Le site d’Agronutris à l’heure de la montée en puissance
Start-up. Agronutris est la première entreprise française de biotechnologie spécialisée dans l’élevage et la transformation d’insectes dédiés à l’alimentation animale.
Qu’elle est loin l’époque où les fondateurs d’Agronutris réalisaient leur premier élevage d’insecte dans une pièce de 16 m2. C’est partagé entre nostalgie et fierté que Cédric Auriol, co-fondateur, rappelait cette anecdote à son parterre d’invités lors de l’inauguration du site de Rethel le 19 octobre. Près de 200 partenaires, élus, financeurs ou représentants de l’Etat venus découvrir une usine 1 000 fois plus grande que celle des débuts de la start-up industrielle.
Une entreprise qui a levé 100 millions d’euros en 2021 pour mener à bien son projet de construction et de développement industriel en des temps records. Spécialisée dans l’élevage d’insectes, et plus particulièrement de la mouche soldat noir, Agronutris dédie son activité à la production de farines protéinées destinées à l’alimentation animale mais aussi à la production de frass pour la fertilisation des sols.
« Nous avons décidé de nous concentrer sur cet insecte en particulier parce que c’est celui qui, de parnotre expérience - nous avons élevé 9 espèces d’insectes différentes - nous a montré qu’il était celui qui nous permettrait d’avoir un chemin le plus sûr vers la compétitivité économique, mais aussi vers la performance environnementale », explique Cédric Auriol.
« Grâce à sa rapidité de croissance notamment puisqu’en deux semaines, cette larve va se multiplier par 10 000. C’est énorme. Et c’est aussi une larve qui peut se nourrir avec énormément de coproduits, de biorésidus et des biorésidus humides. C’est vraiment en ce sens qu’on peut valoriser pleinement la filière de l’insecte parce qu’on va pouvoir récupérer des produits qui sont peu ou mal valorisés pour en faire des aliments pour nos insectes. Et grâce à cette mouche, on va pouvoir développer des ingrédients de grande qualité, comme des farines protéinées, des graisses ou des frass ».
Vertueuse sur le plan environnemental, la solution développée par Agronutris vise aussi à devenir compétitive sur le plan économique, mais elle se veut aussi novatrice et attractive d’un point de vue sociétal.
« En créant Agronutris, nous avions la volonté de faire une entreprise qui réponde à des enjeux de performance globale. C’est le concept de dire qu’une entreprise, au-delà de la performance économique, se doit d’être performante au niveau social, sociétal ou environnemental. Ce sont même ces résultats qui lui permettent d’être encore plus résiliente et plus performante au niveau économique », souligne Cédric Auriol.
Un deuxième site à venir
Pour Mehdi Berrada, co-fondateur de l’entreprise, la séquence inaugurale était également l’occasion de rappeler à quel point l’usine a été montée en des temps records, permettant à l’entreprise de se développer à grande vitesse dès sa mise en service. « Nous enregistrons un bon début sur la partie reproduction, le cycle est vérifié. Aujourd’hui le premier objectif, c’est de passer à l’échelle industrielle », explique-t-il.
Encore en pleine phase de montée en puissance, le site rethélois compte une quarantaine de salariés. Il devrait en compter une vingtaine de plus dans les mois qui viennent quand l’entreprise atteindra sa vitesse de croisière en matière de production. « Nous devrions tourner pleinement en continu vers le milieu de l’année 2024 », estime Mehdi Berrada, porté par des perspectives de croissance sur un marché de l’alimentation animale en plein essor.
« Nous sommes très ambitieux et persuadés que nous avons la technologie et qu’il y a un marché devant nous. Nous avons d’ailleurs signé un très gros contrat avec un des leaders mondiaux de l’aquaculture qui prend 50 % de notre capacité sur les sept prochaines années ».
Ce qui permet au dirigeant de voire d’ores et déjà plus loin que le site à peine inauguré puisque le projet de construction d’une deuxième usine est déjà dans les cartons : « Nous allons prochainement attribuer 10 hectares supplémentaires à l’entreprise », souligne d’ailleurs Renaud Averly, président de la communauté de communes du pays rethélois.
Un deuxième site situé à proximité qui devrait accompagner cette croissance. « Cette deuxième usine fera de ce site industriel le plus gros site dans le monde. On est très fier que la France soit à l’avant garde de cette industrie avec la possibilité de donner un usage massif à cette protéine et de contribuer à la transformation du monde », annonce Mehdi Berrada qui prévoit d’atteindre à moyen terme les 200 collaborateurs à Rethel.