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Thierry Marx et la RSE : des croissants à la croissance

RSE. Chef multi-étoilé et chef d’entreprise, Thierry Marx était récemment l’invité de la conférence plénière de l’association Dirigeants Responsables de la Marne, sur le thème « Engageons-nous pour un futur désirable ». Il a fait recette.

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Photo de Timothée Périn, Valéry Brabant, Thierry Marx, Marie Hautus et David Baron
De gauche à droite : Timothée Périn et Valéry Brabant (nouveaux coprésidents des Dirigeants Responsable de la Marne), Thierry Marx, Marie Hautus (déléguée générale de l’association), David Baron (président sortant).

Le grand amphi de Sciences Po Reims était copieusement garni pour accueillir Thierry Marx. Avec lui, comment ne pas envisager un ‘‘futur désirable’’ autour d’une meilleure table ? Mais, en l’occurrence, le chef étoilé avait plutôt coiffé sa toque de chef d’entreprise et, conformément à sa feuille de route, c’est en ce sens qu’il a régalé l’assistance.

Bien sûr, Thierry Marx a rappelé son parcours peu commun : le Paris gouailleur des Belleville et Ménilmontant de son enfance avant la triste cité de banlieue de son adolescence, la scolarité écourtée (dès la classe de 6e, où il lui fut conseillé de s’orienter vers la mécanique générale alors qu’il rêvait de l’Ecole Hotelière), le sport (il est ceinture noire de judo), les Compagnons du Devoir (où il obtint son CAP de pâtissier), l’armée (engagé volontaire comme parachutiste dans l’Infanterie de marine), la (les) cuisine(s), enfin, et la restauration, « métier dans lequel je suis entré un peu par effraction » (sic !). Quelques étoiles Michelin plus tard et la notoriété en prime, Thierry Marx s’interroge alors sur la façon d’aider « les gens qui ont la même extraction que moi ». Voilà les prémices de son engagement entrepreneurial. Son ambition ? « Permettre à des personnes martyrisées par la vie de retrouver un projet. »

Projet ! Le mot est lâché. Avec pour postulat que l’on recherche moins un emploi qu’un projet – comme ce fut son cas.

La confiance pour moteur

Voilà, aux yeux de Thierry Marx, l’esprit de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise. Alors il fonde des écoles de formation (Cuisine mode d’emploi(s), Media Social Factory, Pass’sport pour l’Emploi). Puis il crée des entreprises (il compte quelque 800 salariés en France, et presque autant au… Japon), dans lesquelles il adopte un management d’inclusion, parce que pour lui, « le nouveau moteur de la croissance économique, c’est la confiance », qui doit permettre de conjuguer, à travers la RSE, performance économique, sociale et environnementale. Reste qu’au-delà de la formation, il faut des entreprises – et pas seulement les siennes ! – pour créer cet ‘‘impact social’’ sans lequel ne se réalisera pas ‘‘l’impact environnemental’’. Un exemple ? La restauration a besoin de cuisiniers, qu’il faut former. C’est l’impact social. L’impact environnemental étant de savoir comment mieux faire… la vaisselle des restaurants pour économiser l’eau qui se raréfie. Les deux vont de pair.

Pour Thierry Marx, l’entreprise durable est celle qui mesurera son impact social en ouvrant sa capacité de formation, donc d’inclusion, tout en faisant monter les salariés en compétence, pour « apprendre aux hommes à regarder au-dessus de la ligne d’horizon » dit-il en paraphrasant Charles de Gaulle dans Le Fil de l’épée.

À l’heure où le monde politique s’est éloigné du monde de l’entreprise, où la fracture sociale est devenue si importante, Thierry Marx estime que ce sont les chefs d’entreprise qui « savent encore faire rêver les gens », et que « l’entreprise est là pour les rassembler dans sa force motrice ».

« Le pays sera généreux avec de la croissance »

Président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), Thierry Marx est convaincu qu’il faut donner les moyens aux entreprises de prendre en charge le social. « Le futur désirable, c’est la prospérité pour tous. » Dans ce domaine qu’il connaît bien, il constate une ‘‘dégastronomie’’, et une régression de ‘‘l’hospitalité’’. « Le tourisme représente 8 % du PIB français. Mais si nous régressons en termes d’hospitalité, c’est parce que nos prix sont trop élevés. Et ils sont trop élevés parce que nos entreprises sont trop taxées » (exemple qui vaut certainement pour de nombreux secteurs d’activité !). « Pour mettre nos ambitions en perspective, il faut se remettre en capacité de croissance. Le pays sera généreux avec de la croissance. » Thierry Marx en appelle alors à ‘‘l’associatif’’ – dont il est un fervent adepte – « pour refaire société, pour refaire peuple. Souvenons-nous des Jeux Olympiques de Paris 2024 auxquels on prédisait l’échec. Ils ont été une réussite parce que nous avons fait peuple ! » Voilà un beau projet…