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Santé mentale des étudiants en médecine : la prévention de l’intérieur

Prévention. Lancé le 15 septembre à l’URCA, le projet « Leaders en santé mentale – Ensemble, nous ferons la différence » est une réponse préventive innovante au mal-être des étudiants en médecine de Reims.

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Photo des étudiants impliqués, du doyen, de Pauline Martinot, Elizabeth Gonzalez et un professeur du CHU
Les acteurs du projet : les étudiants impliqués, le doyen à droite, Pauline Martinot, Elizabeth Gonzalez, un prof du CHU. (Crédit : CR)

Un tabou, la santé mentale des étudiants en médecine ? De moins en moins. À l’Université de Reims-Champagne-Ardenne (URCA), ce sujet de préoccupation est sur la table depuis quelques années. « Les soignants ont choisi de s’occuper des autres et d’intégrer la souffrance de leurs patients, mais ce sont des êtres humains qui ont eux aussi leurs fragilités », rappelle Mme le Pr Pham, doyen de la faculté de médecine de Reims, qui compte pas moins de 2100 étudiants.

Dans une enquête nationale réalisée en 2021 [1], 39 % des étudiants et jeunes médecins sondés reconnaissaient avoir des symptômes dépressifs, la crise sanitaire n’expliquant pas tout.

« 48h de travail par semaine, un stress permanent, une charge mentale et une charge émotionnelle élevées, cela laisse peu de possibilités de déconnecter. Tout le monde n’est pas capable d’encaisser. Il faut savoir en parler », estime Mehdi Toullec, interne en médecine d’urgence, l’un des membres du nouveau groupe « Leaders en santé mentale – ensemble, nous ferons la différence ».

Son objet : créer une communauté d’étudiants bienveillants, formés pour repérer et aider leurs pairs en souffrance, déstigmatiser et promouvoir la santé mentale en général. Si l’enjeu est d’éviter aujourd’hui les risques de burn out, voire de suicides, il est aussi de faire de ces professionnels de santé demain « des modèles de comportement positif pour leurs patients ».

Prendre soin de soi d’abord

Ce projet pour et par les étudiants est la résultante d’une chaîne de rencontres humaines et d’initiatives précurseurs : création dès 2014 de la Cellule d’accompagnement des étudiants en médecine (CADEM) et mise en place à partir de 2018, d’ateliers « Prendre soin de soi pour mieux apprendre », conçus par Elizabeth Gonzalez, enseignante en développement personnel. « Améliorer la santé et le bien-être des étudiants, particulièrement à la suite des différents confinements, est un levier dont les bénéfices s’étendent à leurs futurs patients et à leurs futures carrières professionnelles. »

Les ateliers ont fini par atteindre leurs limites physiques au regard des besoins. D’où l’idée de faire des étudiants eux-mêmes des relais actifs, capables par leur bienveillance et avec les outils ad hoc de changer les mentalités de l’intérieur. Une douzaine se sont déjà portés volontaires, rejoints par deux psychologues et un psychiatre et soutenus par une vingtaine de leurs enseignants. L’intérêt très innovant du projet est aussi d’inclure les étudiants de Sciences Po Reims, NEOMA BS et l’Institut catholique de Paris à Reims où Elizabeth Gonzalez officie aussi.

Le Dr Pauline Martinot, ancienne conseillère de l’ex-ministre de la santé François Braun, très engagée sur la thématique de la prévention, a accepté d’être la marraine de cette démarche en ligne avec la Feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie présentée en 2018, par l’Etat : « Ce projet co-construit avec les premiers concernés est un modèle souhaitable pour avoir une meilleure efficacité. » à tel point que Virginie Cayré, directrice générale de l’ARS Grand Est, « espère pouvoir le déployer dans d’autres universités. »

[1par les structures ANEMF, ISNAR-IMG, ISNI, auprès de 11 754 étudiants