de Petit Bateau ». Le groupe Rocher considère, en effet, que « le site industriel de Troyes est un actif important pour Petit Bateau, qui est par ailleurs labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant. La marque, plus que centenaire, est également une très belle marque. Le groupe s’attachera donc à trouver un repreneur qui fait la même analyse ». Rappelant la récente cession de l’usine de parfum de Ploërmel, dans le Morbihan, le groupe Rocher a été « sensible non seulement à la robustesse du projet financier, mais aussi au sérieux du projet social ».

Le groupe a pris le temps d’analyser les potentiels repreneurs. Il a ensuite « choisi celui qui apportait les meilleures garanties pour l’avenir des équipes, le développement des volumes de production et l’impact sur le territoire. » C’est donc la même démarche qui doit donner le cap à la vente de Petit Bateau. La fabrication de la marque de vêtements d’enfants, connue dans le monde entier pour sa qualité et ses vêtements inusables, restera-t-elle dans l’hexagone ou perdra-t-elle son âme, attirée par les sirènes étrangères de la production à bas coûts ? Du choix du repreneur dépendra la préservation de l’industrie textile auboise.