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« On ne fera pas cocorico... »

Tourisme. Le bilan de la saison touristique estivale auboise affiche une certaine morosité et invite à la réflexion sur le changement des comportements de consommation.

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Bilan touristique estival de l'Aube
Le bilan touristique estival de l’Aube présenté dans le nouvel l’hôtel OKKO de Troyes. (Crédits : MBP)

Les touristes ont boudé l’Aube cet été. Si les Jeux olympiques et le Tour de France avaient donné un coup de pouce à la saison 2024, l’Aube ne pouvait compter que sur ses atouts cette saison. Et, elle en a, mais le contexte économique et social tendu et la météo capricieuse invitent les touristes à la prudence, à des séjours plus courts, décidés à la dernière minute.

Les chiffres de la saison touristique auboise accusent donc un repli général, -5 % sur les visites en journée et -3 % sur les nuitées, marqués par une clientèle étrangère en baisse. Un recul notamment marqué en août. Les visiteurs des Pays-Bas sont les grands absents de l’été avec -24 %, même constat pour la Belgique (-17 %) et l’Allemagne (-20 %). Seule la clientèle Suisse progresse de 4 %.

Quant aux touristes français, s’ils restent majoritaires, ils proviennent des départements limitrophes, principalement de la Région Grand Est et Île-de-France pour des visites à la journée. « Le comportement change. Les clients achètent plutôt un divertissement qu’un dessert à la fin du repas », souligne Christelle Taillardat, directrice d’Aube en Champagne Attractivité. Un constat repris par Didier Leprince, président de l’Agence départementale du tourisme. « Les événements nationaux et internationaux ont mis la France dans le viseur. On ne fera pas cocorico cette année. Le contrecoup nous fait finalement voir que certains font d’autres choix et partent dans d’autres pays un peu plus au sud ».

Alors, si l’ensemble des acteurs se mobilise pour attirer et retenir les touristes, force est de reconnaître que l’offre doit se concentrer sur une clientèle de passage avec une volonté commune de porter ensemble la visibilité et l’histoire du territoire.

Troyes, moteur du tourisme

Dans cette fréquentation contrastée, la Ville de Troyes tire son épingle du jeu avec une aire de camping occupée de 95 à 100 % tout l’été. Les visites guidées progressent de 12 % et la boutique de l’office de tourisme enregistre une hausse record de son chiffre d’affaires de + 49 % notamment sur les produits Made in France. L’office de tourisme a renseigné 236 visiteurs par jour en moyenne, en augmentation de 4 % par rapport à l’an dernier.

Sur le secteur de la Cote des Bar, la Route du Champagne fait pétiller les chiffres avec une fréquentation de + 7,4 % en juillet. Les chiffres du Nogentais et de la Vallée de la Seine montrent une augmentation des nuitées de 16,5 % liée essentiellement à la consommation des entreprises qui interviennent sur les travaux SNCF de la ligne 4. Pour le Pays d’Othe-Armance-Chaourçois, la concentration touristique se fait surtout de mai à juin (+30 %) et accuse un sévère repli de -13 % sur juillet et août. Si les Grands Lacs boivent la tasse avec une baisse de -10,4 % entre mai et août, certains sites restent attractifs comme l’exposition de La Statuaire de Vendeuvre-sur-Barse (4 000 visiteurs), l’Aubamerican Days (16 000 participants) ou encore le Musée Napoléon de Brienne-le-Château ou les activités nautiques des lacs. Des centres d’intérêt qui s’ajoutent aux locomotives touristiques des magasins d’usines troyens et du parc d’attraction Nigloland.

Forte de sa nouvelle identité déployée avant l’été, l’Aube en Champagne Attractivité veut miser sur un tourisme différent pour attirer les touristes. L’attrait de courts séjours avec des accompagnements personnalisés pour découvrir l’Aube autrement semblent faire émerger un nouveau comportement. Avec une météo qui démontre chaque année qu’il n’y a plus de saisons, peut-être faut-il s’en affranchir ?