Transition énergétique : le grand écart selon la typologie des acteurs
Énergie. Si les petites entreprises s’impliquent timidement dans la transition énergétique, les grands groupes s’emparent du sujet et à un moment les deux devront se rejoindre.
Les entreprises avancent à pas comptés vers la transition énergétique et la réduction de leur impact carbone. Le baromètre 2025 du Crédit Agricole CSA des agences Champagne Bourgogne, Centre Est, Centre Loire et Franche Comté révèle une prise en compte de la gestion de l’énergie pour 57 % des entreprises avec un taux de 74 % pour les grandes entreprises. Pourtant, grandes et petites structures vont devoir s’aligner pour continuer leur collaboration. 53 % des entreprises du panel n’ont réalisé ni audit énergétique ni bilan carbone lors des 3 dernières années et 68 % d’entre elles sont dénuées de stratégie en ce sens. Certes, le contexte économique contracté incite les acteurs à se concentrer sur leur activité, laissant les investissements liés à la transition énergétique au second plan. D’ailleurs, les structures de moins de 50 salariés n’envisagent aucun plan d’action, une proportion d’autant plus marquée dans le tertiaire qui subit moins l’augmentation des factures d’énergie. La plupart ayant seulement remplacé les lampes par des LED. Les motivations étant essentiellement financières et réglementaires, peu d’entreprises mettent en place des actions d’envergure pour réduire leur impact.
Effet papillon
Les bons élèves de la transition énergétique ont pourtant compris que l’entreprise a tout à y gagner. Tant financièrement que pour son développement, ses recrutements et son image. Comme Gamba Rota, acteur de la logistique et du fret, qui a végétalisé ses toitures, intégré une gestion technique du bâtiment et travaille sur les leviers d’économie d’énergie. Le transporteur a changé un tiers de sa flotte qui fonctionne désormais au biocarburant et a implanté des bornes de recharge des véhicules légers. Gamba Rota travaille enfin sur des solutions d’emballage sans plastique. Avec la mise en place d’un comité RSE, l’ensemble des collaborateurs est impliqué. « C’est le meilleur moyen d’embarquer les salariés. Si vous ne les impliquez pas dans la gestion des déchets par exemple, il y a peu de chance qu’ils l’appliquent », explique Claire Masson, DRH de Gamba Rota. « Nous le voyons dans les équipes chez R3, la plupart des collaborateurs sont là pour donner du sens à ce qu’ils font et être en cohérence avec leurs valeurs, c’est aujourd’hui un critère de différenciation », complète Tristan de Chanterac de la société R3.
Il y a un devoir de transparence sur les impacts de durabilité pour les entreprises avec la partie réglementaire (CSRD), mais au-delà, il s’agit également de préserver ses courants d’affaires avec de grands groupes. En effet, pour les entreprises engagées, le scope 3, est le plus compliqué à mettre en valeur dans le calcul du bilan carbone car il se calcule en dehors de l’entreprise (fournisseurs, prestataires, utilisation des produits…). Pour que les petites entreprises continuent à travailler avec les grands groupes, elles vont devoir s’aligner. Les grands donneurs d’ordre référenceront uniquement les fournisseurs capables de leur fournir un bilan carbone qui entre dans leur propre calcul. Ils peuvent ainsi valider le fournisseur ou le prestataire dans le cadre leur politique d’achats responsables. 98 % des financements du Crédit Agricole relevant de la transition énergétique portent sur la réduction de l’impact carbone.
Avec une organisation et un conseil d’administration centrés sur le territoire, « la transition énergétique fait partie de nos préoccupations », souligne François Tinel, directeur général adjoint du Crédit Agricole Champagne Bourgogne. Il s’agit donc non seulement de financer les projets mais de tenir compte de la façon dont le territoire se développe. « Si le territoire avance, nous avançons, s’il recule, nous reculons ».