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Mob-E-Scrap, nouveau partenaire pour Sanou Koura

Industrie. Désormais adossée à la start-up Mob-E-Scrap, spécialisée dans les déchets complexes, la future entreprise doncheroise pense pouvoir démarrer son activité de recyclage de métaux rares à la rentrée prochaine.

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Démonstration du recyclage
Le recyclage des métaux rares contenus dans les déchets électroniques est un enjeu environnemental clé de demain. (Crédit : Illustration Shutterstock)

Lauréate en 2022 de l’appel à projets du plan France 2030 « Métaux critiques », ce qui lui assure une aide de 11 millions d’euros (8 en subventions et 3 en avances remboursables), l’entreprise dirigée par Michel Trabuc va enfin pouvoir mettre en place le projet mis au point dans différents grands laboratoires depuis 2014. « Rassurez-vous, ce dossier vit et avance, d’autant qu’un nouveau partenaire s’est associé à notre procédé. Nous avons effectué beaucoup de tests qui se sont avérés concluants sur le site pilote dont nous disposons à Quesnoy-sur-Deule dans les Hauts-de-France et nous prévoyons de démarrer à Donchery en octobre », indique le dirigeant.

Longtemps dans les cartons mais disparue des radars depuis plus d’un an – ce qui avait suscité des questionnements de la part des pouvoirs publics lassés de plusieurs volte-face – la future usine d’extraction de métaux rares issus de déchets électroniques voulue par Michel Trabuc verra le jour à Donchery, sur l’ex-friche Glaverbel acquis par l’Etablissement public foncier du Grand-Est et loué par l’usufruitier, Ardenne Métropole.

Après avoir connu des moments délicats depuis le décès, en juillet 2023, de Christian Thomas, son associé – « il était ingénieur polytechnicien et la référence technologique du projet et sa disparition a inquiété nos investisseurs » – et accumulé du retard pour faire émerger le programme Sanou Koura « car il est difficile de créer une usine sur un marché novateur dans le contexte du moment », Michel Trabuc, en suivant les conseils de Bpifrance, a donc réajusté le concept.

Un appui déterminant pour la relance du projet

Le partenariat noué avec une start up française, Mob-E-Scrap, basée à Martignat dans l’Ain, a permis d’augmenter le capital de Sanou Koura, de boucler une partie du financement, de renforcer le concept initial et de redonner l’élan nécessaire au programme.

Créée en 2021 et spécialisée dans le recyclage des déchets complexes et le traitement des déchets multi-matériaux et des composites, la société rhônalpine est dirigée par Eric Louvert. Elle a acquis une notoriété certaine dans la technologie du délaminage, invention brevetée au niveau européen pour le recyclage des déchets du secteur aéronautique. Ce qui lui a permis de remporter le Prix Airbus et d’être labellisé Deep Tech et soutenu par Bpifrance et EIT RawMaterials.

Sanou Koura s’est donc remise sur les bons rails et va pouvoir boucler son tour de table financier afin d’engager plus de 20 millions d’euros d’investissements et arriver à terme à la création de 80 emplois. « Nous avons mis en place une filière d’approvisionnements avec des collecteurs dont l’Ardennais Arcavi et dans un secteur où la demande est plus forte que l’offre, toute notre production de métaux est d’ores et déjà vendue. Il nous reste maintenant à installer notre chaîne de production avec les premières unités de réception et de transformations de la matière pour traiter les premiers volumes », souligne Michel Trabuc qui procèdera en vue de cette montée en puissance à une première levée de fonds d’un million d’euros en septembre 2024 pour acquérir les équipements nécessaires à ce démarrage.

« Une fois la machine lancée, notre objectif est de récupérer 20 000 tonnes de matières premières entrantes issues des poubelles de « la mine urbaine » (cartes mémoires et composants électroniques, disques durs, smartphones, ordinateurs, tablettes…), ce qui nous permettra après broyage, dégazéification et électrolyse de valoriser ces métaux précieux (cobalt, tantale, palladium, lithium, or, argent, cuivre, nickel) en sortant de notre usine ardennaise entre 2 000 et 4 000 tonnes de cuivre ».

À noter qu’une entreprise ardennaise, BJ Industries, installée sur la zone de Tournes/Cliron contribuera à ce démarrage en fournissant à Sanou Koura un four rotatif basculons destiné à la fusion-réduction des métaux rares. Si ce planning est enfin respecté, la France pourrait disposer grâce à cette entreprise ardennaise d’un gisement stratégique de matière premières indispensables à l’industrie.