Propreté : une filière qui embauche à découvrir
Formation. Initiative conjointe entre l’éducation nationale et le monde de l’entreprise, les premières Olympiades des métiers de la propreté se sont déroulées au lycée Europe, à Reims, afin de donner de la visibilité à une filière encore mal aimée.

Technique française ou à l’américaine, en ce qui concerne le lavage de vitres, chacun choisira celle qu’il préfère, pourvu d’aller rapidement et qu’il ne reste aucune trace. Sébastien Adlo, chef multi-sites chez Lustral, 22 ans dans l’entreprise dont 14 comme responsable des laveurs de vitres, ne laisse aucun détail lui échapper, ni dans la posture, ni dans les gestes employés. « Nous intervenons en B to B, et spécifiquement dans le secteur du lavage de vitres, en journée. Les salariés doivent donc être irréprochables tant dans les process que dans leur attitude au sein de l’entreprise cliente », insiste-t-il. Pour cette première édition des Olympiades des métiers de la propreté, il est là pour évaluer les lycéens et lycéennes dans leur technique, mais aussi pour leur apporter des conseils et son regard de professionnel. « Je préfère dire aux élèves de prendre leur temps pour avoir un bon résultat plutôt qu’ils aillent vite et bâclent le travail. » Car dans les métiers de la propreté, tout est histoire de précision.
Une Diversité Des Métiers
Ce secteur invisibilisé pendant de nombreuses années est entré dans la lumière avec le covid mais il peine encore à briller aux yeux des plus jeunes. « On s’est aperçu que nos sociétés modernes avaient ce besoin d’hygiène et de propreté mais nous avons de réels problèmes de recrutement dans ce secteur », explique Pierre-Marie Pierrard (photo ci-contre), délégué régional au sein de la Fédération des entreprises de propreté et de Fare Propreté, le Fonds d’innovation.
L’objectif de ces Olympiades est donc de montrer la diversité des métiers, de donner envie aux élèves d’intégrer cette filière mais aussi de leur offrir l’opportunité de trouver un stage ou même un emploi, un job dating ayant été organisé à l’issue de l’événement. « Le lycée Europe est le seul de l’Académie de Reims à former au bac pro HPS, Hygiène Propreté Stérilisation. Les élèves peuvent ensuite poursuivre avec un BTS Services à l’environnement », indique Sonia Gerard, Directrice déléguée aux formations professionnelles. Pour former au mieux les élèves, le lycée utilise le même matériel qu’en entreprise et a même reconstitué une chambre d’hôpital pour la partie agent de stérilisation en bloc hospitalier, un certain nombre de stages s’effectuant au CHU de Reims. « Pour valider leur diplôme, nos élèves doivent valider 20 semaines de stages sur trois ans avec la rédaction d’un rapport », précise ainsi Nadia Makhlouti, responsable du bureau des entreprises au sein du lycée Europe. Si la formation est bien présente, l’enjeu pour la filière est de trouver des jeunes motivés, « une grande partie ne continuant pas à l’issue de leur diplôme ». Pourtant, « le métier d’agent de propreté sera le premier en tension en 2030 », affirme Pierre-Marie Pierrard. « L’idée est de cibler les jeunes, car la moyenne d’âge tous métiers confondus est de 39 ans quand, dans le secteur de la propreté, elle est de 43 ans. »
Des Perspectives D’évolution De Carrière

Pour Yves Gourlet, vice-président de la Fédération des entreprises de la propreté du Grand Est, et également à la tête de l’entreprise AG Net(1 400 salariés, 25 millions d’euros de chiffre d’affaires), la clé est de « montrer que c’est un métier important pour la société ». « Les métiers évoluent, nous nous dotons d’outils ergonomiques, de robots, surtout des laveuses et nous avons aussi une personne qui s’occupe des risques et des troubles musculo-squelettiques (TMS). » Surtout, le chef d’entreprise insiste sur l’évolution professionnelle, prenant d’ailleurs son propre exemple. « Tous les métiers sont ouverts, même si on commence à la base. On peut progresser très rapidement. » Yves Gourlet insiste également sur la transformation des métiers de la propreté. « On ne fait plus intervenir les agents dès 5 heures du matin, cela nécessite aussi de préparer la prestation avec le client. Nous faisons vraiment du sur-mesure pour que le client aussi, adopte des bonnes pratiques. » Un cercle vertueux que s’efforcent de mettre en place la plupart des entreprises de propreté, surtout celles ayant un lien direct avec les entreprises locales. « Le contact et le suivi avec le client est primordial. » Tout au long de l’année, le lycée Europe multiplie donc les événements pour mettre en valeur cette filière. Prochain rendez-vous, le salon Europrop du 25 au 27 mars, Porte de Versailles, à Paris, où tout au long des quelque 200 stands sont présentés les dernières innovations de ce secteur en constante évolution.