Soredis, le service dans le 100

Cela fait un siècle maintenant que les camions de la famille Guy sillonnent des dizaines de kilomètres chaque jour pour livrer des boissons à leurs clients. Si l’entreprise fondée par Roger Guy et reprise par son fils Jean-Pierre est aujourd’hui dirigée par le petit-fils François, son centenaire n’a pas été un long fleuve tranquille. Après avoir connu une fusion dans les années 80, elle est devenue Sorco, avant de connaitre trois rachats successifs (par le groupe Danone en 1996, par le groupe Scottish & Newcastle en 2000 puis par Carslberg en 2008) pour être finalement reprise par François Guy en 2011.

Elle est aujourd’hui un leader solide sur son secteur d’activité, fort de 16 sites de distribution, 273 collaborateurs et 5 000 clients en rayonnant sur trois régions (Grand Est, Bourgogne-Franche-Comité et Hauts de France). « Nos 16 sites répartis sur notre territoire d’intervention nous permettent d’avoir une proximité avec nos clients, ce qui constitue un vrai élément différenciant par rapport à nos concurrents », explique François Guy. Une proximité qui permet une grande réactivité et une agilité indispensables à la distribution de boissons aux professionnels du secteur de la CHR (cafés-hôtels-restauration). « Nous sommes un métier de service, qui nécessite de bien connaître nos clients et donc, d’être géographiquement proches d’eux », souligne Alexis Petit-Gats, le directeur général de l’entreprise. « Pour mieux accompagner nos clients dans le développement de leurs affaires, il est donc nécessaire de bien les connaître et de connaître le territoire, les tendances, les quartiers en vogue, les trafics de population… »

8 000 références

Dans un secteur d’activité qui créé en permanence des nouveautés, Soredis peut mettre en catalogue jusqu’à une vingtaine de références nouvelles chaque semaine, que ce soit en vins, softs, bières, cafés, sirops... « Avec près de 8 000 références de produits, nous sommes sans doute en France l’entreprise de distribution de boissons qui détient le plus de références, nous en possédons 3,5 fois plus que le numéro un du marché. Cela nécessite des achats et d’être à l’affût du marché ».

Avant d’intégrer une nouveauté au catalogue Soredis, des comités de présélection se réunissent pour déguster et trancher. « Une fois ce cap passé, nous entrons dans une phase de négociation avec la marque au sujets des prix mais aussi des choix de promotion, kits d’implantation, PLV, textile… et ensuite, nous pouvons passer à la mise en marché », souligne François Guy. Une phase qui peut prendre entre trois et six mois et qui a son importance. « Nous avons formé des équipes composées de commerciaux et de référents produits pour être pertinents dans notre rôle de conseil et d’accompagnement de nos clients », explique Alexis Petit-Gats.

Des clients qui sont des commerçants indépendants, installés dans les centres-villes, proches des consommateurs. Si la typologie des clients de Soredisn’a pas beaucoup muté au cours des années, les outils et la logistique ont été grandement modernisés. Et les concepts des établissements ont eux aussi évolué. Schématiquement, l’auberge de 1925 a cédé la place, cent ans plus tard au bar à ambiance musicale. « Nous ne sommes pas que des grossistes », avance François Guy. « Nous sommes des metteurs en marché avec toute une batterie de services ».

Parmi ces services méconnus du grand public, Soredis propose à ses clients de les accompagner dans la cession ou la recherche d’un point de vente, en mettant en relations, grâce à son maillage territorial, des acheteurs et des vendeurs potentiels. Plus techniquement, l’entreprise épaule ses clients dans leur installation en leur proposant de prendre en charge tout ou partie du matériel nécessaire à leur activité (pompes à bière, machines à café, etc.). « Il y a aussi un aspect financier sur lequel nous pouvons intervenir et cela peut prendre plusieurs formes différentes, qui peut aller du prêt d’argent à la caution en passant par de la location ou du prêt de matériel, par exemple. Tout cela est assez complexe mais c’est aussi très encadré par la loi », précise le Président. « Tous ces services poursuivent un seul intérêt : aider notre client à acheter, développer et faire prospérer son affaire pour qu’il soit un client important pour nous ». Un métier très protéiforme sur lequel Soredis a réalisé un chiffre d’affaires de 104 M€ en 2024.

Se différencier par les marques

Cerner les besoins et les attentes, former le client sur les produits, proposer des références correspondant à la typologie de l’établissement… « L’enjeu c’est d’offrir à nos clients des produits que le consommateur ne pourra pas trouver ailleurs », insiste François Guy. À l’image de la bouteille de Coca Cola de 33 cl en verre, que le consommateur ne trouvera que dans des CHR, cette boisson étant distribuée en bouteille plastique ou canette aluminium dans la grande distribution ou en épicerie, par exemple.

Des nouveautés, l’entreprise Soredis en sort elle-même régulièrement puisqu’elle a créé ses propres marques, à l’image de ce que peut faire la grande distribution avec ses marques distributeurs, pour offrir à ses clients des alternatives aux grandes marques avec des prix d’entrée de gamme. « Nous créons des nouveaux produits dans quasiment toutes les familles, avec de vraies marques pour se différencier de nos concurrents et pour que nos clients puissent eux aussi se différencier ». Et cela fonctionne plutôt bien, puisque les marques made in Soredis représentent une partie non négligeables de son volume d’affaires, certaines arrivant même en tête des ventes, comme son thé glacé qui est le plus vendu sur son territoire d’intervention. « C’est une activité qui est devenue stratégique pour une entreprise comme la nôtre », poursuit François Guy, qui continue à veiller sur la préservation des fondamentaux de l’entreprise à l’aube d’un nouveau siècle d’activité de distribution. Maillage du territoire, investissement dans les outils, RSE (recyclage, travail avec des marques locales…), autant d’enjeux qui doivent permettre à Soredis de conserver sa place de leader sur son territoire et de numéro deux sur le marché national. Un vrai challenge pour cet acteur 100% indépendant et familial qui vit déjà l’arrivée de la quatrième génération de la dynastie Guy au sein de l’entreprise pour ouvrir un nouveau chapitre de son histoire.