Muance et Plurial Novilia : vers une révolution du logement
Construction. Partenaire du bailleur Plurial Novilia, la start-up Muance (Vatry, Marne) réalise des constructions de bâtiments durables et grâce à une solution alliant industrialisation et système modulaire.
Un procédé de construction de logement qui permet de réaliser 50% de gain de temps, 30% de réduction des coûts avec une empreinte carbone réduite de 60%, c’est ce que propose la start-up Muance. Fondée par Lionel Morenval, elle est en cours d’implantation sur la Zone Industrielle de Vatry (Marne) et devrait pouvoir livrer ses premiers projets fin 2022. Et c’est le bailleur Plurial Novilia qui se lance en premier dans l’aventure à ses côtés. L’organisme champardennais « fer de lance du groupe Action Logement depuis de nombreuses années », selon Damien Sionneau, président du CRAL groupe Action Logement, et réputé pour son engagement dans les innovations (écoquartiers, maisons connectées, constructions 3D…), franchit une étape de plus en faisant appel au nouveau procédé proposé par Muance : à savoir des logements modulaires en béton bas carbone et isolant biosourcé.
Pour Fabien Petit, « la qualité est inhérente au logement social mais cela ne suffit pas toujours. C’est pour cela qu’il nous faut innover. Notre ambition est de faire bouger les lignes », note le président de Plurial Novilia, qui rappelle : « la construction de logement social a baissé de 17% en 2020 et de 25% sur les cinq dernières années alors que, la demande tutoie des sommets ». Une chute que les professionnels mettent à la fois sur le compte de la crise sanitaire et de la mise en place tardive des équipes municipales mais qui rend l’accès au logement de plus en plus difficile pour les classes populaires. D’où le vif intérêt du bailleur pour la solution développée par Muance.
Répondre à une urgence sociale
Plurial Novilia va ainsi mener une première expérimentation portant sur cinq programmes totalisant 90 logements, sous la forme de petits collectifs et de maisons individuelles, qui pourraient être déployés dans plusieurs communes du territoire du Grand Reims (Bétheny, Fismes, Taissy). Pour Alain Nicole, directeur général du bailleur, il s’agit désormais pour les acteurs du logement social de trouver les partenaires adéquats pour atteindre le bon équilibre dans le montage des opérations, notamment face à l’envol du prix du foncier : « En nous rapprochant de Muance, nous souhaitons faire émerger une solution à la fois économiquement viable, efficiente sur le plan environnemental et rapidement déployable ».
Répondre à une urgence sociale tout en assurant un modèle économique pérenne en quelque sorte. D’autant, selon lui, que les bailleurs sont plus que tout autre acteur de la construction engagés dans la qualité en raison de leur mission de gestion de leurs constructions dans le temps. D’où cette implication dans l’innovation technique et d’usage. « Bien avant le Covid, nous mettions des balcons en façade et nous travaillions déjà sur la modularité », précise-t-il.
Muance, une start-up ambitieuse
Créée en 2020, la start-up Muance est dirigée par Lionel Marenval. Cet Aixois veut, avec sa jeune entreprise innovante « devenir un leader écologique et économique français de la construction ». Pour cela, il mise sur une solution portant « sur l’ambition d’apporter un confort de vie au plus grand nombre par un habitat abordable, durable et évolutif ». Sans oublier une amélioration de l’empreinte environnementale au niveau de la fabrication des logements. « La construction est le dernier secteur d’activité qui n’est pas encore industrialisé », constate le dirigeant, qui a donc réfléchi à un nouveau procédé permettant de répondre à cette problématique mais aussi à celle de la complexité croissante qui touche le domaine du bâtiment.
« Nous prévoyons de créer une vingtaine d’emplois en 2022 et quarante dès 2023 »
« Pour continuer à avancer, il faut répondre à certains enjeux comme la maîtrise des coûts, la maîtrise des délais, la diminution de l’empreinte carbone et l’adaptabilité de l’habitat », souligne-t-il. Après deux années de recherches avec le Cerib (Centre d’excellence en recherches et en innovation pour l’industrie du béton), Muance dispose aujourd’hui d’une technique novatrice grâce à un brevet déposé, une licence exclusive et deux autres brevets en cours de dépôt. « Nous avons mis au point un béton de haute technologie, trois à quatre fois plus léger et dix fois moins conducteur que le béton classique ».
Une technique novatrice
Un béton sans sable mais avec une injection d’air pour obtenir une matière ressemblant « à de la mousse au chocolat », image Lionel Marenval. Une matière injectée dans des moules pour créer des plaques de béton qui seront ensuite assemblées entre elles en atelier pour obtenir des modules complets de 20 m2, transportés par camion. En misant sur la construction hors-site, la start-up fait le pari de la rapidité (50% de gain de temps) puisque la majeure partie de la construction sera réalisée en atelier, l’assemblage des modules sur le terrain se faisant ensuite dans des délais records de quelques semaines seulement.
Quant aux matériaux utilisés pour l’isolation, ils seront réalisés à partir de fibres végétales issues de biomasses locales (comme le miscanthus) disponibles dans un rayon de 50 km autour de son site de production marnais. En effet, pour réaliser ces logements, Muance va construire un site industriel de 4 000 à 6 000 m2 sur un terrain de 3,5 hectares au coeur de la Zone Industrielle de Vatry. Un investissement de 8 millions d’euros financé par un appui bancaire « en cours de finalisation », mais aussi de subventions (à hauteur de 1,8 M€ émanant du Plan de relance, du CRSD de Châlons, des fonds européens et de la Région Grand Est) et d’un « appui » de la Banque des Territoires.
Après avoir signé le compromis d’achat du terrain à Vatry, Muance espère pouvoir lancer les travaux de l’usine début 2022 pour démarrer sa production de logements en septembre et livrer les premiers chantiers (11 maisons et 26 logements collectifs) fin 2022, à Fismes et à Taissy, si les projets sont validés par les Conseils municipaux des communes. Pour pouvoir réaliser ses objectifs de construction de 500 logements par an en zones rurales et périurbaines, l’entreprise envisage, à terme, une centaine d’emplois. « Nous prévoyons de créer une vingtaine d’emplois en 2022 et quarante dès 2023 », précise le dirigeant, qui annonce notamment la formation de jeunes aux métiers du bâtiment dans le cadre du service militaire volontaire. Lauréate « territoires d’industrie » de France Relance, Muance suscite déjà l’intérêt d’autres partenaires, dont Action Logement qui réfléchit au déploiement de son procédé auprès de ses différentes filiales au niveau national.