Nicolas Vanier en équilibriste de talent entre consommation raisonnable et défense de la nature
Conférence. Invité par l’Association des Dirigeants Responsables de la Marne, l’aventurier, depuis une quarantaine d’années sur toutes les neiges et les glaces du monde, l’écrivain et le réalisateur Nicolas Vanier a enfoncé le clou sur deux axes : faire plutôt que dire et construire plutôt que punir.
En introduction à l’intervention de Nicolas Vanier, le Président de l’Association des Dirigeants Responsables de la Marne, David Baron, rappelle les fondements de son association, 70 chefs d’entreprises, dans une diversité d’effectif de 12 à 7 000 salariés pour un ensemble de 25 000 salariés. Une association qui travaille et échange avec le monde de l’entreprise, mais aussi avec le monde politique, les collectivités territoriales, les services publics, les chambres consulaires ou les organisations patronales … Au cœur de ses fondements et sujets de travail : la Responsabilité Sociétale des Entreprises, la qualité de vie au travail, les transports et mobilités, la maîtrise des énergies, la gestion de l’eau ou encore la biodiversité.
Une association qui travaille comment ? Des outils, des moyens, des évènements, des visites d’entreprises et des liens créées entre dirigeants, pour partager les bonnes expériences… Petits slogans de mise, le Président David Baron en quête de ramifications de son association dans d’autres villes de la Marne, hors Reims : « Ensemble, on va plus vite et plus loin… Donner pour recevoir… »
Faire aimer la nature pour mieux la protéger
Le musher Nicolas Vanier quitte son traineau pour atterrir sur l’estrade du grand amphithéâtre du Campus de Reims de Sciences Po Paris. L’objectif de son intervention : « Faire aimer la nature pour mieux la protéger ». Premier temps : « Tu es ce que tu fais ». Et Nicolas Vanier s’en prend à l’emballage qui devient une priorité au détriment du produit. Faire vaut mieux que dire. L’action plutôt que les discours.
Et puis ce vécu quasi-allégorique des deux colonnes, celle de ce qui ne va pas, colonne favorite des Français et celle de ce qui va bien, évidemment à exploiter. Soudeur d’équipe, Nicolas Vanier enfonce le clou : « On ne construit rien sur du négatif ». Petit coup de pied vers les écologistes de celui qui affirme être devenu tous simplement un défenseur de la nature : « Le punitif n’est jamais productif ». Le public découvre alors la forêt ivre. Cette forêt d’arbres couchés et détruits par la fonte des glaces conséquence de la destruction du permafrost protecteur, constatée en Sibérie, au Canada ou en Sibérie, preuve du réchauffement climatique. « Avec des réchauffements de 4 à 7°, la banquise d’été va disparaître. Ce n’est qu’une question de temps… Le lichen, nourriture des rennes, ne pousse plus… »
S’intéresser à ce qui fonctionne au lieu de se lamenter
Ce n’est pas l’apocalypse mais enfin. Nicolas Vanier revient sur la colonne des choses qui vont bien, pour peut que l’on s’y intéresse. Il évoque son expérience avec des milliers d’enfants dans les écoles, il évoque sa collaboration avec des grand groupes sensibilisés par le réchauffement climatique : « Nous avons trop conjugué le verbe avoir. Il faut passer au verbe être… On peut entreprendre en respectant la nature. » Choisir le bien-être des usagers du train, plutôt que de chercher à gagner quelque minutes sur un trajet.
Apprendre à rire au lieu de faire la gueule dans les RER du petit matin. Et devant une assistance garnie de chefs d’entreprise, cette mise en garde : « Les dirigeants anticipent mal le pouvoir des consommateurs, lesquels tôt ou tard vont pénaliser les produits non respectueux de la nature. Malheur aux entreprises qui ne font pas l’effort de respecter et de faire respecter la nature. » À quoi sert un ministre de l’Écologie, en France ou ailleurs ? A rien ! L’écologie se discute à l’échelon mondial. Un pays seul ne peut rien faire : « À problème mondial, réponse mondiale. Ici la gouvernance ne peut être qu’universelle ».
Le renouvelable n’est pas une excuse à la surconsommation
À une question de la salle sur les zadistes, réponse de Nicolas Vanier : « Ils ne font pas avancer les choses. Nous avons la chance d’être en démocratie et les choix d’aménagement de notre territoire participent de cette démocratie. » Encore plus directe, cette autre question concernant le capitalisme et le sauvetage de la planète : « La question du modèle est une fausse question. La solution c’est l’équilibre. » Un mot bien pesé chez Nicolas Vanier et qui, à lui seul, peut résumer sa position dans la défense de la nature. « La Maison brûle et nous regardons ailleurs », Jacques Chirac au Sommet de la Terre à Johannesbourg en 2002 s’est-il inspiré de Nicolas Vanier ? En tout cas, ils se sont rencontrés.
Alors optimiste ou pessimiste Nicolas Vanier ? Dans la version optimiste, on retiendra que la terre est résiliente, mais pour combien de temps encore ? Dans la version pessimiste, on constatera que l’on arrête de faire des enfants, un quart des jeunes Français n’ayant pas envie d’en avoir. Et pour une petite claque au lexique à la mode : « Je n’aime pas le mot renouvelable. Mieux vaut consommer moins que consommer toujours plus parce qu’il s’agit de renouvelable. »