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Le premier véhicule livreur autonome testé à Troyes

Technologie. Pour la première fois en France, un véhicule de livraison sans conducteur sera utilisé pour livrer les commerçants en ville, dès janvier 2022.

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En Chine, les véhicules autonomes de livraison sont déjà fréquemment utilisés dans les villes. DR

Imaginez un véhicule de livraison sans conducteur, au milieu de la circulation urbaine, allant porter des colis aux commerçants. Ce sera une réalité à Troyes à compter de janvier 2022, dans le cadre d’une expérimentation inédite en France à ce jour. Jusqu’ici, les véhicules autonomes sans conducteur ont été testés ou sont utilisés en France en milieu fermé, à l’intérieur d’une usine par exemple ou sur un circuit sans partage de circulation. Faire rouler un véhicule autonome et électrique, de près de 3 mètres de long et sans conducteur au milieu du trafic urbain est une autre histoire.

« Nous sommes vraiment dans l’expérimentation sous tous ses aspects, tant technique qu’économique »

« Avec notre partenaire logistique DPD Group nous cherchions une ville moyenne qui puisse accueillir cette expérimentation inédite à ce jour en France, et Troyes a été la plus réactive », précise Hervé Dechene, cofondateur de Sprint-Project, cabinet de veille technologique spécialiste de la Supply Chain qui a rassemblé un certain nombre de partenaires pour mener à bien cette expérimentation grandeur nature. Parmi ceux-ci des collectivités locales comme Troyes Champagne-Métropole et la ville de Troyes, des grandes entreprises de la filière, des transporteurs locaux, des commerçants et même des centres de formation.

Côté technique, on retrouve des start-up qui innovent dans le transport-logistique comme Spring Mobility ou encore LAMD. L’idée est de tester au moyen d’un véhicule autonome et propre la livraison de colis chez les commerçants troyens. L’engorgement des villes, la piétonisation, mais aussi la nécessité de livrer plus souvent pour répondre à la demande du client ont modifié la problématique du dernier kilomètre, souvent le plus compliqué en matière de livraison.

L’importance du dernier mètre

« Aujourd’hui les enjeux se situent plutôt au niveau du dernier mètre, qui inclut la qualité de la relation entre le livreur et le commerçant, et c’est ce qui explique que les emplois ne seront pas supprimés par l’automatisation, mais simplement modifiés, voire même créés sous de nouvelles formes », analyse Hervé Dechene. Concrètement, des mini-espaces de stockage seront créés dans la ville où le véhicule de livraison autonome viendra s’approvisionner pour ensuite livrer chez le commerçant.

Hervé Dechene, cofondateur de SprintProject. DR

Une intervention humaine est prévue en fin de course puisque un livreur viendra récupérer les colis dans le véhicule pour les remettre au commerçant. « Nous sommes vraiment dans l’expérimentation sous tous ses aspects, tant technique qu’économique avec l’objectif de permettre aux acteurs économiques et aux élus de voir sur le terrain ce que peut apporter cette technologie de rupture », conclut Hervé Dechene. Une phase de préparation est en cours, y compris pour adapter le véhicule autonome du chinois Neolix choisi pour l’expérimentation qui se déroulera de janvier à mai 2022, selon, des scénarios de difficulté croissante.

Le véhicule devra être capable de respecter le code de la route et les autres usagers, en toute autonomie, surveillé tout de même par un opérateur à distance. Aux États-Unis comme en Chine, les robots livreurs font de plus en plus partie du paysage urbain. En France, la route de son avenir passe par Troyes et la réussite de cette expérimentation.