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Nicolas Drapier, nouveau président de la SEFAC

Industrie. Dirigeant et actionnaire majoritaire de la PME ardennaise depuis 19 ans, Emmanuel de Rohan Chabot a cédé récemment son poste à l’occasion du rachat de l’entreprise par six cadres dirigeants. Explications.

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Photo de Nicolas Drapier
En reprenant la SEFAC avec cinq autres cadres dirigeants, Nicolas Drapier a pérennisé l’entreprise à Monthermé. (Crédit : PR)

Détenue par un groupe de sept actionnaires, la SEFAC, acteur majeur dans le monde du levage de véhicules de transports, a connu une évolution importante de son organigramme le 22 juillet 2024. Emmanuel de Rohan Chabot, le Pdg, et trois autres actionnaires, Eric Giot, directeur du service après-vente, Eric Letellier, directeur industriel, et Vincent Jolliot, directeur commercial, ont en effet fait valoir leurs droits à la retraite et mis en vente la pépite de la Vallée de la Meuse. Cette opération initiée dès l’été 2022 vient enfin de se dénouer.

Après avoir été approchés par un concurrent qui souhaitait récupérer l’outil industriel, les actionnaires se sont orientés vers une autre solution : un rachat en interne de la PME ardennaise. Nicolas Drapier a alors peaufiné un projet de reprise avec dans un premier temps le soutien de deux autres collègues-actionnaires, Philippe Maigre, directeur de la filiale espagnole et responsable export, et Yvon Squividen, le directeur des achats et des finances.

« Puis, je suis allé voir Valentin Santerre, le directeur industriel, Christophe Burioni, responsable commercial ferroviaire et directeur de la filiale anglaise et Laila Moujib, la directrice commerciale, en leur proposant de prendre part au rachat d’une entreprise dans laquelle ils ont travaillé de nombreuses années. En l’espace de 24 heures, nous avons décidé d’y aller tous les six avant de faire une proposition aux quatre vendeurs en novembre 2022 », retrace Nicolas Drapier.

Par la suite et en raison de différents aléas - dont la conjoncture économique, la variation des emprunts, la frilosité des banques et l’intervention des avocats pour la rédaction des contrats - près de deux ans ont été nécessaires afin de finaliser les négociations, le 22 juillet 2024. « C’est en général le temps demandé pour concrétiser une LBO (Leverage Buy Out) » note Nicolas Drapier.
« Il a aussi fallu qu’on trouve des fonds supplémentaires via des obligations convertibles auprès de BPI France pour ficeler définitivement un dossier complexe en raison de la présence de trois filiales étrangères au sein du groupe SEFAC », ajoute le nouvel actionnaire majoritaire qui détient 51 % des droits de vote, ses cinq associés se partageant le reste de l’actionnariat.

19 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 70% à l’export

Aujourd’hui, le groupe SEFAC, seul fabricant français de machines mobiles destinées à lever des véhicules lourds (bus, camions, trains et métros) qui réalise un chiffre d’affaires de 19 millions d’euros [1] dont 70 % à l’export dans une cinquantaine de pays va ainsi poursuivre l’aventure commencée en 1968 [2] .

Implantée sur un marché de niche, SEFAC qui possède trois filiales à l’étranger (Etats-Unis, Espagne et Angleterre) travaille tant avec des clients publics que privés utilisant ou entretenant des véhicules lourds. Comme Alsthom, la SNCF, la RATP, la RDTA, les Transports Archereau et Ardenne Métropole entre autres. L’entreprise qui emploie une cinquantaine de personnes à Monthermé peut se targuer d’avoir équipé le métro de New York, le nouvel aéroport de Hong Kong, la société de transport de Bruxelles, le métro parisien, le tramway de Rio de Janeiro, les bus de Las Vegas.

« Depuis sa création, l’entreprise a conçu, produit et commercialisé 45 000 machines. C’est une belle pépite qui réalise de beaux produits et peut compter sur un personnel impliqué et motivé », estime Nicolas Drapier qui, depuis 1996, a tour à tour travaillé ici comme documentaliste technique, chargé de projets à l’export au bureau d’études, directeur de production puis au commerce international, à la direction commerciale et au marketing. Avant de devenir directeur de la filiale américaine et directeur-général adjoint. Il prend les rennes de l’entreprise avec l’objectif de développer les marchés du groupe à l’international et notamment en Espagne en visant une croissance de 10 % et aux Etats-Unis où la SEFAC veut passer son volume d’affaires de 3 à 5 milliards.

[1Douze millions d’euros pour SEFAC France.

[2La Société d’Estampage et de Forge Ardennes Champagne a été créée en 1884 par la famille Despas avant d’être reprise par le groupe financier britannique Triapt en 2001 et rachetée une première fois par ses cadres en 2005.