Mercosur : l’Aisne agricole en ordre de bataille
Agriculture. « Triple peine pour les agriculteurs » : c’est le cri de guerre lancé par l’Union des Syndicats Agricoles de l’Aisne et les Jeunes Agriculteurs lors de la mobilisation du mercredi 12 novembre au rond-point de l’Europe à Laon. Accord Mercosur, taxe engrais MACF au 1er janvier 2026, budget PAC en berne : les exploitations axonaises, déjà au bord de la rupture, refusent d’être sacrifiées.
Le rassemblement organisé mercredi soir est intervenu dans un contexte explosif. Depuis les déclarations d’Emmanuel Macron début novembre, qui s’est dit « plutôt positif » sur l’accord UE-Mercosur, la colère agricole enfle dans tout le département. L’USAA et les JA 02 se joignent au mot d’ordre national FNSEA pour dénoncer un accord « destructeur » pour l’agriculture locale martelant : « défendons notre agriculture, notre souveraineté, et le bon sens. ».
Les chiffres donnent le vertige. La taxe carbone MACF représentera dès janvier 100 euros par hectare de charges supplémentaires : 120 euros pour la solution azotée, 140 euros pour l’urée, 60 euros pour le DAP. « Des marges déjà réduites, des coûts qui explosent », résume le tract de mobilisation. Pendant que les charges flambent, les frontières s’ouvrent grand aux produits sud-américains « souvent produits avec des pratiques interdites ici ».
La souveraineté alimentaire française vacille. « En vingt ans, la production nationale a chuté dramatiquement : moins 28% de bovins, moins 13% de volailles, moins 10% de grandes cultures » expliquent l’USAA. L’accord Mercosur risque d’achever le travail en inondant le marché français de viande, soja et sucre produits dans des conditions réglementaires incomparables. « Dans les assiettes des Français, de la viande hormonée, du miel trafiqué à l’origine douteuse, des œufs produits hors normes contenant parfois des résidus dangereux », dénonce encore l’USAA dans son appel. Reste à savoir si l’appel sera entendu, ou s’il s’agit d’une réplique sourde des blocages de janvier dernier.