Les grains d’avenir de la SCARA
Agriculture. La coopérative basée à Arcis-sur-Aube confronte les résultats extrêmes des moissons 2023 et 2024 et se projette sur un avenir connecté.
En deux ans, la SCARA, coopérative agricole d’Arcis-sur-Aube qui regroupe 618 adhérents, a connu les extrêmes. « Nous venons de vivre une récolte 2024 usante pour tous alors qu’en 2023, avec 237 500 tonnes, nous avions eu la deuxième meilleure récolte des dix dernières années », souligne Cédric Guillemin, son président. « Cette année, nous avons la deuxième plus mauvaise récolte en espérant atteindre 185 000 tonnes. Les aléas climatiques font désormais partie de notre quotidien avec les aléas politiques, géopolitiques, etc. d’où l’importance d’avoir une coopérative solide financièrement ». Le président qui évoque une année de pluie incessante, rappelle l’importance d’une trésorerie saine selon l’adage « Cash is king » et s’appuie sur les trois piliers stratégiques de la SCARA que sont la proximité, l’engagement et l’avenir. Avec, tout d’abord, la prise en compte de la décarbonation de l’agriculture par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) des productions agricoles et agroalimentaires. L’European Green Deal fixe des objectifs à -55 % d’émissions GES par rapport à 1990, -20 % de fertilisants et -50 % de pertes dans l’environnement.
Innovations de terrain
La SCARA insiste sur le développement durable pour limiter l’impact environnemental et répondre aux besoins et attentes des clients en filières avec six domaines d’action : la prévention de la pollution, l’utilisation durable des ressources naturelles, l’atténuation des changements climatiques, la biodiversité, l’ancrage territorial et les ressources humaines avec la formation professionnelle.
La coopérative emploie 75 salariés. Elle mise sur l’innovation avec son équipe de sept chercheurs, dont un docteur en physiologie et biochimie végétale. Avec 3 000 microparcelles de 30 m² exploitées en lien avec le Club SCARA Innovation et avec OSS, l’outil numérique d’analyse des résultats de l’étude des sols, de la fertilisation, des plantes, la SCARA enrichie sa base de connaissances. « Gérer la donnée, c’est la vraie richesse d’aujourd’hui », explique Philippe Michonneau, responsable agronomie, innovation et services en présentant la Ferme connectée.
Les analyses portent également sur 90 % des parcelles collectées par la coopérative et permettent le recueil de données pour améliorer la compétitivité et la qualité des récoltes.
La SCARA s’oriente aussi sur la diversification de la collecte pour assurer des rotations et respecter la biodiversité avec la production de lentille, de lin et d’oléagineux. Si la SCARA est un réseau national avec des projets et des partenaires nationaux, « pour autant, la valeur, nous la créons avec et pour le territoire », ajoute Céline Gillet, sa directrice. Évoquant l’activité Biogaz d’Arcis, elle ajoute « nous jouons un rôle central dans la transition énergétique locale. Avec une production annuelle de 39 000 MWh, nous couvrons l’équivalent des besoins de 12 000 foyers ». Quant au digestat, il contribue à la fertilisation des sols avec cette année une homologation sur les cultures agricoles biologiques. 15e employeur de l’Aube et 8e dans le secteur agroalimentaire, la SCARA veut « nourrir la population de façon adaptée, durable et accessible à tous » et se veut « un moteur de développement local ».