Le projet du Mont-des-Quatre-Faux finira-t-il par voir le jour ?
Environnement. Suite au recours effectué, en 2022, par le collectif de défense des riverains, la cour d’appel administrative de Nancy a rendu sa décision et annulé les arrêtés du Préfet des Ardennes.

« Le projet litigieux aggrave de manière significative l’encerclement des horizons des villages limitrophes du parc éolien. Ni le relief, ni la végétation, ni des mesures de réduction pourraient masquer les éoliennes afin d’atténuer les effets de saturation visuelle pour les habitants… Ces atteintes ne nous paraissent pas régularisables », a tranché la cour administrative d’appel de Nancy, mettant ainsi un énième coup d’arrêt à ce colossal projet de plus de 60 éoliennes.
« Nous avons pris connaissance de la décision de la juridiction. L’équipe du parc éolien du Mont-des-Quatre-Faux va analyser l’ensemble des éléments de cette mesure avant de se pourvoir devant le Conseil d’Etat », fait savoir EDF Renouvelable, associé à Renner Energies (ex-Windvision). Les deux partenaires ont deux mois pour saisir un recours en cassation et briser les vents contraires du moment.
Une manne financière de 3 M€ pour les collectivités locales
Déposé en… 2005 auprès de la Direction des territoires, ce programme prévoyait d’ériger 63 éoliennes culminant à près de 200 mètres en bout de pales, espacées de 700 à 800 mètres et implantées à un kilomètre des habitations les plus proches sur le territoire de sept communes : La Neuville-en-Tourne-à-Fuy (23 mâts), Cauroy et Hauviné (9), Juniville (8), Bignicourt (6), Mont-saint-Remy et Ville-sur-Retourne (4). Le tout sur une superficie globale de 5 000 hectares couvrant les deux intercommunalités du Pays Rethelois et de l’Argonne Ardennaise.
Devant être érigé sur un couloir de vents réguliers, le parc prévoit un rendement intéressant pour les aérogénérateurs devant produire entre 3,5 et 5 mégawatts chacun. La capacité de production électrique de ce parc éolien d’envergure, un des plus grands en Europe, nécessitait un investissement de 532,5 millions d’euros (chiffres 2024). Sa capacité de production était estimée à 226 MW, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 200 000 personnes. Plus que la population des Ardennes.
Situation… électrique
Sur le terrain, l’installation éventuelle de ces 63 turbines a électrisé la situation et jeté la discorde entre élus et contestataires dans une ambiance de plus en plus tendue.
Les uns voyant d’un bon oeil un dossier qui n’était pas neutre pour l’économie locale, une vraie aubaine même pour les finances communales, départementales et régionales (trois millions d’euros de retombées fiscales pour le territoire) et sur le plan de l’emploi. Avec notamment l’embauche de plusieurs dizaines de personnes après la création sur place d’un centre de maintenance, un chantier de deux ans avec un pic à 200 personnes sur le site ou encore la signature d’un partenariat avec le lycée Bazin de Charleville-Mézières pour promouvoir une école de maintenance et d’entretien éolienne.
Les autres évoquant, pour leur part, la destruction du patrimoine, les effets dangereux pour la santé (migraines, acouphènes, nausées, insomnies…), l’effet de saturation sur un territoire où les éoliennes prolifèrent depuis de nombreuses années, la menace sur les oiseaux, la dégradation du paysage voire même la perturbation des systèmes de guidage des engins agricoles ou la gêne des lumières sur les élevages.
En l’espace de 20 ans, ce projet n’a pu aboutir en raison d’une longue chronologie d’épisodes administratifs : deux premières autorisations préfectorales en 2017 et du Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne en 2020, une requête auprès de la Cour administrative d’appel de Nancy visant à l’annulation de ces autorisations en octobre 2021, une enquête publique complémentaire conclue par un avis favorable de la commission d’enquête en juin 2023 puis un arrêté préfectoral complémentaire délivré par le Préfet des Ardennes en juin 2023. L’ Agence Régionale de Santé avait, par ailleurs, rendu un avis défavorable au projet le 16 mars 2023, en l’absence d’étude acoustique. Ce long feuilleton n’est donc pas terminé.