Moroni, une entreprise à la relance
Matériaux. L’entreprise marnaise spécialisée dans l’exploitation de carrières et l’extraction de matériaux vient de réaliser un investissement de 1,4 million d’euros, accompagné par Bpifrance dans le cadre de France Relance.
Créée en 1925, l’entreprise Moroni a pour la première fois de son existence sollicité et obtenu une subvention à la faveur du plan France Relance. « Notre dossier comprenait l’achat de machines : deux pelles, deux chargeuses et quatre chariots élévateurs », explique Hugues Moroni, directeur général de l’entreprise familiale créée par son grand-père Charles. Un investissement de 1,404 M€ auquel a contribué le Plan de relance, via Bpifrance, à hauteur de 550 000 euros, au titre du soutien à la décarbonation et du maintien de l’emploi.
Grâce à ces nouveaux engins acquis auprès d’une entreprise locale et dont la moitié ont été fabriqués en France, le chef d’entreprise compte bien continuer à emmener son entreprise vers une démarche environnementale toujours plus soutenue. Les pelles hybrides notamment vont lui permettre d’améliorer le bilan carbone de son activité.
« Nous avions déjà deux pelles hybrides, désormais 100% de nos pelles seront hybrides. Moins bruyantes, plus rapides, elles consomment aussi deux fois moins d’énergie. Avec nos nouvelles machines, nous avons calculé un gain de 20% à 30% de CO2 », souligne-t-il. Consommation d’eau, énergie, maintenance, emploi… les machines ont un impact sur de nombreux postes de cette entreprise fortement engagée dans une démarche de RSE et de certification et dont les métiers restent souvent méconnus du grand public.
Le big bag en vedette
Spécialisée dans l’exploitation des carrières et la valorisation des déchets issus de la démolition, l’entreprise Moroni possède aujourd’hui près de 1 500 hectares de terrains. « Nous sommes un gros propriétaire terrien, c’est une stratégie familiale historique », souligne le directeur général. L’exploitation d’un terrain concerne des gisements de 40 cm à 2,5 m de profondeur, selon la nature du sol. « Une fois extraits, les matériaux sont envoyés vers nos installations de traitements où les granulats sont cassés, criblés, concassés et stockés ». Les carrières sont ensuite remblayées ou aménagées, en étangs pour la pêche, par exemple. La société dont le plus important site est implanté à Orconte, près de Vitry-le-François, commercialise ensuite ses granulats.
Une activité qui a connu une quasi-révolution au cours des dernières années, comme l’explique Hugues Moroni. « Nous avions plus de 3000 clients il y a trois ans, aujourd’hui nous en avons un peu moins de 300 ». Une restriction volontaire du portefeuille de clientèle, en stoppant notamment la vente auprès des particuliers à l’occasion de la crise sanitaire, trop chronophage et finalement peu rentable pour les équipes. L’entreprise a également constaté une évolution de sa clientèle professionnelle. Ainsi, les travaux publics consomment de moins en moins de granulats, mais de plus en plus de produits recyclés. Parallèlement à cela, Moroni SA poursuit sa production de parpaings (15% du chiffre d’affaires de l’entreprise à raison de 10 000 pièces produites par jour) et met l’accent sur le développement de la commercialisation des Big Bag, ces sacs de toiles qui contiennent 1,4 tonne de granulats. « Il y a cinq ans, cette activité n’existait pas chez nous.
« Aujourd’hui, ce qui pose problème dans l’exploitation des carrières, c’est l’archéologie »
Aujourd’hui elle représente 30% de notre chiffre d’affaires et elle continue de progresser. Le Big Bag fait partie de nos axes de développement stratégiques et apporte énormément de valeur ajoutée », précise le dirigeant dont les équipes ont inventé un procédé de production pour améliorer la rapidité du conditionnement. « Nous sommes capables de préparer un Big Bag en une minute », souligne Hugues Moroni, qui livre ainsi de nombreuses enseignes de GSB (grandes surfaces de bricolage) telles que Leroy Merlin, Castorama, Brico Dépôt…
Une cinquantaine de sous-traitants
Au niveau de l’emploi, l’entreprise compte une centaine de salariés et génère de nombreux emplois indirects. « Ces cinq dernières années, nous avons sécurisé beaucoup de CDD et d’intérimaires que nous avons passé en CDI. Par ailleurs, une cinquantaine de sous-traitants, dont des transporteurs qui travaillent avec nous chaque jour ». Enfin, du côté des approvisionnements, l’entreprise est constamment dans l’anticipation afin de disposer de gisements en permanence.
« Aujourd’hui, ce qui pose problème dans l’exploitation des carrières, c’est l’archéologie », regrette Hugues Moroni qui a constaté une flambée des coûts et un allongement des calendriers au cours des dernières années. Ce qui n’empêche pas Moroni SA d’avancer ses pions. « Il faut compter entre deux et cinq ans avant de pouvoir ouvrir une carrière. Depuis 2020 nous avons obtenu six autorisations ou installations classées, réalisé sept recolements (sorte d’inventaire de fin de chantier, NDLR) et obtenu trois permis d’aménager. Nous avons une vingtaine d’années de gisements d’avance et une quinzaine de projets en cours d’instruction ». De quoi continuer à faire grandir l’entreprise, dont le chiffre d’affaire est de 25 millions d’euros en 2020, en progression de 5% par an en moyenne.