Matières premières et énergies, soucis de l’UIMM
Industrie. L’augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières vient plomber une situation qui commençait à se redresser. Au-delà du constat immédiat, l’UIMM voit loin en proposant des pistes de réflexion pour la relance industrielle de la France.
Comme le laisse apparaître le dernier point de situation présenté par les responsables de l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie de Champagne-Ardenne, la situation générale du secteur - suivant en cela la tendance nationale - s’était sensiblement redressée, l’activité ayant été « vigoureuse » en 2021. Fin 2021, en région, 2 entreprises sur 3 déclaraient avoir un bon (voire très bon) niveau d’activité, même si l’automobile et l’aéronautique n’avaient pas retrouvé leur niveau d’avant crise.
Pour autant, en ce début 2022, l’inquiétude porte sur l’approvisionnement et le prix des matières premières. Richard Oliger, pour la Haute-Marne, évoquait le prix de l’acier, passé en peu de temps de moins de 1 € le kilo à 1,50 €. Russel Kelly, pour l’Aube, évoquait quant à lui, des augmentations de 10 à 15 % des matières premières pour le bâtiment. « Après des années de stabilité (même pendant le Covid), nous sommes à présent confrontés à la gestion de l’incertitude » ajoutait-il. Dans les Ardennes, ces mêmes hausses - et celle de l’énergie - impactent tout le domaine de la fonderie jusqu’à 15 %, et les fonds de roulement sont au plus bas.
« Il est temps de réfléchir sur les fondamentaux et le sens du travail »
Pour la Marne, Christian Brethon parlait du prix de l’inox qui avait augmenté de 10 % en une semaine. En ce qui concerne les coûts de l’énergie, il constatait que les entreprises sorties du giron d’EDF (ou Engie) et des tarifs réglementés se trouvaient en grande difficulté. Il citait l’exemple d’une entreprise réalisant 5 M€ de CA annuel dont la facture d’énergie est passé de 40 000/60 000 € à… 300 000 € ! Mais, si les conséquences de la situation internationale sont aujourd’hui difficilement mesurables sur le long terme (pour l’instant, les départements champardennais ne sont que peu concernés par les sanctions contre la Russie, n’ayant pas de clients directs) le président de l’UIMM régionale assurait que « le vrai sujet à venir va être celui de l’énergie ».
L’emploi, toujours l’emploi
Autre sujet préoccupant dans le secteur de la métallurgie : l’emploi et le recrutement. « Un tiers des salariés ont plus de 50 ans. Les problèmes de personnels sont devant nous » estimait Lionel Vuibert, délégué général de l’UIMM. Il y a beaucoup à faire en la matière, à commencer par des efforts sur les salaires pour conserver les collaborateurs (ce qui impacte d’autant les trésoreries). Les demandes salariales apparaissent justifiées au regard de l’inflation, mais se heurtent à la situation économique générale. Les salaires minima et garantis annuels des quatre conventions collectives en Champagne-Ardenne viennent néanmoins d’être réévaluées de + 2,9 % en moyenne (de 2,5 à 3,3 %). La question se pose de savoir si cela est (ou sera) suffisant au regard du déficit d’attractivité du territoire, constaté par les chefs d’entreprise…
Un autre constat s’établit sur la perte du savoir-faire dans les entreprises, comme du savoir-être, d’ailleurs. La branche s’efforce de travailler sur plus de transmission entre les plus expérimentés et les plus jeunes. Pour Christian Brethon, « il est temps de réfléchir sur les fondamentaux et le sens du travail. Le temps presse ! Il faut également sortir de tout dogme, car les entreprises financent un modèle social qui coûte très cher par rapport à son efficacité. »
Des propositions qui engagent l’avenir
C’est en ce sens que l’UIMM nationale a bâti un programme de 15 propositions fortes afin que la réindustrialisation de la France constitue une priorité nationale du quinquennat à venir. Il s’agit ainsi de réformer l’organisation et le financement de la protection sociale, notamment en allégeant les cotisations employeurs de 17 Md€ supplémentaires, en baissant de 30 à 35 Md€ les impôts de production, et en relevant de 62 à 65 ans l’âge légal de départ à la retraite d’ici 2035.
La rénovation du dispositif éducatif et de formation est également à l’ordre du jour, et l’UIMM propose de faire de l’acquisition par tous les élèves des savoirs de base (lire, écrire, compter, maîtriser le langage, les TIC, l’anglais) la priorité n°1 du système éducatif ; de confier, également, la responsabilité des lycées professionnels sur les filières industrielles au ministère de l’Industrie. L’UIMM demande aussi de garantir que le travail paie plus que l’inactivité, en confortant les mesures de la réforme de l’assurance-chômage incitant à la reprise rapide d’un emploi.