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Les pays tiers s’affirment toujours plus comme l’avenir du marché du Champagne

Champagne. Deuxième grande destination du Champagne, les pays tiers, qui pèsent le double du marché de l’Union Européenne depuis deux ans, ne sont plus en 2024 qu’à 15 millions de bouteilles du marché français, contre plus de 132 millions il y a vingt ans. Chiffres récents à l’appui, 2025 pourrait voir un nouveau bouleversement de la hiérarchie.

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Photo de bouteilles de champagne
En volume, le poids des pays tiers dans le total des exportations est passé de 15 à 38% entre 2004 et 2024. (Crédits : SHUTTERSTOCK)

Dans les grandes lignes, le bilan 2024 des expéditions de Champagne se résume ainsi : un total de 271,7 millions de bouteilles (-9,2%), dont 118,3 millions pour la France (-7,1%) et 153,2 millions à l’exportation (-10,8%). Ce bilan est un des deux plus faibles des vingt dernières années : 19e score pour le marché français comme pour le total des expéditions. L’exportation enregistre son septième meilleur volume de la période. Sur 20 ans, le total des expéditions a progressé dix fois et reculé dix fois. La tendance est cependant à la baisse : six dans les dix dernières années.

2024, le plus petit volume, hors covid, des 20 dernières années

Les 271,7 millions de bouteilles expédiées en 2024 dans le monde entier représentent le plus petit volume du Champagne, derrière l’année Covid de 2020 (244,1 millions de bouteilles). Depuis 2005, à quinze reprises les expéditions ont dépassé les 300 millions de bouteilles. Sous ce seuil, avec 2024, les trois autres années concernées sont 2009, 2019, et 2023.

À l’exception de 2021, les expéditions en France sont en baisse chaque année depuis 2011, passant de 181,6 millions à 118,3 millions de bouteilles en 2024, soit une baisse de près de 35% en quatorze ans. Dans les quinze dernières années, les volumes à l’exportation ont progressé dix fois et donc régressé cinq fois, en 2012, 2016, 2020, 2023 et 2024. Depuis 2017, les volumes exportés sont supérieurs à ceux du marché français. Depuis 2021, ils pèsent entre 56 et 57% du marché mondial du Champagne.

Les Etats-Unis et les Emirats arabes unis, seules progressions des dix plus gros marchés

En 2024, sur les dix premiers marchés à l’exportation, au-dessus de 100 M€, deux pays enregistrent des achats de Champagne en hausse sur un an : en valeur +1,3% pour les USA et +25,7% pour les Emirats Arabes Unis. En volume, les progressions sont respectivement de 1,9 et 21,6%. Entre 2023 et 2024, sur les vingt premiers marchés à l’exportation, seuls quatre d’entre eux enregistrent une progression en valeur comme en volume : +1,3 et +1,9% pour les Etats-Unis (920 M€), +25,7 et +21,6% les Emirats Arabes Unis (101 M€), +11,3 et +15,6% pour les Pays-Bas (70 M€) et +9,5 et 4,7% pour le Danemark (46 M€). Pour les seize autres, les plus grosses baisses en valeur viennent de la Suisse(124 M€) et -24,9%, de Hong Kong (52 M€) et -22,7% et de l’Espagne (105 M€) et -22,3%.

Du deuxième au septième client, au-dessus de 140 M€, les six marchés derrière les Etats-Unis sont en baisse, en valeur comme en volume. On trouve ainsi dans l’ordre le Royaume-Uni (519 M€) et -5,7%, le Japon (386 M€) et -13,8%, l’Italie (235 M€) et -11,5%, l’Allemagne (229 M€) et -14,6%, la Belgique (153 M€) et -5,8% et l’Australie (147 M€) -15,6%. Pour cinq de ces six marchés, le recul en volume et plus important que celui en valeur.

38% des expéditions vers les pays tiers

Au bilan 2024, la France couvre 43,5% du total des volumes expédiés (-15,7% en vingt ans), l’Union Européenne 18,4% (-7,2%) et les pays tiers 38,1% (+22,9%). Entre 2004 et 2024, le volume des expéditions a perdu 33,7% en France, 35,2% dans l’Union Européenne, mais a gagné 125,8% à destination des pays tiers.

Si, jusqu’en 2020, les expéditions vers les pays tiers n’ont jamais dépassé les 80 millions de bouteilles, elles ont largement fait mieux depuis, réduisant considérablement leur écart avec la France, lequel est passé de -95 millions de bouteilles en 2004 et -14,9 millions en 2024, soit six fois moins en vingt ans.

Au rang des vingt premiers clients à l’exportation (90,4% de la valeur des 150 pays répertoriés), dix appartiennent aux pays tiers et pèsent 1 770 M€ et les dix autres à l’Union Européenne avec un chiffre d’affaires de 1 574 M€. En volume, le poids des pays tiers dans le total des exportations est passé de 15 à 38% entre 2004 et 2024.

C’est en 2021 que les pays tiers ont doublé les pays de l’Union Européenne et se rapproche désormais très près des expéditions sur le marché français, entre 13 et 15 millions de bouteilles, contre 95 millions de bouteilles, il y a dix ans. De plus, en 2023 et 2024, les volumes vers les pays tiers sont deux fois plus importants que vers l’Union Européenne.

Décélération des prix après une hausse conséquente

Dans les quinze dernières années, le prix moyen de la bouteille, en euros constants, a augmenté de 34,2%, de 15,94 euros à 21,39 euros, soit 2,3% par an. Dans les quatre dernières années, la progression est de 10,7%, soit 2,7% par an. Le prix moyen connaît une progression de 3,9% en 2022 et de 5,1% en 2023, un « emballement » qui se traduit par une baisse de 0,2% à fin 2024.

En comparant les tendances de prix, entre juin 2024 et février 2025, on constate un net abaissement du rythme de la hausse des prix moyens, hausse entamée un an plus taux. Sur les douze derniers mois, on passe ainsi de +7,9 à +2,4 en France, de +9,3 à +0,7% dans l’Union Européenne et de +3,8 à -2,0% à destination des pays tiers.

Cette décélération des prix se poursuit en ce début 2025. À fin février, le prix moyen de la bouteille dans le monde reste stable, il augmente cependant en France (+2,4% sur les douze dernier mois) et dans l’Union Européenne (+0,7%). Il baisse une nouvelle fois vers les pays tiers (-2,0%). Cette dernière baisse se retrouve dans les parts de marché en valeur, les pays tiers (44% du total du marché mondial) cédant 0,6% et la France (35,8%) progressant de 1,1%.