Méthanisation : agriculteurs et éleveurs à la manœuvre
Énergie. Les revenus de la méthanisation s’inscrivent toujours dans une diversification des revenus de la filière agricole.
Le droit à l’injection a modifié la donne. La possibilité donnée aux méthaniseurs d’injecter directement le gaz produit dans les réseaux publics de transport a donné un nouvel élan à cette énergie renouvelable. Auparavant, ces équipements fonctionnaient en cogénération produisant de la chaleur et de l’électricité avec un rendement moins intéressant. Injecter le biogaz produit dans le réseau est plus intéressant : la productivité est meilleure, les tarifs de rachat plus intéressants, en particulier pour les éleveurs, et début mars, l’État vient de porter de 40 à 60 % le niveau de prise en charge des coûts de raccordement des installations de production de bio-méthane aux réseaux de gaz. Début mars toujours, c’est la Commission européenne qui annonce doubler son objectif de production de bio-méthane à partir de déchets issus de l’agriculture, d’ici 2030.
Au niveau du Grand Est, première région française pour la production de gaz vert, l’Aube et la Marne avec respectivement 33 et 29 projets fin 2021 font la course en tête. Des départements avec une activité agricole importante. « Ce sont d’ailleurs très majoritairement des agriculteurs qui investissent dans les unités de méthanisation en se regroupant à plusieurs localement », souligne Emmanuel Connesson, directeur territorial régional Grand Est de GRDF.
Le modèle économique relève d’une économie circulaire. Éleveurs et agriculteurs « alimentent » le méthaniseur avec des sous-produits et des déchets de l’exploitation (fumier, lisier, pulpes, voire cultures intermédiaires à valorisation énergétique). La fermentation produit du gaz injecté dans les réseaux en produisant un revenu de diversification. Enfin, le processus génère un digestat que l’agriculteur va pouvoir répandre sur ses terres. Un engrais organique et naturel qui remplace avantageusement, tant sur le plan financier qu’environnemental, les intrants chimiques.
Un modèle économique défini
Pour l’agriculture régionale la marge de développement est importante. « Une étude menée avec les chambres d’agriculture du Grand Est a démontré que seulement 17 % des effluents d’élevage produits dans la région étaient valorisés dans un méthaniseur, nous pouvons aller plus loin à la fois parce que les gisements agricoles sont importants et que nos réseaux sont en capacité d’accueillir des volumes plus importants », analyse Emmanuel Connesson.
Il reste qu’il s’agira toujours de méthaniseurs de taille modeste, notamment pour limiter les zones d’approvisionnement et d’épandage. La charte du développement de la méthanisation en Grand Est, portée par la Région, le stipule clairement en citant aussi la méthanisation comme « vecteur d’évolution du modèle agronomique et économique des exploitations agricoles ».