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Thierry Breton se découvre une fibre pour l’Aube

Visite. Le commissaire européen a inauguré l’usine de la Chanvrière de l’Aube et fait le tour, avec François Baroin, des grands dossiers économiques du département.

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Photo de Thierry Breton, François Baroin et Benoît Savourat
Thierry Breton s’est beaucoup intéressé aux fibres de chanvre, en présence de François Baroin, avec les explications de Benoît Savourat. (Crédit : LL)

Programme très chargé pour Thierry Breton qui a passé toute une journée dans l’Aube, à l’invitation de François Baroin. Il faut dire que le commissaire européen au marché intérieur et le président de Troyes Champagne Métropole se connaissent bien. « Nous avons fait partie du même gouvernement et avons servi un président auprès duquel nous avons beaucoup appris », rappelle Thierry Breton au cours de son périple en terre auboise.

« C’est aussi le seul commissaire européen français actuellement », souligne François Baroin. Le seul peut-être mais sans doute l’un des plus influents puisque son champ d’intervention, depuis sa nomination en 2019, englobe en fait la politique industrielle, le marché intérieur européen, le numérique, la défense et l’espace.

De plus, outre ses fonctions passées de ministre de l’Économie et des finances auprès de Jacques Chirac, Thierry Breton a également été un grand capitaine d’industrie, à la tête de grandes entreprises comme Bull, Thomson, France Télécom ou encore Atos. Autant dire que son intervention dans l’Aube était légitime à toutes les séquences proposées par François Baroin.

Les dossiers du Nogentais

La première portait sur les grands projets du Nogentais : l’électrification de la ligne 4, le canal à grand gabarit et enfin la candidature de Nogent-sur-Seine à l’accueil de deux nouveaux réacteurs EPR sur le site actuel de la centrale. « Un chantier de dix ans avec 10 000 emplois », rappelle volontiers François Baroin à propos de ce dernier projet.

Xavier Ursat, directeur exécutif du groupe EDF en rappelle les conditions, à commencer par le soutien et l’acceptation du territoire. Un point acquis pour la candidature auboise soutenue unanimement par les élus et responsables économiques locaux. Le représentant d’EDF reconnaît également que le dossier aubois « présente de nombreux atouts comme une situation hydrologique favorable, un foncier disponible et une localisation géographique stratégique et un environnement industriel riche en infrastructures ». « Ces projets sont reliés les uns aux autres et je tiens à mettre en avant le consensus des acteurs du territoire », souligne Thierry Breton.

« Le nucléaire est une énergie absolument essentielle pour nous permettre d’atteindre nos objectifs de continent décarboné en 2050 », poursuit-il.

Soutien à la filière textile

Le commissaire européen s’est ensuite rendu dans les locaux du Coq Sportif à Romilly-sur-Seine pour parler cette fois de relocalisation industrielle et d’avenir de la filière textile. À l’occasion d’une table ronde avec des chefs d’entreprise aubois, Thierry Breton rappelle que l’industrie textile représente aujourd’hui 5 millions d’emplois en Europe et 169 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 10 % réalisés en France.

« Mais il faut continuer d’aider les PME européennes de la filière », ajoute-t-il. Sur son itinéraire entre Nogent et Troyes, Thierry Breton a fait une nouvelle halte à Saint-Lyé pour y inaugurer officiellement la nouvelle usine de la Chanvrière de l’Aube. Accueilli par Benoît Savourat, président de la coopérative agricole auboise, le commissaire européen a visité les installations capables de traiter.

Photo de la réunion à Nogent-sur-Seine
Réunion à Nogent-sur-Seine autour de la candidature de la centrale à l’accueil de deux nouveaux EPR. (Crédit : LL)

100 000 tonnes de chanvre par an, ce qui en fait la plus grosse installation de transformation de chanvre, non seulement en Europe mais aussi dans le monde. « Nous avons doublé les surfaces au cours des cinq dernières années avec 700 agriculteurs qui font désormais du chanvre alors que nous continuons à multiplier les débouchés dans le bâtiment, les litières animales, les matériaux composites, l’industrie papetière, l’alimentation humaine et dernièrement dans le textile », résume Benoît Savourat. La culture du chanvre ne nécessite ni eau, ni intrants et capte autant de carbone qu’une zone boisée de même surface, des atouts écologiques de taille.

Dernier volet de la visite, l’amphithéâtre Yschools pour une rencontre avec les étudiants autour de l’idée européenne et de son avenir. « Les défis de votre génération sont à l’échelle du continent et c’est parce qu’on est ensemble qu’on peut y répondre », conclut le commissaire européen.