Pouvoir d’achat : « le big bang » anti CSG-CRDS de l’U2P
Syndicat. L’U2P présente une refonte de la distribution de la valeur avec la suppression à cinq ans de la CSG-CRDS pour redonner 100 milliards d’euros de rémunération par an aux travailleurs.

« Il y a un effort national à faire », annonce Maurice Karotsch, président U2P Grand Est et également de la CAPEB Grand Est. Le pouvoir d’achat des Français s’effondre et ne permet plus d’améliorer son niveau de vie avec une augmentation de 0,8 % par an au lieu des 2 ou 5 % enregistrés les meilleures années aujourd’hui lointaines. L’U2P, syndicat qui représente les entreprises de proximité, veut donc défendre les intérêts des salariés avec une refonte en profondeur des cotisations pour redonner 100 milliards d’euros de rémunération annuelle aux 28 millions de travailleurs. Une réforme qu’il qualifie de « big bang populaire » et qui s’appuie sur la rémunération, « clé de voûte du destin économique de la France ». L’U2P suggère de supprimer progressivement la CSG-CRDS.
Des revenus augmentés de 22 % en cinq ans
Un dispositif jugé équitable pour redonner du pouvoir d’achat aux salariés, puisque la CSG est calculée pour tous sur la base de 9,7 %. Partant du constat que le pouvoir d’achat ne cesse de baisser et que l’activité économique subit un repli sur l’ensemble de ses secteurs, l’U2P réagit par une proposition présentée aux instances nationales et pour la première fois dans l’Aube. L’U2P justifie ainsi un choix plus équitable qu’une baisse des impôts qui ne concernerait pas les 10 millions de foyers qui n’en paient pas. Un moyen aussi d’attirer les compétences vers des métiers délaissés avec des salaires réajustés. Ainsi, un serveur rémunéré au SMIC verrait son salaire passer de 1426 € nets en 2025 à 1734 € nets en 2030, juste par la disparition de la CSG-CRDS. « Aujourd’hui, pour les personnes qui se lèvent tôt le matin, qui se couchent tard le soir et qui triment tous les jours, est-ce que cela vaut le coup de faire autant d’heures ? » interroge le président régional U2P. « Il faut taxer autrement que sur le travail. Il faut nous mettre autour de la table, c’est une priorité de l’U2P de soulager les entreprises. »
Avec un repli d’activité de 4,8 % pour le bâtiment qui accuse de surcroît la suspension de MaPrime Rénov’, une branche du secteur qui enregistre déjà -1 % sur les travaux de rénovation thermique, -0,9 % sur la fabrication et les services, +1 % pour les professions libérales et +0,9 sur l’alimentation et les métiers de bouche au premier trimestre 2025, le contexte reste tendu. « Les métiers de charcutier-traiteur disparaissent. Les classes de formation à ces métiers ferment chez Alméa. Les boulangeries ferment aussi », constate Georges Bell, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de l’Aube. Revenant sur l’aberration des fermetures imposées au 1er mai, la députée Valérie Bazin-Malgras (LR) invitée à la présentation de l’U2P souhaite « laisser travailler les Français. Le rapport au travail est tronqué, à nous de trouver ensemble un cadre législatif qui permettra de travailler dans de bonnes conditions pour que les jeunes s’investissent davantage dans ces métiers ». Des métiers qui doivent aussi être revalorisés, car leur pénibilité et leurs contraintes ne sont plus les mêmes avec des outils plus performants.
Trouver 116 milliards pour compenser
Projetée sur 5 ans, la baisse de la CSG-CRDS serait de 2 points par an pour disparaître en 2030. Une manne d’État de plus de 116 milliards qu’il faudra bien compenser. Si Valérie Bazin-Malgras (LR) soutient la proposition dans ses grandes lignes, elle émet des réserves sur les financements compensatoires envisagés. « Je suis d’accord qu’il faut trouver de l’argent, mais je ne veux pas pénaliser le capital de gens qui ont travaillé toute leur vie pour transmettre à leurs enfants ». La proposition de l’U2P prévoit, en effet, une recette de 116 milliards d’euros issue de revenus financiers ou immobiliers, une contribution des retraités les plus aisés et des droits de succession revus. Ainsi, les héritages de plus de 500 000 € seraient taxés de 10 à 20 % et les droits de succession d’entreprise qui pourraient être exonérés à 90 % sous engagement de continuité de l’activité. Pour le député Jordan Guitton (RN), « si on veut augmenter les salaires, il faut geler les charges et aller chercher des ressources ailleurs. On s’attaque aux recettes, mais pas aux dépenses de l’État. Il faut parler du train de vie de l’État ».
Le second levier de financement envisagé par l’U2P passerait par une modification de la TVA. Avec une baisse sur les produits de première nécessité et une hausse sur les produits de luxe comme les yachts ou les transactions immobilières à plus d’un million d’euros, la TVA se voudrait également plus incisive sur les productions des entreprises françaises à l’étranger et plus favorable aux consommations locales et à l’économie circulaire. Autant de pistes pour financer un projet de revalorisation du pouvoir d’achat qui risquent de faire débat. L’U2P suggère d’ailleurs de poursuivre régulièrement les échanges au plus près du terrain et ouvre la voie de nouvelles discussions pour préparer son big bang.