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Les jeux sont faits : Sedan pourra avoir son casino

Implantation. C’est désormais officiel : grâce à une dérogation, la deuxième ville des Ardennes pourra accueillir un cercle de jeux en 2026.

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Photo d'une roulette de casino
Les futurs joueurs devraient pouvoir profiter du casino de Sedan en 2026. (Crédit : Shutterstock)

2023 aura été une année marquante pour Sedan. Négativement d’abord avec la rétrogradation du CSSA en Régional 3, positivement ensuite avec la montée en puissance d’Intelcia dans la ville, le titre de « Monument préféré des Français » ensuite attribué au château-fort et tout récemment le feu vert donné à la ville pour l’ouverture d’un casino. Jusqu’alors réservée aux stations balnéaires, thermales, climatiques et aux villes de plus de 500 000 habitants, l’implantation des casinos a été étendue, le 5 décembre dernier, par l’Assemblée Nationale à quatre nouvelles collectivités locales. Des sites hippiques comme Saumur, et des villes frontalières, dont Sedan.

La ville ardennaise a d’ores et déjà ciblé un site d’accueil : les 6 000 m² de l’ancienne concession Renault, fermée en 2015 et rachetée par la municipalité. L’endroit, actuellement en phase de déconstruction, a l’avantage d’être situé en cœur de ville, non loin du château. Il servira aussi de cadre à la réalisation d’un complexe culture-loisirs débouchant sur l’extension du cinéma Turenne dont la capacité passera à 1 000 places avec six salles de projection et la création d’un lieu de restauration. L’établissement de jeux d’argent se déploiera sur 3 000 m². Le début du chantier devrait commencer fin 2025, ce qui pourrait aboutir à une ouverture des portes en 2026.

Reste néanmoins aux élus sedanais à lancer un appel à candidatures pour désigner, dès 2024, l’opérateur chargé de l’exploitation du futur casino. Le choix se fera entre les habituels casinotiers que sont les groupes Joa, lequel compte déjà trois établissements dans le Grand Est - dont celui situé au Lac du Der -, Arevian, Cogit, Emeraude, Circus Casino, Vikings, voire même les géants du secteur : Barrière, Partouche et Tranchant. La Ville envisage donc de s’entourer d’un cabinet spécialisé pour s’occuper de la maîtrise d’œuvre, suivre la totalité des opérations, construire le cahier des charges et lancer la consultation.

Un jackpot pour la ville

Le binôme Didier Herbillon - Jean-Luc Warsmann, qui a effectué un long travail en amont affiche sa satisfaction après la dérogation accordée à Sedan. « C’est une aubaine pour notre cité et le département car ce projet est extrêmement porteur de futures bonnes nouvelles, s’enthousiasme Didier Herbillon, le maire de Sedan. Cela va nous permettre de résorber une friche située en plein cœur de ville, de miser sur la création de plusieurs dizaines de nouveaux emplois directs et induits dont le nombre sera lié à l’amplitude horaire et à la taille du futur casino. On va aussi pouvoir compter sur un flux de 250 à 500.000 visiteurs supplémentaires par an. Il y aura donc des retombées économiques indéniables pour le commerce local. Un des futurs candidats projette même de bâtir un hôtel à proximité de ce casino », poursuit l’élu qui travaille depuis 20 ans sur ce projet dont il avait parlé à Jacqueline Gourault, alors ministre de la cohésion des territoires.

Il avait d’ailleurs pris les devants en obtenant il y a quelques années le classement de Sedan en ville touristique. Une étape obligatoire à franchir, comme celle d’appartenir à une intercommunalité de plus de 100 000 habitants. Le maire constate que le double attrait présenté par le château-fort, « locomotive touristique des Ardennes », et le casino, fait que les planètes s’alignent favorablement pour sa collectivité qui va ainsi se relancer en bénéficiant d’une nouvelle dynamique.

Les recettes fiscales nettes procurées par l’arrivée d’un casino sont en effet estimées en moyenne à 1,5 million d’euros par an. « Cette manne exceptionnelle nous permettra de baisser l’impôt foncier tout en nous donnant des marges de manoeuvre intéressantes sur des investissements supplémentaires » avance même Didier Herbillon qui se félicite du renfort reçu par les parlementaires locaux et par le maire de Charleville, Boris Ravignon, pour faire aboutir ce dossier.

Une force d’attractivité

Pour le député de la circonscription, Jean-Luc Warsmann, cet épilogue est un énorme soulagement : « Cela fait cinq ans que je travaille sur ce sujet qui faisait partie des fiches du Pacte Ardennes remontées à Paris. Le premier but avait été marqué le 15 mars 2019 quand ce dispositif a été signé par deux ministres. Ensuite, le premier ministre, Edouard Philippe, a ordonné une mission à l’inspection générale de l’administration pour que la législation soit revue. Puis, le 1er décembre 2020, le ministère de l’intérieur a acté ce changement. La venue de cet établissement est historique pour les Ardennes. Il va être un facteur de développement pour le territoire. Sedan va pouvoir jouer dans la division supérieure au niveau touristique en s’appuyant sur deux jambes : le château-fort et le casino. »

En tirant ce gros lot, Sedan espère devenir un lieu d’attraction et de destination touristique prisé des Belges, des Marnais, des Nordistes et des Franciliens mais aussi des Ardennais qui viendront probablement en nombre se divertir dans ce cercle de jeux qui devrait être doté de machines à sous, roulettes et autres jeux de table (black jack, trente-et-quarante, craps, punto banco, stud poker...). Un lieu de vie qui va, par ailleurs dynamiser les commerces et hôtels-restaurants locaux et augmenter la fréquentation du « géant des Ardennes », un levier de plus pour le développement touristique, économique et culturel du territoire.