Rendez-vous de conjoncture : une résilience qui atteint ses limites
Économie. Banque de France, CCI et Ordre des experts-comptables commentent les indicateurs économiques le 25 février prochain et invitent Fabienne Laure pour expliquer la candidature de Nogent-sur-Seine à l’accueil de deux nouveaux réacteurs.
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Le 50e rendez-vous de la conjoncture, organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Troyes et de l’Aube, la Banque de France et l’Ordre des experts-comptables, se veut un anniversaire porteur de perspectives positives. Pourtant, le contexte semble pourtant à la morosité avec un taux de croissance nationale ramené à 0,9 % en 2025 après le 1,1 % des deux dernières années. La reprise estimée à 1,3 % confirme les difficultés à relancer l’économie. La bonne nouvelle reste la baisse de l’inflation qui a entraîné cinq baisses de taux directeurs avec un effet bénéfique sur les crédits immobiliers, mais sans impact sur les investissements des entreprises. « Il y a un manque de visibilité des chefs d’entreprises qui ne s’engagent pas », analyse Alan Piat, directeur Aube de la Banque de France. Face aux incertitudes françaises tant politiques qu’économiques avec une dette nationale abyssale et un contexte international, les ménages épargnent et les entreprises cessent d’investir. « L’économie est toujours résiliente, elle résiste, mais c’est compliqué ».
En Grand Est, l’industrie accuse un recul majeur des chiffres d’affaires, l’aéronautique étant le seul secteur à sortir du lot. Les effectifs intérimaires ont servi de levier d’ajustement et l’industrie accentue un peu plus son repli sur son budget d’investissements de deux points à – 11,6 %. « L’industrie souffre. En 2025, sauf les services marchands qui progresseront modérément, le reste sera en repli et nous partons déjà d’un point de référence bas ! » Un constat de morosité partagée par Virginie Vellut de l’Ordre national des experts-comptables. Elle observe sur la Région et sur l’Aube une distribution massive de dividendes, une trésorerie déplacée pour être épargnée et sécurisée au lieu d’être réinvestie. « Nous remarquons une tension sur les financements pour les transmissions que nous n’avions pas l’an dernier avec des niveaux de garanties demandés par les banques plus exigeants ». Autre signal inquiétant marquant la fatigue et le découragement des entreprises et de ceux qui les portent, l’augmentation des dirigeants de 45/50 ans qui décident de vendre leurs entreprises.
Innover Et Exporter
Si le bâtiment souffre de la conjoncture, « certains ont des carnets de commande bien remplis », constate Virginie Vellut. « Sans doute parce que les entreprises anticipent les réglementations, innovent sur les techniques pour les adapter aux besoins constructifs et environnementaux. C’est comme dans notre métier, la facture électronique et l’intelligence artificielle demandent du temps, de nouvelles compétences, des recrutements. Nous ne pouvons pas passer à côté, ce qui ajoute aux contraintes réglementaires et au climat politique ».
Sylvain Convers, président de la CCI de Troyes et de l’Aube mise sur le triptyque « visibilité, lisibilité et stabilité. Si nous réunissons ces trois éléments dans une gouvernance globale, les affaires repartiront. Il y a vraiment une nécessité de prise de conscience. Un chef d’entreprise passe aujourd’hui 20 % de son temps à faire son métier et 80 % à faire d’autres métiers, des ressources humaines, de l’administratif, des tableaux, des connexions sur des sites internet improbables qui doivent vous simplifier la vie ».
La France génère 3 % de l’économie mondiale. Sylvain Convers invite donc les entreprises à sortir de leur zone de confort et du territoire pour prendre une part des 97 % qui se font ailleurs. « Il y a des marchés à aller chercher et pas seulement aux États-Unis. C’est une voie pour beaucoup d’entreprises qui n’ont peut-être pas encore conscience que leur produit peut s’exporter ».
Autre piste bénéfique pour la Région et l’Aube en particulier, la construction de deux réacteurs nucléaires EPR2 à Nogent-sur-Seine. Si la candidature du Serment de Nogent est retenue, 10 000 emplois, 97 métiers identifiés qui représenteront de 125 000 à 160 000 équivalents temps pleins, 10 milliards de travaux. Un coup d’envoi qui pourrait être donné dans 10 ans et une préparation aux besoins en formation, logement et service qui se met en place dès maintenant. Un programme expliqué par Fabienne Laure, chef de mission ancrage territorial à la Centrale de Nogent à l’issue de la présentation des données de la conjoncture économique. De quoi dégager l’horizon pour bon nombre d’entreprises et conclure sur une note d’optimisme.
Les rendez-vous de la Conjoncture économique Maison de la Pensée Ouvrière à Troyes le 25 février à 18 h
Inscription : www.banque-france.fr/fr/webform/les-rendez-vous-dela-conjoncture-économique