Les emplois industriels en hausse dans les Hauts-de-France après 10 ans de baisse
Industrie. « Réindustrialisation », le mot-clé de la période, après le double choc de l’épidémie de covid et de la guerre en Ukraine, semble trouver un début de réalisation dans la région. La dernière étude annuelle de l’Urssaf Picardie indique une hausse légère, mais réelle, et sans doute durable des embauches dans l’industrie. Elle fournit aussi d’autres informations précieuses à ce sujet.
Une récente étude de l’Urssaf (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales) de Picardie confirme le redémarrage de l’emploi dans l’industrie, après une décennie de décrue. L’étude a été pilotée par l’Urssaf Picardie, mais son homologue du Nord-Pas-de-Calais était partie prenante et l’étude en question porte sur l’ensemble de la région Hauts-de France.
Les données prises en compte portent sur les embauches en CDI ou en CDD de plus d’un mois. Les dernières sont celles de l’année 2022. La dynamique régionale, analysée dans l’étude menée par l’Urssaf Picardie, se révèle d’autant plus remarquable qu’elle va à l’inverse de la tendance nationale.
C’est tout récent, il faut bien le reconnaître. De fin 2021 à fin 2022, la part de l’indus-trie dans l’emploi salarié privé total est resté stable dans le pays, à 15,5 %, tandis que dans les Hauts-de-France elle a augmenté légèrement (+ 0,1%) pour s’établir à de 18,3 %.
L’écart entre les deux est toujours à l’avantage de notre région, même s’il s’est resserré depuis 25 ans et le début des relevés effectués par les Urssaf. Seuls deux secteurs enregistrent un solde positif sur 10 ans, l’industrie agro-alimentaire et l’industrie pharmaceutique.
La première est celle qui emploie le plus de salariés dans la région, offrant 48 000 postes en 2022, soit 870 de plus qu’en 2012 (+ 1,9 %). L’industrie pharmaceutique n’est que 7ème de ce classement, avec 7 200 salariés, mais elle a fait un bond de 26,8 % en 10 ans, avec 1 520 postes supplémentaires.
Des salariés plus expérimentés et mieux rémunérés
L’autre observation très intéressante de cette étude concerne le profil et la rémunération des employés de l’industrie. Près d’un tiers (32 %) a plus de 50 ans et moins d’un sur cinq (18 %) a moins de 30 ans, hormis dans les industries agro-alimentaires (28 %). L’expérience est clairement prise en compte.
Cela se traduit aussi dans les salaires. La rémunération médiane en 2022 des salariés de l’industrie des Hauts-de-France, calculée en ETP (Equivalent temps plein), était de 2 610 €, supérieure d’au moins 20 % à celle des autres secteurs.
Mais les écarts peuvent être aussi importants d’une spécialité à l’autre, notamment entre l’agro-alimentaire et le textile, en bas de l’échelle, et l’énergie, l’électronique ou la production pharmaceutique, à l’autre bout.
Dix années de baisse
En comparant les études de la même série, on constate une hémorragie importante dans l’industrie régionale. Elle a perdu 33 000 emplois ces dix dernières années, soit 11 % de ses effectifs. La baisse est comparable à l’échelle du pays.
Les départements les plus peuplés, le Nord devant le Pas-de-Calais, sont aussi ceux où les emplois industriels sont aujourd’hui en moindre proportion, respectivement 16,3 % et 18,4 %. Les départements picards, où les services sont un peu moins prépondérants, en conservent davantage : 22,3 % dans la Somme, 21,5 % dans l’Aisne et 21,3 % dans l’Oise.