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Rentrée solennelle pour le Tribunal judiciaire de Reims

Justice. Le Tribunal judiciaire de Reims a fait sa rentrée, marquée par l’installation du nouveau procureur François Schneider, auparavant procureur de la République d’Alès, dans le Gard. Auprès de la Présidente du Tribunal, Isabelle Mendi, il a détaillé sa feuille de route ainsi que ses objectifs.

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Photo de François Schneider
François Schneider est le nouveau Procureur de la République de Reims (Crédit : MM)

C’est plus de quatre mois après son arrivée officielle au sein du Tribunal judiciaire de Reims, que le nouveau procureur de la République, François Schneider, prenant la suite de Matthieu Bourrette (parti à la Cour d’Appel de Paris comme Avocat général), a fait son installation, dans un long discours détaillant ses ambitions et objectifs. Remerciant son prédécesseur de lui avoir transmis « un Parquet remarquable constitué de magistrats fiables, loyaux, engagés, et, ce qui ne gâte rien, sympathiques et souriants », il en a souligné les actions innovantes et surtout « désormais indispensables, en particulier le PAMIVI (Programme d’Accompagnement des Mineurs Victimes) qui est un véritable succès et tout ce qui a été fait pour lutter contre le fléau des violences faites aux femmes ».

Un Parquet que François Schneider a pu voir à l’œuvre quelques semaines seulement après sa prise de fonction, lors de ce qu’il nomme « l’affaire de Vatry » (avion immobilisé sur le tarmac en raison de suspicion de « traite d’humains », ndlr). « À un moment où nous aurions pu nous sentir bien seuls, autour de vous madame la Présidente, les juges du TJ de Reims se sont mobilisés, autour de vous madame la Directrice de greffe, les greffiers se sont mobilisés, autour de vous madame la Bâtonnière, les avocats se sont mobilisés, avec votre précieux soutien madame la Procureure Générale, les Parquets de Reims et de Châlons se sont mobilisés, Monsieur le Préfet, les services de l’Etat se sont mobilisés, Mon Colonel, les gendarmes de la Marne se sont mobilisés. Quelle qu’en ait été la conclusion de cet épisode hors norme, la Marne s’est mobilisée pour gérer l’ingérable », a salué François Schneider, entendant bien continuer cette synergie entre les différents services pour mener à bien ses missions.

Violences intrafamiliales, en milieu scolaire ou urbain, à destination des particuliers mais aussi des élus, sont autant de sujets qui attendent le Procureur. « Le Parquet de Reims, comme tous les Parquets de France, applique la « tolérance zéro » vis-à-vis des atteintes faites aux élus de la République », a-t-il tenu à souligner.

De la justice, il a rappelé l’importance de celle de proximité, dans un programme ambitieux lancé par le Garde des Sceaux en 2020. Mais pour l’appliquer, encore faut-il que l’organisation et les locaux le permettent. Un chantier auquel compte s’attaquer François Schneider : « Un Parquet bien organisé, ce n’est pas un parquet caporalisé, enserré dans une structure rigide et indéformable, c’est un Parquet dans lequel les process de travail sont structurés au service des Magistrats, dans le but de leur faciliter la prise de décision en les libérant des contraintes matérielles accessoires autant qu’il est possible de le faire. »

Augmenter les saisies d’avoirs criminels

S’attaquer au « avoirs criminels » est aussi une des priorités : « Le Parquet de Reims saisit chaque année environ 1 M€ selon l’AGRASC (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués), ce qui est bien, mais mon précédent Parquet, pourtant de taille plus modeste, en a saisi autant. Il y a donc une marge de progression », n’a-t-il pas hésité à exhorter.

Et c’est avec « des effectifs complets, peu fréquent dans le milieu judiciaire », grâce notamment à l’arrivée de Mathilde Campagnie, vice-procureure que le Parquet va entrer en ordre de marche. « Être au complet signifie non seulement une charge de travail mieux répartie, mais aussi de donner une parfaite cohérence à l’organigramme. »

Une action qui va être menée conjointement avec la présidente du Tribunal judicaire, Isabelle Mendi, arrivée en 2023 et qui connait bien le nouveau procureur puisqu’ils ont déjà travaillé ensemble par le passé, alors que lui prenait son premier poste de Magistrat à Mulhouse, et elle, exerçait encore la profession d’avocat. Cette dernière a également insisté de son côté sur « l’amélioration des conditions de travail au sein de la juridiction » avec un « bâtiment noble et ancien mais plus adapté aux contingences induites par l’évolution de la justice ».

En second lieu, Isabelle Mendi, en partenariat avec le barreau de Reims, compte revoir l’organisation et l’appréhension des modes alternatifs de règlement en matière civile, annonçant se rendre en Belgique, « pays qui a mis en place depuis plusieurs années des chambres de règlement amiable » afin de s’ouvrir à une culture juridiciaire différente. « La justice doit évoluer et s’adapter aux évolutions et il est important et très enrichissant de s’ouvrir à d’autres pratiques et d’autres modes de fonctionnement. »