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Mob-ion réinvente le scooter électrique pour relever le défi chinois

Mobilité. Cette jeune PME, installée à Guise depuis 2020, a trouvé le moyen de développer et produire un scooter plus durable que les autres modèles sur le marché, pour la plupart chinois, et de ce fait bien moins coûteux à terme.

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Photo du scooter de Mob-ion
Baptisé AM1, le scooter de Mob-ion est du type équivalent à 50cc, plus accessible que les deux-roues plus puissants et plus simple à construire. (Crédit : FL)

A chaque étape de sa jeune et singulière existence, Mob-ion a fait preuve d’adaptation et d’invention.

Créée en 2014 pour distribuer des deux-roues électriques, elle a vite été confrontée au problème de leur coût. Pour pouvoir équiper notamment les livreurs, elle a adopté le principe de la location : « On ne vend plus un produit mais un service », précise son fondateur, Christian Bruère.

Mais la longévité n’était pas le fort de ces engins, qui arrivent le plus souvent de Chine par containers entiers.

« Le moins fiable de leurs différents composants détermine leur durée de vie », explique le président de Mob-ion. Prenant le contre-pied de cette « obsolescence programmée », il lance l’idée de la « pérennité programmée » et l’entreprise se met à concevoir ses propres scooters.

Scooters démontables et pièces réutilisables

Repérée et soutenue par l’Ademe et différents acteurs publics, elle s’installe en 2020 à Guise, dans le voisinage du célèbre Familistère.

Son partenaire industriel local ayant été terrassé par l’épidémie, Mob-ion reprend l’usine de 24 000 m² et y développe une méthode innovante : le scooter, de conception robuste, est rendu aisément démontable pour récupérer les pièces, les réparer et les réutiliser dans un nouveau produit ou bien les recycler.

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, l’a citée en exemple sur son blog. Ce procédé de « remanufacturation » offre un cycle de vie bien plus long. L’amortissement est calculé sur 20 ans et le coût se révèle de 20 à 30 % inférieur à celui de la concurrence.


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De plus, le locataire a la garantie, tout au long de son contrat de deux ans, de disposer d’un engin en fonctionnement. Celui-ci est connecté, l’usure des pièces est contrôlée et le remplacement est effectué sans délai.

Baptisé AM1, le scooter de Mob-ion est du type équivalent à 50cc, plus accessible que les deux-roues plus puissants et plus simple à construire… et à démonter qu’eux. Il est proposé en deux versions :

« mono-batterie », à 70,80 € TTC par mois ; ou « double pack », pour plus d’autonomie, à 94,80 €. Sa puissance nominale est de 3kW et sa vitesse de pointe de 45 km/h.

Côté énergie, il protège à la fois la planète et le portefeuille de son utilisateur. Assemblé à partir d’éléments produits à plus de 70 % dans le pays, il bénéficie du label « Origine France Garantie ».

Des batteries en circuit court et d’usage prolongé

Le nœud du problème ce sont les batteries, avec leur environnement électronique, qui représentent près de la moitié du coût de l’ensemble. « Cela n’a pas grand sens, estime un spécialiste, de les faire venir de Chine pour les stocker dans des hangars où elles se détériorent. »

Mob-ion est engagée dans un partenariat avec l’entreprise Tiamat, située à Amiens, qui développe des cellules ion-sodium à recharge ultra-rapide et susceptibles de supporter 8 000 cycles.

Elles sont impliquées dans un consortium avec le CNRS et le CEA pour leur expertise dans l’analyse de cycle de vie (ACV) des batteries. L’objectif fixé est de les utiliser dans les scooters les premières années, puis de s’en servir pour stocker de l’énergie, avec une durée de vie globale de 14 ans.

Passé les obstacles à l’installation et aux investissements, la voie de Mob-ion - et de ses congénères - paraît toute tracée.

En 2021, 22 000 scooters électriques ont été immatriculés en France et, d’après les estimations, 50 % de plus l’an dernier. Pour les pionniers de cette industrie en France, 2023 devrait être l’année de la mise en route des lignes de production.