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Ouverture de procédures collectives pour les deux usines ardennaises de Walor

Social. Rentrée pleine d’incertitudes et d’angoisse pour les 235 salariés des deux sites de Walor (Bogny-sur-Meuse et Vouziers). Les indicateurs étaient déjà au rouge depuis plusieurs mois et cette impression a été confirmée la semaine dernière à la barre du tribunal de commerce de Sedan.

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Photo de la SAS Walor de Bogny-sur-Meuse
La SAS Walor de Bogny-sur-Meuse souffre de difficultés et ses salariés craignent un redressement judiciaire. (Crédit : DR)

Après avoir entendu les différentes parties le 23 septembre, le Tribunal de commerce de Sedan a ouvert une procédure de sauvegarde envers l’unité de forge et estampage de la Vallée de la Meuse (135 salariés) et de redressement judiciaire à l’égard de celle du Sud des Ardennes (90 employés) qui avait d’ailleurs effectué une déclaration de cessation de paiement.

D’abord rachetées par Walor le 22 novembre 2018 après la liquidation de la société financière des Ateliers des Janves, puis adossées à l’équipementier allemand Mutares depuis novembre 2023, les deux PME connues localement sous les noms d’Ateliers des Janves et Ardennes Machining Industries (AMI) ont vu leur situation se dégrader au fil des mois.

La faute à un contexte général compliqué dans l’automobile, à la vétusté des parcs machine et à un manque d’investissements qui a abouti à une perte de fiabilité auprès de la clientèle historique. Les business plans successifs mis en place par les repreneurs français et allemand ont échoué en dépit des aides de l’Etat dont ils ont bénéficié pour aller vers l’électrique. Fournisseur de bielles de poids lourds pour Volvo et de boîtiers différentiels pour les véhicules légers, le plus gros employeur de Vouziers, fondé en 1965 - et qui réalisait encore 18 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 en employant 95 employés - apparait, aujourd’hui, le plus menacé. Dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible AMI se trouve en période d’observation jusqu’au 21 novembre 2024.

« On chôme une journée par semaine. Cette situation reste une incompréhension pour les salariés qui estiment avoir été mis de côté » résume Bruno Bodson, délégué syndical CFDT chez AMI.
Ancien leader français dans la fabrication de bielles de moteurs thermiques pour l’automobile, sa consoeur et ex-maison mère de Bogny-sur-Meuse [1] doit fêter ses 100 ans d’existence en 2025. Cet ancien fleuron de l’industrie ardennaise qui travaille pour PSA et Renault mais qui a perdu Scania, Hatz et Volvo - après avoir un moment sous-traité pour le fabricant américain de matériels agricoles John Deere - se retrouve en procédure de sauvegarde.

Forgex fait partie des candidats à la reprise

Les effectifs des deux sites qui ont un moment compté plus de 400 personnes sont plongés dans le doute et attendent un signe fort des dirigeants du groupe germanique pour dénicher un repreneur pour l’une et l’autre entreprise et éviter un fiasco complet. Parmi les porteurs de projets figure l’entreprise Forgex, dirigée par Stéphane Lhote et basée à Monthermé. Implantée aussi à Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne) en Pologne et Suède, cette entreprise employant plus de 200 personnes et appuyée sur Hugh Aiken à la tête du groupe américain X Forge, s’est officiellement positionnée en faisant une offre de reprise pour les deux SAS.

[1En 2007, les Ateliers des Janves avaient acquis et sauvé de la liquidation cette ancienne branche d’APM Group devenue alors Ardennes Machining Industries (AMI).