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Magasins Généraux : la friche industrielle reprend vie

Urbanisme. Symbole de la volonté de la collectivité de relier le centre-ville de Reims aux berges du canal via le quartier Port Colbert, le projet des Magasins Généraux vit au rythme de travaux d’envergure, pour une réouverture à la rentrée 2026.

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Derrière le bâtiment des anciens Magasins Généraux se situe désormais le futur site de l’ESAD et la résidence étudiante.(Crédits : K&B)

Longtemps endormi à la suite du départ de leur activité économique, au début des années 2000, le bâtiment emblématique des Magasins Généraux et sa friche avaient connu un frémissement culturel le temps de deux étés (2021 et 2022). Et les quelque 83 000 visiteurs accueillis avaient sans doute prouvé que cette emprise, enclavée entre le canal et le quartier Clairmarais, à proximité du centre ville, ne demandait qu’à revivre. Un projet qui prendra vie dès la rentrée de septembre 2026 sur une emprise de 4,8 hectares. Car au-delà de l’ouverture de l’école Neoma Business School prévu à cette date (voir cet article), c’est un quartier complet qui est actuellement en construction sur cet ancien site industriel, comprenant des logements, des résidences étudiantes et aussi l’ESAD (école supérieure d’art et de design).
Porté par Aménagement & Territoires, filiale du groupe Kaufman & Broad, le projet de réhabilitation du site est présenté comme « l’un des plus importants projets d’aménagement privé en France ».

Jeunesse et nature

« Il ne suffit pas de désenclaver pour créer un nouveau quartier, il faut aussi créer une attractivité », explique Amélie Eeckhout, Directrice de projets d’Aménagement chez Aménagement & Territoires. « Pour cela, il faut faire venir des jeunes et Neoma comme l’ESAD servent de locomotives pour le futur quartier. C’est très important d’avoir de telles écoles mais il faut aussi faire venir un autre public que celui des étudiants. Nous espérons que les Rémois viendront dans le quartier, dans les commerces ou dans les restaurants. Il ne s’agira pas d’un pôle étudiant mais bien d’un nouveau lieu de vie et de mixité ».

Un lieu qui sera desservi par les Bus à Haut Niveau de Services pour le rendre encore plus accessible et qui sera tourné vers la nature, avec le canal proche et aussi avec l’aménagement de placettes, d’espaces verts et d’aires de jeux. Quant aux bâtiments emblématiques des Magasins Généraux, son avenir et sa future destination ne sont pas encore définis. « Nous nous laissons un peu de temps pour savoir quelle sera son affectation et ce que nous allons y implanter », souligne Amélie Eeckhout. « Notre première ambition est environnementale. C’est aussi pourquoi le quartier sera sans voiture. La partie située du côté du canal sera pacifiée et les véhicules voulant accéder aux parkings souterrains le feront du côté de la rue Pierre Maître ».

689 tonnes de co2 évitées

Outre la végétalisation (le quartier comprendra 2,4 hectares de sols végétalisés soit 35% de sa superficie totale en espaces verts) l’aspect environnemental se retrouve également dans le choix de Kaufman & Broad de miser sur la décarbonation du système de chauffage et de rafraîchissement grâce à la géothermie. « Au lieu de produire du chaud d’un côté, du froid de l’autre, on va faire un échange de calories pour que celui qui a besoin de froid puisse être rafraîchi et celui qui aura besoin de chaleur récupère les calories de son voisin pour se chauffer. Donc on est vraiment dans un cercle vertueux », explique Juliette Lostys, Business Developer chez E.ON, l’entreprise chargée du réseau de géothermie.

Un dispositif qui comprendra également des installations de panneaux photovoltaïques sur les toitures et un système qui permettra de stocker des calories pendant la journée et les restituer le soir en cas de besoin. « La dernière brique de cette infrastructure c’est Ectocloud, qui est une solution logicielle développée spécifiquement pour équilibrer le réseau et le faire fonctionner de manière cohérente avec, notamment, un modèle prédictif qui permet de savoir quand on a besoin de stocker ou de déstocker des calories sur le réseau ».

Au total, le dispositif devrait permettre d’éviter l’émission de 689 tonnes de CO2 chaque année.

Des logements pour tous

Les logements et la résidence étudiante feront l’objet d’une politique de décarbonation grâce notamment à la géothermie. (Crédits : K&B)

Le quartier sera en grande partie dédié à la jeunesse, avec les 4 700 étudiants de Neoma et les 300 étudiants de l’ESAD. Une partie de ces étudiants résidera d’ailleurs sur le site, dans l’îlot réservé à la résidence en cours de construction par Kaufman & Broad. Exploité par Neoresid, le bâtiment comprendra 314 lits dans 299 logements, dont une majorité de studios équipés de 18 m2 et quelques logements de « coliving », composés de plusieurs chambres. Des logements qui ne seront d’ailleurs pas réservés qu’aux étudiants, comme l’explique Gilles Mugniéry, directeur général de Neoresid. « Notre métier est de nous assurer que la résidence soit occupée toute l’année, c’est pourquoi elle sera ouverte aux étudiants mais pourra aussi l’être à des salariés en mobilité, par exemple. Nous sommes ouverts à tous types de clientèle ».

Côté tarifs, avec des loyers à 620 euros TTC en long séjour, services compris, l’exploitant prévoit « un bon positionnement sur le marché », une politique volontairement « raisonnable » pour coller à une clientèle étudiante aux revenus faibles et qui doit déjà faire face à des prix d’inscription dans les écoles relativement élevés.

Axées sur la sécurité afin d’assurer la tranquillité des résidents et de rassurer leurs parents, la résidence disposera de 458 m2 d’espaces communs, comprenant une salle de sport, un espace lounge, un cinéma, des espaces de coworking et une laverie. Plusieurs autres bâtiments seront également construits sur le site, à commencer par une cinquantaine de logements, dont 22 en locatif intermédiaire et 28 en accession, dont 8 seulement restent à commercialiser actuellement. La partie ouest de l’emprise sera, elle, dédiée à du logement, 380 au total, répartis en 7 bâtiments, associés à des jardins partagés.