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Production peu dynamique et croissance molle

Conjoncture. Le directeur de la succursale ardennaise de la Banque de France livre son analyse sur la conjoncture de cette fin d’année.

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Assurant la cotation dans les Ardennes de 1 200 entreprises réalisant un chiffre d’affaires minimum de 756000€, la Banque de France indique que malgré la baisse de l’inflation, l’activité générale 2024 est « peu dynamique » alors que la croissance freinée par le déstockage et les difficultés d’approvisionnement s’avère « très molle » (1,1 %).

L’activité économique a aussi été impactée par un recul des investissements (-42 %), symbolisé par le retrait de la TVA encaissée sur les immobilisations.

Photo de François Marbaix
François Marbaix, le directeur départemental pour les Ardennes de la Banque de France. (Crédits : PR)

« Cette atonie pourrait encore durer trois à quatre mois. Une reprise étant attendue à la fin du premier trimestre 2025. Si la production industrielle a toutefois légèrement augmenté fin octobre mais à un niveau en deçà des attentes, les cadences devraient reculer en novembre. Car les entrées d’ordre progressent faiblement alors que les carnets de commandes sont très décevants. Les tarifs des produits finis sont certes légèrement valorisés sans toutefois permettre de redresser des trésoreries jugées en dessous de l’équilibre. Des pannes financières sont observables depuis un peu plus d’un an, ce qui est assez long. Dans ce contexte, les effectifs régressent modérément mais ce sont les postes intérimaires qui ont disparu en grand nombre alors que les départs en retraite ne sont pas comblés », constate François Marbaix, le directeur départemental pour les Ardennes de la Banque de France (photo ci-contre).

Portés par une demande dynamique, les services marchands connaissent une situation plus enviable. Les prix des prestations se stabilisent et les trésoreries approchent souvent de l’équilibre. « Reste que, malgré un bon courant d’affaires, par prudence et souci de recrutement, les moyens humains stagnent. Des recrutements devraient tout de même être envisagés à court terme ».

192 défaillances d’entreprises en un an

Tableau morose dans le bâtiment avec un nouveau recul des mises en chantier et si les carnets sont remplis, il y a souvent une longue période d’attente pour concrétiser les marchés et engager les travaux sur le terrain. « À cause d’une très vive concurrence dans cette filière, les prix des devis se réduisent, rognant sur les marges. Il n’y a pas de solutions entrevues à court terme pour que l’activité BTP redécolle », fait savoir François Marbaix. Dans ce secteur de la construction comme dans le milieu industriel, plusieurs entreprises envisagent de fermer leurs portes deux à trois semaines en fin d’année en proposant à leurs personnels de regrouper leurs périodes de congé.

Concernant la situation financière des entreprises, des commerces et des services, François Marbaix note qu’elle révèle une assise solide. « Nos cotations sont les meilleurs du Grand Est avec 70% de satisfaction ». Les sociétés installées de longue date ont souvent une capacité capitalistique qui leur permet de faire face aux moments difficiles. Par ailleurs, l’accès aux crédits est en progression, ce qui prouve qu’il existe des projets dans les PME et TPE. François Marbaix déplore un niveau plus élevé du cumul des défaillances d’entreprises (+ 9,1%).

Même si ce chiffre est moins important que sur le plan national (24,4 %) et dans le Grand Est (14, 2%). Soit, malgré tout, la perte de 192 sociétés sur douze mois glissants au lieu de 160 environ les années précédentes. Concluant son intervention sur les dossiers de médiation qui consistent à aider des entreprises en difficulté financière et ne trouvant pas de solutions auprès des banques, François Marbaix rappelle que son organisme avait actionné ce moyen sept fois en 2024. « Trop souvent, les dirigeants d’entreprises nous présentent leur dossier trop tardivement. Il ne faut donc pas craindre de pousser les portes beaucoup plus tôt pour sauver l’activité et les emplois ».