Les derniers défis du mandat de Jean-Paul Pageau
Entreprises. À l’approche de la fin de son mandat de président de la CCI Marne en Champagne, Jean-Paul Pageau dresse le bilan de ces cinq dernières années et compte bien décrocher quelques succès d’ici aux élections consulaires prévues en octobre 2021.
Ça n’est une surprise pour personne : Jean-Paul Pageau ne briguera pas un nouveau mandat de président de la CCI Marne en Champagne. Et pour cause, à 74 ans, atteint par la limite d’âge fixée par la Loi, l’ex patron des hypermarchés rémois Leclerc Saint-Brice Courcelles et de Champfleury devra céder sa place en octobre prochain. Pas question pour autant de finir son mandat en roue libre, le président compte bien mener à bien plusieurs dossiers qui lui tiennent à cœur et qu’il estime indispensables pour l’avenir de la CCI marnaise.
Côté immobilier, la chambre consulaire a vendu son site de la rue des Marmouzets, à Reims. Signé il y a deux ans, le compromis comprenait des conditions suspensives. Un nouvel avenant ayant été signé avec les acquéreurs, la vente sera définitive en décembre 2021 et par conséquent les services de la CCI et les autres structures présentes dans les murs devront trouver un point de chute. « Nous quitterons le site au premier trimestre 2022 et nous nous installerons dans le bâtiment Boehringer que nous avons racheté et dont nous occuperons le rez-de-chaussée », souligne le président. Deux-tiers de ce bâtiment de 5 000 m2, désormais propriété d’une filiale de la CCI seront alors proposés à la location. Un projet symbolique de la stratégie consulaire marnaise de ces dernières années, qui ne s’est pas contentée de proposer du service à ses ressortissants mais aussi d’investir dans des projets sur le territoire, via diverses sociétés.« Nos prédécesseurs nous ont laissé une CCI bien gérée avec une vision sur l’avenir », précise le président. « C’est ce qui nous a permis de continuer à travailler dans de bonnes conditions notamment à travers les zones d’activité. Celles que nous avons commercialisées avaient été enclenchées il y a dix ou quinze ans ».
Globalement, ajoute le président, la CCI a historiquement su concilier ses missions d’intérêt général d’accompagnement au quotidien des entreprises avec les services « industriels et commerciaux », à savoir l’aménagement, l’immobilier d’entreprise ou la formation.
Renforcer l’établissement public grâce à l’activité commerciale
Car sous sa houlette, la CCI a dû rationaliser et mutualiser pour faire face à l’effondrement sans précédent de ses ressources fiscales qui sont passées de 6 M€ en 2016 à 3,1 M€ en 2021 (sans oublier un prélèvement de presque 10 M€ de fonds de roulement provenant des activités d’aménageur de la Chambre). Pour faire face à ces baisses conséquentes de ressources, la CCI a organisé ses activités entrepreneuriales (aménagement, immobilier, événementiel, formation...) par métier avec pour chacun d’entre eux un vrai projet stratégique et une ambition et des objectifs. « C’est ce que nous avons fait avec les écoles NEOMA et In&ma par exemple : nous avons défini un vrai projet stratégique avec des résultats à aller chercher. Nous avons créé une société dédiée et avons développé les projets ». Avec succès, puisque, les écoles gagnent aujourd’hui de l’argent qu’elles peuvent réinvestir dans leur développement (construction de campus notamment) leurs actionnaires ne pouvant pas remonter de dividendes.
La CCI a également créé des filiales pour développer ses activités, comme la SAS Partenaires Aménagement (dont la première réalisation est le Parc d’activités Cernay Saint Léonard), la SCI Immobilière Marnaise (qui a acquis début 2021 le bâtiment Boehringer) ou la SAS Effevent pour développer le salon VITeff et d’autres événements avec d’autres partenaires (Crédit Agricole, UCIA Expo, Vitisphère...). Une manière de mieux cerner l’activité commerciale et surtout de consolider celle de l’établissement public CCI grâce au développement des activités commerciales.
Objectif sortie de crise
Outre les défis liés au redémarrage de l’activité et à la sortie de crise du Covid, qui ont nécessité un engagement total des équipes avec une accélération vers les services digitaux, le président de la CCI s’est encore fixé quelques objectifs pour la fin de son mandat. L’un d’entre eux concerne le dossier Alméa. « Nous souhaitons faire avec Alméa ce que nous avons fait avec NEOMA », ambitionne-t-il. Le président souhaite impliquer davantage la Chambre de Commerce dans l’avenir du centre de formation interprofessionnel pour en assurer la pérennité. Un dossier en cours, qui a bien avancé sur le plan financier mais qui nécessite encore de trouver des accords sur le plan immobilier, souligne le président.
L’autre objectif prioritaire concerne l’accompagnement des dirigeants d’entreprises à l’heure de la reprise. « Nous savons très bien que certaines entreprises ne vont pas redémarrer et que d’autres vont risquer de disparaître après quelques semaines ou quelques mois. Or, nous avons les moyens, et en tout cas nous allons nous les donner, pour recevoir tous les chefs d’entreprises qui sont inquiets et qui ont besoin de conseils », ajoute Jean-Paul Pageau, qui veut amplifier la cellule de prévention existante au cours des prochaines semaines. « Je m’impliquerai personnellement dans cette démarche », assure-t-il. Experts-comptables, chefs d’entreprise, conseils juridiques et fiscaux, représentants du tribunal de commerce... viendront très rapidement à la rencontre des chefs d’entreprise, en complément des dispositifs présents au sein de la CCI.
Benjamin Busson