Saint-Quentin : Minéalithe accélère la lithosynthèse
Bâtiment. François Waendendries a franchi une étape décisive avec l’inauguration d’un démonstrateur industriel à Saint-Quentin. Après vingt ans de recherches et environ 15 000 formules testées, sa technologie de lithosynthèse produit désormais deux tonnes d’inducteur par jour, avec possibilité de doubler cette cadence à court terme.
Le procédé breveté par ce sculpteur et ancien architecte de Sissy reproduit en quelques heures un processus de minéralisation qui prend naturellement des millions d’années. En dissolvant des minéraux recyclés avec un inducteur liquide secret dans des « pétrins géants », il crée une pâte qui durcit rapidement en pierre naturelle (calcaire, ardoise, granit) aux résistances égales ou supérieures au béton.
Une reconnaissance croissante
La technologie a reçu plusieurs distinctions majeures : le grand prix du geste d’or en 2020, le prix du concours européen Metabuilding en 2022, et le prix du réemploi au salon BIM World Paris en 2023. Ces récompenses témoignent de l’intérêt croissant des professionnels de la construction pour cette innovation « made in Hauts-de-France ».
En 2025, Minéalithe a structuré sa communication avec un nouveau logo et une charte graphique modernisée, tout en multipliant sa présence dans les salons professionnels, dont le Congrès Bâtiment Durable (CNBD 2025) où François Waendendries a présenté son procédé.
Un atout écologique majeur
L’innovation est remarquable : aucune émission de CO₂, utilisation de sable du désert et d’eau de mer, valorisation de matériaux recyclés. Contrairement au ciment traditionnel qui nécessite une calcination polluante, la lithosynthèse soude les minéraux au niveau atomique sans chauffage intensif, évitant la consommation de ressources rares comme l’eau douce et le sable marin.
Applications multiples et démonstrateur industriel
Les applications du procédé sont vastes : construction de bâtiments, dallages, sculptures, et même des expérimentations agricoles au Sénégal pour le stockage d’oignons. La micro-usine de Saint-Quentin, installée sur la zone logistique, sert de vitrine technologique et de laboratoire grandeur nature pour démontrer la viabilité industrielle du procédé.
Soutenue par la région Hauts-de-France et Bpifrance, cette installation permet de produire des pierres adaptées à la majorité des domaines du bâtiment et de l’artisanat. L’objectif : convaincre les investisseurs privés et les industriels du BTP d’adopter cette technologie écologique.
L’enjeu 2026 : passer à l’échelle
L’enjeu principal pour les mois à venir consiste à signer des contrats de licence avec des acteurs de la construction pour dupliquer le procédé dans leurs propres chaînes de production. François Waendendries et son équipe visent la montée en cadence industrielle et l’implantation de nouvelles unités régionales du même type, positionnant le département comme territoire pionnier de la construction décarbonée et de la filière des pierres de synthèse écologiques.