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Rapprochement entre Boldoduc et Tismail : « le scénario idéal ! »

Industrie. Le Groupe lyonnais prend la majorité de la manufacture troyenne de chaussettes.

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photo de Alain Laumone et Benoit Seguin
Alain Laumone et Benoit Seguin. (Crédits : MBP)

Le lyonnais Boldoducacquiert 66 % de l’entreprise troyenne Tismail. Les deux entreprises vont désormais grandir ensemble en créant des synergies commerciales et humaines. « J’étais déjà cogérant minoritaire de Tismail », explique Benoit Seguin, « Il n’y avait pas meilleur scénario pour Tismail, pour les salariés, pour moi. Nous restons une entreprise autonome et indépendante, ils ne viennent pas pour révolutionner la chaussette, ce n’est pas leur métier. L’objectif est qu’à la fin de l’année, nous codirigions le Groupe Boldoduc avec Grégory Poisey et Anaïs Bonnet, actuelle directrice financière du Groupe et fille de Jean-Charles Potelle, le PDG ». Pour Grégory Poisey, directeur général de Boldoduc, « les planètes sont bien alignées, nous avons toujours eu envie de travailler ensemble ».

Boldoduc va pouvoir s’adosser sur la marque LCF (La Chaussette de France) pour de nouveaux projets dans le sport. Les deux entreprises pourraient aussi se rejoindre sur les marchés publics sur lesquelles elles opèrent chacune de leur côté aujourd’hui. « Il n’y aura pas de mutualisation de la production. Nous, la chaussette, nous ne savons pas faire et réciproquement, les vêtements, ce n’est pas le truc de Tismail. Nous sommes leur soutien technique pour proposer des produits adaptés aux marchés du sport et comptons sur leur expertise, mais on ne marche pas sur les platebandes de l’autre », précise Grégory Poisey.

Ils Créent Ensemble Leur Première Entreprise En 2005

Le Groupe Boldoduc est spécialisé sur des marchés de niche pour la blanchisserie et les pressings avec des sacs à linge, des housses de chariots. L’entreprise a développé Facil’en Fil, des vêtements fonctionnels pour les séniors. Une marque créée par Benoit Seguin et Grégory Poisey à la sortie de leurs études et initiée à la Technopole de l’Aube que Boldoduc a racheté en 2010 avant que leur chemin professionnel se sépare mais pas leur amitié. Deux copains dont chacun est le parrain des enfants de l’autre et qui partent régulièrement en vacances ensemble. « Avec Grégory, nous sommes très différents, mais on sait se dire les choses. Nous sommes un vieux couple ! C’est un scénario idéal pour Alain Laumone qui a donné sa vie à Tismail. À 62 ans, il part confiant. Il sait que dans six mois, la production ne partira pas en Tunisie ».

Tismail a beaucoup de projets, dont pérenniser l’emploi et donc maintenir l’usine en France, qui existe depuis 1961. « Nous sommes l’une des dernières à Troyes, des dernières manufactures de chaussettes en France », souligne Benoit Seguin. L’entreprise réalise + 10 % de chiffre d’affaires par rapport à 2023 avec 6,3 millions d’euros. Elle veut assoir son positionnement Made in France en 2025 et vise 7 millions d’euros cette année. « Nous avons le marché de l’Union de groupement des marchés publics fin 2024. Nous développons LCF et avons embauché des commerciaux et des agents. L’armée est un beau marché public qui permet de faire beaucoup de R&D et se développe ». En interne, la communication s’est faite dès décembre et l’ensemble des cadres de Boldoduc sont venus se présenter et rassurer les équipes. Un rachat soulève toujours des questions.

En 2025, Tismail va investir dans de nouvelles machines de tricotage Lonati pour finaliser la modernisation de l’outil industriel. « En 2026, nous voulons tripler le chiffre d’affaires de LCF pour passer de 1 à 3 millions d’euros ». L’objectif est d’atteindre 40 à 50 % du chiffre d’affaires de Tismail réalisé avec la marque LCF, qui mise sur des produits de qualité à la valeur ajoutée et générateurs de marge. Pour cela, Benoit Seguin ne sera pas seul et l’arrivée d’un acteur comme Boldoduc sécurise l’avenir au cas où. Un rapprochement entre les deux amis, un peu un retour aux sources, avec l’objectif de toujours garder un esprit de famille de préserver les emplois, de respecter le travail des générations passées pour tricoter le futur de la manufacture. « Pendant cinq ans, avec Facil’en Fil, nous avons connu ce qu’était l’entrepreneuriat en partant de rien », poursuit Grégory Poisey. « Maintenant que nous avons grandi chacun de notre côté, avec l’expérience en plus, nous avons envie de développer le Groupe ».