Ouverture du plus grand drive fermier automatisé des Ardennes
Consommation. Après le drive fermier ouvert en 2019 à Vouziers (Ardennes) l’association porteuse du projet vient de se doter de 146 casiers automatisés, regroupant les produits de 19 producteurs. Une offre très variée qui vient promouvoir les productions locales.
![Photo de Drive automatisé](local/cache-gd2/4e/3af131bf1bdc286b1d13e0b3d7bb50.jpg?1739258179)
C’est juste avant le covid, en 2019, que le projet de drive fermier de Vouziers a vu le jour. Un calendrier qui finalement est venu soutenir une demande des habitants souhaitant consommer local. Le principe est simple : on commande sur internet sur www.drive-fermier-vouziers-08.fr du mercredi matin au mardi soir de la semaine suivante et on vient récupérer son colis le jeudi après-midi.
Seulement le créneau est peu flexible et malgré un vrai engouement, la demande est telle que l’association de producteurs – qui, de sept membres à la création, sont passés à 19 aujourd’hui – décide de développer encore le projet. Un terrain est acheté au 57 rue Gambetta à Vouziers, des modules sont montés et des casiers réfrigérés installés. « Pour la partie drive, nous fonctionnons aussi avec de la livraison en collaboration avec le FJEPCS association sociale qui fait aussi de l’insertion », explique Julien Saint Sevin, président de l’association et pisciculteur à Saint-Morel. Ce dernier vend d’ailleurs une petite partie de sa production au sein du drive fermier.
« J’ai racheté une ancienne pisciculture en 2015 avec comme spécificité d’être le seul élevage de sandre en France en bassin et circuit fermé, ce qui constitue un vrai défi technique. Notre coeur de métier est l’élevage de juvéniles que nous revendons ensuite dans toute l’Europe », explique-t-il. En vente directe, Julien Saint Sevin propose des filets de sandre et de truite fumée, « la truite provenant d’une forte demande ». « Dans notre pisciculture, les traitements chimiques et les antibiotiques sont proscrits. À cela, un traitement des effluents est appliqué pour l’entretien et la durabilité du site », précise-t-il.
146 casiers accessibles
Du poisson made in Ardennes est donc disponible au drive tout comme de la viande. Cécile Malvaux est productrice de viande bovine à Sugny. Elle ne fait que de la vente directe, à la ferme ou sur les marchés, et sa présence au drive fermier a multiplié ses ventes par deux. L’éleveuse s’est investie dans le drive dès sa création. « Au départ, il a fallu aller chercher des subventions, car sans elles, le projet n’aurait jamais vu le jour. Sur les 100 000 euros d’investissement en 2019, 80% ont ainsi été pris en charge par le Fonds européen Leader. » Après quatre années de fonctionnement, la demande est allée croissante et l’année dernière, fort d’un groupe de producteurs conséquent, il a été décidé d’étendre les services du drive fermier en ajoutant 146 casiers accessibles 24h/24.
Avec 500 produits référencés, ce sont environ 150 produits qui sont disponibles en libre-service chaque semaine. Yaourts, oeufs, confitures, fruits et légumes mais aussi savons sont ainsi disponibles à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit. Carine Delmas vend pour sa part des confitures sous sa marque Gonelle à Suc’ avec des parfums très originaux à base de baies, de plantes, de fleurs mais aussi de bière ou de whisky ! Distribuée dans plus de 40 points de vente, elle vient alimenter le drive fermier chaque semaine, avec de nouvelles propositions.
Ce projet de casiers flexibles a quant à lui nécessité un nouvel investissement de 220 000 euros. Or le Fonds Leader n’a cette fois suivi qu’à 25%... Il a donc fallu trouver d’autres subventions, car l’idée était aussi d’embaucher une salariée à mi-temps pour gérer les stocks, entretenir les machines, renseigner les clients… Les producteurs sont alors allés frapper à plusieurs portes. Au final, la Région Grand Est les a appuyés dans leur projet avec un montant de 17 500 €, quand la Chambre d’Agriculture a participé au titre du Plan de Relance à hauteur de 57 600 €. La Communauté de communes de l’Argonne Ardennaise (2C2A) mais aussi le Crédit Agricole et Groupama, ont abondé respectivement à hauteur de 5 000 €, 1 000€ et 800€…
« Nous producteurs, portons avec notre association Coeurs fermiers d’Argonne, 109 625 € », précise ainsi Julien Saint Sevin qui invite les producteurs qui le souhaiteraient à rejoindre le drive, à condition de respecter « l’éthique et les valeurs du groupe ». « Notre but n’est pas de faire de l’agent à tout prix, mais que les producteurs puissent vivre le mieux possible de leur travail », insiste Carine Delmas, qui rappelle que le drive est entièrement géré par les producteurs et pas par un privé. Avec 25 à 40 clients par jour, le drive fermier se porte bien et dépasse les 170 000 euros de chiffre d’affaires à l’année, objectif déterminé par l’étude économique commandée par l’association au CEGAR (Association de Gestion et de Comptabilité spécialisé dans les projets d’installation collective).
« L’association est là pour faire vivre les fermes, ce qui ne nous empêche pas d’avoir encore des projets dans les cartons », poursuit l’éleveuse. Ainsi, une des prochaines étapes serait d’ajouter de nouveaux casiers (car il y a de la place dans le local et de la demande), mais aussi une partie pour les surgelés. Autre objectif, celui d’installer des panneaux photovoltaïques, afin de réduire la facture d’électricité en misant sur l’autoconsommation collective ainsi qu’un raccordement à l’eau courante.