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Toosla roule droit vers l’introduction en Bourse

Automobile. L’entreprise rémoise de location de voitures de courte durée devrait entrer en Bourse sur le marché Euronext Growth® à Paris au cours des prochaines semaines.

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Toosla mise sur une expérience client optimisée, en proposant une location 24h sur 24 et 7 jours sur 7 sans passer par les agences grâce au digital. Toosla

Cinq ans après sa création par le Rémois Eric Poncin, Toosla veut franchir une étape décisive dans son développement. Spécialisée dans la location de voitures de courte durée sans agence via une application 100% digitale, l’entreprise voit désormais sa croissance passer par une introduction en Bourse, estime son co-fondateur et président : « J’ai été convaincu par une personne qui m’accompagne depuis des années et qui m’a persuadé qu’il s’agissait du support le mieux adapté à notre modèle de développement ».

Celui qui a connu le succès avec son entreprise précédente, Le Jardin de Catherine (site en ligne d’aménagement de jardin créé en 2006 par Eric et Catherine Poncin) s’est servi de cette aventure pour assurer la destinée de Toosla. « Avec le Jardin de Catherine, nous étions suivis par des fonds d’investissements qui nous ont plus ou moins contraints à revendre la société en 2012 (au groupe Mr Bricolage, NDLR) plutôt que de continuer à la développer », souligne-t-il. « Les fonds ont parfois des exigences que ce soit du côté des actionnaires ou des revenus, qui peuvent pousser à vendre des entreprises en pleine expansion ».

Cette expérience, suivie de quelques années passées au sein du groupe - côté en Bourse - qui a fait l’acquisition de son entreprise, a servi à Eric Poncin à assumer ce choix. Autre raison de l’introduction sur le marché Euronext Growth® : « Notre modèle est devenu très capitalistique et les fonds servent avant tout à lever de la dette pour acheter des véhicules », précise le co-fondateur, qui en ajoute une troisième : « Nous sommes sur une activité de location grand public et la Bourse peut nous offrir une visibilité assez intéressante pour son développement ».

Montée en puissance

Depuis sa naissance, Toosla ne cesse de faire évoluer son offre. À l’origine, celle-ci consiste en une expérience entièrement digitale afin de réinventer la location automobile, pour supprimer les « irritants » qui sont sources d’insatisfaction pour les clients : modèle de voiture (avec options) garantis, disponibilité permanente (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7), mise à disposition libre-service, sans guichet et sans attente et livraison/reprise à domicile. Après une première phase pilote entre 2016 et 2019, Toosla a lancé une deuxième version de son application en mai 2020, corrélée à une montée en puissance de son activité.

En 2020, son chiffre d’affaires a grimpé à 2,8 M€ avec une croissance de +45% par rapport à l’année précédente malgré la crise sanitaire. En 2021, Toosla vise cette fois un chiffre d’affaires de 4 M€. Aujourd’hui forte de 300 véhicules, la flotte de la start-up compte essentiellement des modèles haut de gamme (Mercedes, BMW ou Tesla). « Nous nous démarquons en apportant une plus-value dans la location avec des véhicules bien optionnés. Le but c’est d’offrir une expérience de location différente de celle vécue avec des loueurs traditionnels ». L’entreprise se développe fortement sur le marché parisien qui présente une forte appétence pour la location de véhicules, dans une ville où la place de la voiture individuelle est de plus en plus contestée et réduite.

« Notre plan consiste à continuer à nous déployer sur Paris et dans toute la France, mais aussi à l’étranger »

« Nos véhicules sont essentiellement présents sur Paris et en région parisienne où nous connaissons un succès conséquent et où la demande est si forte que nous manquons actuellement de voitures », assure Eric Poncin. « Notre clientèle est très hétéroclite : elle va du résident, qui a choisi de se délester de son véhicule au quotidien mais qui cherche une voiture pour partir en week-end ou en vacances, à la clientèle professionnelle qui a besoin d’un véhicule pour des rendez-vous hors de la Capitale. Sans oublier les voyageurs qui trouvent nos véhicules dans nos agences de la gare du Nord et de Montparnasse ».

Un plan 2025 ambitieux

Grâce à son introduction en Bourse, prévue prochainement (sous réserve des conditions de marché et de l’obtention de l’approbation par l’AMF sur le prospectus relatif à l’offre et l’admission des actions de Toosla), l’entreprise vise une croissance exponentielle selon un plan de croissance ambitieux à horizon 2025. « Nous envisageons de passer de 300 à 6 000 voitures d’ici là, donc nous visons de manière assez mécanique de multiplier notre chiffre d’affaires par 20 lui aussi », explique Eric Poncin, qui finalise actuellement des négociations avec un constructeur plus grand public afin d’élargir son offre.

Grâce à cette évolution stratégique globale, Toosla espère aussi pouvoir « augmenter significativement » ses dépenses marketing dans le but de recruter de nouveaux clients. Dans son projet d’introduction en Bourse, dont le Document d’enregistrement a été approuvé par l’AMF le 2 novembre 2021, l’entreprise met en avant une activité qui « bénéficie d’un modèle économique avec un taux de marge brute élevé qui se bonifie au fur et à mesure du développement de la flotte automobile, une meilleure absorption des coûts fixes (informatique et masse salariale) et une optimisation des charges variables (marketing) grâce au recours du digital ».

Pour Eric Poncin, qui vise un actionnariat mixte, entre fonds d’investissements et grand public, un tel modèle devrait permettre à Toosla de réaliser, en 2025, « un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros accompagné d’une marge d’Ebitda ajusté de 35% et d’une marge de résultat d’exploitation supérieure à 15% ». Il précise : « Notre plan consiste à continuer à nous déployer sur Paris, mais aussi à l’étranger. Nous avons commencé en ouvrant trois agences à Madrid en juin 2021. Le marché français constituera néanmoins la plus grosse part de notre développement d’ici 2025 ». Toosla vise toutefois une présence forte à l’international d’ici quatre ans, avec des véhicules disponibles dans 16 villes en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie.