Les collectivités accélèrent pour l’emploi des seniors
Emploi. Devenu une question primordiale, du fait de l’allongement de la vie active, l’emploi des seniors mobilise tous les acteurs publics. Les Hauts-de-France et l’Aisne apportent, chacun de leur côté, leur pierre à l’édifice en proposant des solutions concrètes, dans un contexte difficile où aucune réponse ne semble, à elle seule, satisfaisante.
L’emploi des seniors s’avère être un défi redoutable pour l’application de la réforme des retraites. Les mesures d’accompagnement prévues dans ce domaine, comme « l’index senior » et le « CDI senior », ont été écartées par le Conseil constitutionnel. Le problème reste donc entier.
Le chômage de cette catégorie devrait ainsi probablement s’aggraver du fait du recul de l’âge de départ en retraite. En 2021, le taux d’emploi des 55-64 ans n’atteignait pas 56 %, selon le ministère du Travail. Il est supérieur à 60 % en moyenne au sein de l’Union Européenne et il dépasse 71 % en Allemagne et 76 % en Suède, deux pays qui ont su s’attaquer au problème avant les autres.
Des solutions locales
L’Etat est contraint de revoir sa copie. En attendant, les collectivités territoriales se mobilisent. La région des Hauts-de-France a adopté un dispositif qui vise à faciliter le recrutement de seniors au chômage. Les entreprises de moins de 250 salariés qui embaucheront un chômeur de 50 ans et plus auront droit, par contrat, à une aide régionale de 3 000 euros.
Seules conditions : la personne doit être inscrite depuis au moins 6 mois à Pôle emploi ; elle a un CDI ou un CDD d’au moins 6 mois et pour 30 heures minimum par semaine. L’encadrement étroit de cette mesure la rend supportable pour les finances de la collectivité, mais ne lui permet qu’une efficacité limitée par rapport à l’ampleur du défi à relever. C’est mieux que rien.
De son côté, le président du conseil départemental de l’Aisne, Nicolas Fricoteaux, a lancé le projet d’une aide différenciée, concernant à la fois les jeunes chômeurs et les seniors. Il s’agit là, de maintenir ces derniers dans l’emploi, en leur confiant le soin d’accompagner des jeunes en parcours d’insertion.
La proposition du Département est d’inciter les entreprises à recruter un jeune allocataire du RSA et de lui faire partager le poste d’un senior qui lui transmettra son savoir-faire. Il s’agit en quelque sorte de faire coup double, en accompagnant la fin de carrière d’un travailleur âgé tout en favorisant les débuts d’un jeune en recherche d’emploi. Pour cela, le Département met sur la table 250 contrats aidés au profit des entreprises prêtes à s’engager. Reste à savoir combien se montreront intéressées.
Préparer le terrain
Certes bienvenues, ces initiatives n’apportent pas encore une solution complète à la hauteur du problème. Comme le rappelait récemment un responsable des ressources humaines : « On n’embauche pas les vieux. » Résultat, les entreprises ont du mal à recruter, pendant que plus de 300 000 personnes de 55 ans et plus font la queue à Pole emploi, selon les chiffres de 2021. Pour vaincre la méfiance des employeurs, il importe de préparer le terrain. Dès 55 ans, on doit se soucier de la fin de carrière des seniors, afin de leur assurer un emploi stable jusqu’à la retraite, négocié à l’avance avec l’entreprise. De cette façon, on peut se donner une chance de surmonter réticences et préjugés