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Logement social : « jouons gagnant-gagnant »

Marchés publics. Trois questions à Serge Laurent, directeur général de Mon Logis Groupe Action Logement qui gère plus de 13 000 logements dans l’Aube, la Haute-Marne, la Marne, la Côte d’Or, l’Yonne et la Seine-et-Marne.

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Photo de Serge Laurent et Michel Akoum
Serge Laurent directeur général de Mon Logis Action Logement (au micro) à côté de Michel Akoum président du conseil d’administration et de ses équipes au Troyes Fois Plus face aux entreprises. (Crédit : MBP)

Petites Affiches Matot Braine : Comment expliquez-vous que les entreprises du BTP ne répondent pas à vos appels d’offres ?

Serge Laurent : « Le marché du logement social dans l’Aube est à maturité avec les deux acteurs Troyes Aube Habitat et Mon Logis. Nous produisons 1/4 de logements neufs dans l’Aube et 3/4 en Seine-et-Marne et peu d’entreprises auboises nous suivent. Action Logement, c’est le logement au service de l’emploi, loger les salariés des entreprises cotisantes et construire là où il y a de l’activité économique pour faire du logement social et du logement intermédiaire.

Dans l’Aube, nous travaillons par corps d’État séparé pour favoriser les entreprises locales. Pourtant, nous sommes confrontés soit à la non-réponse, soit à des prix beaucoup trop élevés. Cela concerne tout le gros œuvre, la maçonnerie, la VRD, les plaquistes, l’électricité, la plomberie, la peinture, la charpente, la métallerie… Nous avons du mal à expliquer cette situation alors que beaucoup d’entreprises souffrent. Nous constatons certes une raréfaction des acteurs mais il y en a encore suffisamment pour organiser une saine concurrence. »

Comment motiver les entreprises ?

Serge Laurent : « Nous allons communiquer aux entreprises notre carnet de commande sur les 18 à 24 prochains mois pour le neuf et la réhabilitation et voir avec elles le meilleur moment pour démarrer les chantiers. Nous avons une quinzaine de chantiers annoncés. S’il faut décaler de 1 ou 3 mois, globalement on le fera. Nous travaillons aussi en bonne intelligence avec Troyes Aube Habitat pour ne pas lancer les chantiers en même temps.

Nous rencontrons les entreprises pour comprendre quelles sont leurs difficultés. Avec 150 logements, nous assurons l’emploi direct de 300 personnes sur un an. Notre volume d’investissements est de 30 millions d’euros par an et 15 millions pour les contrats d’entretien (hors entretien ménager) et de maintenance, soit un global de 45 à 50 millions par an, ce qui fait de nous le deuxième ou troisième investisseur du département. Les contrats de maintenance en menuiserie, électricité, plomberie sont des interventions de tous les jours. Changer un robinet, un radiateur... Il y a 14 000 interventions techniques par an, soit pas mal de chiffre d’affaires ! Nous nous attaquons aux étiquettes énergétiques E avec plus de 2 500 logements à faire en 4 ans. Il y a un vrai marché. Jouons gagnant-gagnant. »

Les contraintes de prix ou réglementaires freinent-elles les réponses ?

Serge Laurent : Le prix ne pèse plus que 40 à 50 % dans le marché avec 50 à 60 % de critères techniques, de références, de planning… Aujourd’hui, si vous avez un prix à 100, certaines entreprises répondent à 85 pour avoir le marché et vous en donnent pour 60. Finalement, cela peut vous coûter 120 avec des avenants… Je préfère donc avoir des critères juridiques qui évitent les prix anormalement bas.

Puis il y a la RSE, responsabilité sociale et environnementale, qui s’impose à nous et qui va s’imposer à eux. Nous devons sensibiliser les entreprises sur la RSE, l’hygiène et la sécurité. Nous voulons des chantiers propres, des installations de chantiers dignes, des mesures de sécurité qui prévoient les coactivités. Le Groupe Action Logement pousse la décarbonation. Et avec la taxonomie européenne, les organismes bancaires ne nous prêteront que si nous-mêmes sommes vertueux dans le cadre de nos appels d’offres, avec des matériaux écoresponsables, la prise en compte de l’aspect social et environnemental, des pratiques d’insertion dans les entreprises, etc. Puisque les entreprises font le travail pour nous, il faut que nous soyons à la hauteur de la rencontre et que nous aidions celles qui en ont besoin à se préparer. Parce que demain, elles auront beau remplir toutes les cases, si elles ne cochent pas celles de la RSE, elles ne pourront même plus être retenues. »