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Quand la mobilité de demain se conçoit aujourd’hui

Mobilité. À l’heure où l’avenir écologique de la planète est un sujet majeur, une appréhension moins polluante de nos modes de déplacement est à l’ordre du jour. Cela reste cependant une œuvre de longue haleine. Raison de plus pour anticiper dès à présent.

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De gauche à droite : Robert Ostermann (Cycles Hubert), Grégoire Bonnat (Padam Mobility), Nathan Lamontagne et Fabien Rosse (CESI Reims - Organisateurs), Kévin Thomas (CESI Reims). DR

Organisée au Village by CA, à Bezannes, par Nathan Lamontagne et Fabien Rosse, deux futurs ingénieurs du CESI Reims, la conférence « Découvrez la mobilité de demain » avait pour objectif de sensibiliser le public comme les entreprises aux enjeux et problématiques qu’il faut traiter dès aujourd’hui pour assurer la mobilité de demain. Une mobilité plus douce, plus fluide, moins polluante.

« En 2021 l’automobiliste avait perdu 140 h (soit à peu près 6 jours !) dans les embouteillages »

En date du 4 avril, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) indique de manière assez alarmiste que la température de la Terre pourrait augmenter de +1,5°C d’ici 2036 en raison du phénomène des gaz à effet de serre (GES). Or, l’émission du quart des GES est dû aux modes de transport. Il est donc temps de les repenser et, heureusement, il faut noter une réelle prise de conscience en la matière.

6 jours perdus par an !

Ingénieur, enseignant au CESI Reims, Kévin Thomas rappelait qu’ « en 2021 l’automobiliste avait perdu 140 h (soit à peu près 6 jours !) dans les embouteillages ». A l’échelle européenne, le projet C-Roads, auquel participe la France (l’autoroute A4 faisant partie du réseau testé dans le cadre de ce projet), réalise la synthèse des retours d’expérience des projets nationaux en préfigurant les évolutions et les orientations techniques et fonctionnelles des futurs systèmes de véhicule coopératifs déployés en Europe. Ces systèmes permettraient l’échange instantané d’informations entre véhicules (notamment sur l’état de la route, les embouteillages, les accidents…), aux fins d’un re-routage des flux automobiles, notamment aux abords des grandes agglomérations.

Organiser les flux selon les besoins

Fondateur et Pdg de Padam Mobility, une entreprise qui conçoit et développe des solutions de mobilité partagée notamment destinées aux opérateurs, autorités organisatrices de transport, collectivités territoriales, leur permettant d’optimiser leurs services de transport à la demande, Grégoire Bonnat rappelait que « le transport représente environ 20 % du budget d’un ménage en milieu rural, les territoires ruraux comptant 20 à 30 % de la population et disposant de beaucoup moins de solutions de mobilité que le milieu urbain ». Il insistait cependant sur la difficulté, à l’horizon 2030, « de maintenir la mobilité péri-urbaine dans son état actuel, et la nécessité d’organiser les flux selon les besoins en offrant aux utilisateurs un mode de transport partagé et un bouquet de mobilité. »

Patience et longueur de temps

Propriétaire des Cycles Hubert, à Reims, Robert Ostermann soulignait que c’est aussi l’infrastructure disponible qui déclenche l’utilisation d’un mode de transport. Il existe à Reims un projet de réalisation de 11 lignes de pistes cyclables représentant 50 km de voies. Il est prévu d’en réaliser une par an. Le développement de ce réseau doit donc s’envisager dans le moyen/long terme. « Transformer une ville est l’affaire d’une génération ; transformer les mentalités celle d’une génération et demie ! Il faut être patient, éviter le ‘‘car bashing’’, et trouver le juste besoin dans l’usage selon les moyens à disposition les plus appropriés à tout déplacement. »

Il existe donc déjà des solutions au ‘‘tout voiture’’, d’autres sont en cours d’étude. Mais comme disait La Fontaine, patience et longueur de temps font plus que force ni que rage…