MSK, l’alliage parfait
Artisanat. Voilà 8 ans que Kevin Kopko a créé son entreprise de métallerie serrurerie, MSK, à Reims. Avec un positionnement de plus en plus axé sur des chantiers premium, son développement est en constante progression. Tout comme sa renommée.
Il ne faut pas se fier à la petite taille (200 m²) de son atelier, MSK multiplie les chantiers. Au départ, Kevin Kopko a même commencé dans le garage de son père. Cet autodidacte a « toujours voulu travailler dans le bâtiment, car issu d’une famille évoluant dans ce milieu ». Mais arrivé en fin de collège, on lui déconseille de se diriger dans cette voie, malgré son attirance – déjà – pour la métallerie. Il s’oriente alors vers une formation en mécanique, mû par sa passion pour les motos. Mais cela ne lui plaît pas. Le destin fait qu’il trouve un stage d’un mois auprès d’un métallier rémois qui accepte de lui apprendre les bases du métier. Devant son vif intérêt, le stage se transforme en CDD d’une année.
« J’étais en fabrication avec le chef d’atelier. Puis au bout d’une année en CDD, j’ai été embauché et je suis resté au final 5 ans dans cette entreprise. » Parti ensuite ailleurs « pour évoluer et apprendre de nouvelles techniques », il effectue son propre Tour de France, comme on le pratique chez les Compagnons du Devoir.
Alors quand il revient dans la région, en 2016, c’est pour lancer sa propre activité. Avec l’atout d’avoir des contacts dans le bâtiment, il décroche ses premiers chantiers sans trop de difficultés. Puis arrive, LE chantier qui fait basculer les choses. « Je devais concevoir une très grande verrière pour un particulier, assez technique. Je n’ai pas eu d’autre choix que de m’installer pour concevoir les pièces. » Avec les quelques machines acquises au fil des ans, il s’installe en 2018 dans ses locaux actuels, avenue Henri Farman à Reims. « J’ai pris un apprenti aux Compagnons et on a commencé comme ça. » Aidé de Compagnons qui viennent parfaire leur apprentissage, Kevin Kopko a rapidement besoin d’un chef d’atelier. « J’ai alors embauché Jean-Marie, mon chef d’atelier de l’époque, celui qui m’a tout appris ! Ça a toujours été dans un coin de ma tête et quand l’occasion s’est présentée, il m’a accompagné. » De son ancienne entreprise, aujourd’hui fermée, il propose également à un ancien collègue de le rejoindre, car s’il créé son entreprise sans aides particulières, le jeune homme a néanmoins besoin de faire les choses « en confiance ». Ainsi, le dernier embauché est son père. « Il a travaillé auparavant dans la menuiserie, et il intervient plutôt sur tout ce qui est partie boiserie quand nous créons des aménagements. »
Explosion sur les réseaux sociaux
En 2021, après le Covid, l’entreprise traverse des difficultés et doit se remettre de l’arrêt d’un certain nombre de chantiers. « C’est à ce moment-là que je rencontre Thomas Scirpo, qui possède l’agence de communication digitale Studiovingtrois. On réfléchit ensemble à développer la communication sur les réseaux sociaux, Instagram et LinkedIn. » Ces deux réseaux sont choisis, l’un pour l’importance de ses visuels, « nous travaillons beaucoup avec des agences d’architectes et des architectes d’intérieurs », l’autre pour les réseaux professionnels. « La première année, j’ai calculé que 300 000 euros de mon chiffre d’affaires provenaient directement des réseaux sociaux, c’est-à-dire que nous avons été contactés par ce biais, grâce au travail effectué par Thomas et son agence », explique-t-il. « Instagram est une véritable vitrine, nous sommes suivis par un certain nombre d’architectes qui désormais nous contactent directement sur notre page après avoir vu nos réalisations. »
Particuliers, entreprises, Maisons de champagne… La clientèle de MSK s’étoffe. « Notre chiffre d’affaires est en constante progression, en 2024, nous avons atteint 720 000 euros, dont 60% sont apportés par des particuliers et 40% par des entreprises », indique Kevin Kopko. La Maison Lehmann, l’Assiette Champenoise, la Maison Taittinger, Moët & Chandon lui font désormais confiance pour la réalisation de plusieurs pièces.
La métallerie est la branche du bâtiment qui regroupe l’ensemble des corps de métiers assurant la fabrication et la pose de différentes installations métalliques, sur un bâtiment. « Le serrurier-métallier travaille en atelier et sur chantier. Nous, nous montons toutes nos pièces préalablement en atelier. On peut travailler sur des pièces d’architecture légères, comme des rampes d’escalier ou encore des encadrements de porte. Nous avons par exemple fabriqué des claustras en métal pour l’Assiette Champenoise, nous avons aussi travaillé sur tout l’aménagement des Caves du Forum ou encore sur les vitrines de la Maison Chartreuse à Paris. »
De très belles références auxquelles s’ajoute un chantier qui tient particulièrement à cœur de Kevin Kopko : celui de la réhabilitation des anciens ateliers Simon-Marq, rue Ponsardin. « C’est un de nos plus beaux chantiers, très technique. »
De l’importance du management
Du fait de la réalisation des pièces en atelier, même les plus monumentales – ce qui oblige les équipes à faire preuve non seulement d’organisation mais également d’inventivité – les chantiers de MSK se trouvent essentiellement dans la région rémoise et en région parisienne. « Nous intervenons aussi un peu plus loin comme à Barcelone ou sur les bords du lac Constance, mais c’est plus rare », confie-t-il. « L’avantage de Paris, c’est que ce sont des projets hors du commun. » Comme récemment une annexe de Louis Vuitton. Aujourd’hui, une équipe de six métalliers poseurs ainsi qu’un chef de projets 3D et une administrative composent l’équipe de la métallerie. En ce qui concerne la peinture, MSK travaille avec un prestataire. En septembre 2024, un nouveau métallier va arriver afin d’absorber la demande, avec un carnet de commandes plein à 6 mois. Se pose donc la question de l’espace. « C’est un sujet », glisse Kevin Kopko, sans en dire d’avantage, mais on imagine qu’en 2025, un déménagement risque de se profiler.
« Nous ne fermons pas l’atelier pendant les vacances, j’ai la chance d’avoir une équipe qui tourne et sur laquelle je peux compter et m’appuyer », insiste-t-il. Le management est d’ailleurs une préoccupation majeure du trentenaire, lui qui a embauché son ancien chef d’atelier : « Il a fallu que j’apprenne à me positionner comme le patron, cela n’a pas été évident et je me forme à cela depuis trois ans, avec une coach, Aline Hanot. » Voulant « dépoussiérer » l’image du bâtiment avec un fonctionnement très vertical, Kevin Kopko essaye plutôt d’insuffler « un esprit un peu start-up », avec plus de collégialité.
La clé, pour lui, réside dans la confiance entre les membres de l’équipe et la direction. « Tous les ans, je présente le bilan. Les entrées, les sorties, les bénéfices. Et j’explique chaque point pour que tout le monde comprenne et sache comment fonctionne notre trésorerie. Pour une question de transparence et aussi, car lorsque j’étais moi-même salarié, j’aurai bien aimé que l’on m’explique tout cela. Enfin, c’est important pour moi de montrer que tout cela, c’est aussi grâce à eux. » Toutes ces questions, il les aborde à la FFB Jeunes dirigeants dont il est membre.
Une « modernité », qui a poussé des organismes comme Reims Legend’R à s’intéresser à lui. L’idée est de parler de Reims non seulement pour le champagne mais aussi pour tous les autres talents qui s’y trouvent. « Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir choisir mes chantiers. Il y a encore de très belles choses sur lesquelles j’aimerai travailler. Un chantier Monuments historiques par exemple », espère-t-il. À l’avenir, l’objectif pour MSK est « d’aller chercher le million » tout « en conservant ma place dans l’atelier », souligne Kevin Kopko. « Le but n’est pas d’avoir une énorme structure, je souhaite continuer à travailler le métal, c’est ce qui me fit vibrer à la base, même si de fait, je suis moins présent en production. » Pour autant, le jeune homme continue de se former et d’entrer des commandes atypiques et prestigieuses.
« Récemment, on nous a commandé, pour les JO, un petit miroir de style art déco de la forme d’une bouteille de champagne, pour offrir à certains porteurs de flamme, dont Marie-José Perec. » Tel un athlète de fond, Kevin Kopko continue de s’engager dans sa société, sans pour autant chercher la performance à tout prix. Récemment, il a néanmoins engrangé deux récompenses : le Prix DCF pour sa démarche RSE et le Grand Prix de l’entrepreneuriat 2023 comme Entrepreneur de l’année en Champagne Alsace Lorraine. Des médailles, il n’a sans doute pas fini d’en récolter !