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Mathias Vicherat : « Rapprocher savants et entreprises »

Éducation. Le nouveau directeur de Sciences Po Paris a profité de sa visite du campus rémois pour réaffirmer l’ancrage local de l’Ecole. Il souhaite notamment qu’elle se rapproche du monde économique et entrepreneurial.

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Mathias Vicherat veut rapprocher Sciences Po des entreprises. Jacques Rivière

Dès sa venue à Reims, mi-janvier, Mathias Vicherat, le nouveau directeur de l’Institut d’études politiques de Paris (plus communément appelé Sciences Po) depuis novembre dernier, a souhaité rencontrer Christian Bruyen (président du Conseil départemental), Catherine Vautrin (présidente du Grand Reims) et Arnaud Robinet (maire de Reims) pour réaffirmer les liens qui existent entre Sciences Po Reims et les collectivités locales (qui sont par ailleurs des financeurs d’importance du budget de l’Ecole).

« Sciences Po Reims n’est pas dans une logique ‘hors sol’, bien au contraire. À ce titre, l’Ecole doit se rapprocher du tissu politique et économique local. » C’est ainsi qu’il a évoqué avec les représentants des collectivités des sujets de partenariat, ou collaboration, à développer en matière de logement, d’urbanisme, de participation à la candidature de Reims pour devenir capital européenne de la culture en 2028…

Nouer des relations avec les entreprises locales

Dans les projets de Mathias Vicherat pour Sciences Po Reims figure la mise en place de cursus de formation continue, déjà expérimentés à Paris, et qu’il compte déployer sur le premier campus de province (1 600 étudiants inscrits dans le cadre des trois premières années d’études). « Seuls 2 % des élus territoriaux bénéficient de formation continue, annuellement, à l’échelle nationale. » Pour Mathias Vicherat, la formation continue est un moyen de se rapprocher non seulement des élus, mais aussi des entreprises, dont il reste à évaluer les besoins pour leur proposer des formations répondant à leurs attentes. En cela, il voit l’occasion de nouer des relations partenariales ou de mécénat avec les entreprises locales, mais encore un moyen de percevoir la taxe d’apprentissage pour abonder le budget de l’Ecole.

« Etablissement public, avec des missions de service public, Sciences Po fonctionne avec 30 % d’argent public et 70 % de ressources propres. » Dans la mesure où l’argent public se fait… plus rare, il convient de revoir le modèle économique. Une façon de faire d’une pierre deux coups, en diversifiant la source des revenus de l’Ecole tout en l’ancrant davantage dans la vie économique locale. Dans son projet de candidature à la direction de Sciences Po, Mathias Vicherat insistait justement sur une réconciliation entre le savant et le politique, le savant et l’entreprise.

Université, grandes écoles

Au-delà de la recherche de ressources privées, Mathias Vicherat compte bien « régénérer le rapport aux anciens » et « mobiliser une communauté très affective, à défaut d’être effective » (rappelons qu’il est lui-même passé par la rue Saint-Guillaume avant de prendre la direction de l’ENA), en proposant aux anciens élèves, par exemple, des cours en ligne leur permettant de rester au meilleur niveau de leur formation. Lors d’un prochain passage à Reims, il entend prendre attache également avec les représentants de l’URCA et approfondir les liens qui existent déjà entre les deux institutions.

Le Bachelor of Arts and Sciences (licence interdisciplinaire donnant lieu à un double diplôme) en est un bon exemple, mais la relation pourrait être complétée par l’échange d’enseignants, etc. Il devrait en être de même avec les grandes écoles implantées sur Reims, qui feront aussi partie du programme de rencontre.