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Le Pdg de Mauboussin présente ses créations à Reims

Joaillerie. Pdg et directeur artistique de la fameuse joaillerie, Alain Némarq est plus que jamais fidèle au principe "d’accessibilité" qu’il a développé voici 20 ans. Un principe dont il est venu expliquer le sens à travers ses dernières créations.

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Photo d'Alain Némarq et Alexandra Tani
Alain Némarq, Pdg et directeur artistique de Mauboussin, en compagnie d’Alexandra Tani, directrice du magasin rémois de la célèbre joaillerie. (Crédit : JR)

Un rebelle place Vendôme - Marxiste à 18 ans, professeur associé à HEC à 24 ans, directeur général adjoint de Boussac Saint-Frères à 31 ans, directeur général d’Yves Saint Laurent pour Homme puis de Kenzo Homme avant de devenir Pdg de Bidermann Europe à 39 ans, Alain Némarq répond en 2002 (il a alors 51 ans) à l’appel de Dominique Frémont, nouveau propriétaire du joaillier Mauboussin, pour en devenir le directeur général. S’il ne connaît guère l’univers de la joaillerie, l’ancien prof de marketing a senti l’air du temps : il invente le concept "d’accessibilité" en mettant le diamant à la portée de toutes les femmes quand il n’était qu’à celle de quelques bourses, et bouscule les codes de la haute joaillerie en amenant la maison Mauboussin "dans la rue" à l’heure où elle était pratiquement "à la rue" après la défection de son principal client.

Dans la rue, donc, et plus bas encore : sur les panneaux publicitaires du métro ! Ce que ses pairs ont considéré comme une descente aux enfers était en réalité les prémices d’une splendide renaissance. Voilà comment cet iconoclaste, selon les uns, ce visionnaire, selon les autres, est devenu « Un rebelle place Vendôme » titre de l’ouvrage qu’il publie chez Calmann-Lévy en 2011.

89 M€ de chiffre d’affaires

Un rebelle qui, en 20 ans, a fait de la maison Mauboussin, fondée en 1827, une valeur sûre. Il y avait une enseigne, place Vendôme, en 2002 ; on compte aujourd’hui 80 magasins et "corners" en France, et la présence de Mauboussin chez une centaine de détaillants multimarques ; s’y ajoutent 22 magasins à l’étranger - dont 11 au Japon ! Sans oublier un site marchand Internet en France qui représente 13 % du chiffre d’affaires. Chiffre d’affaires qui s’élevait en 2023 à 89 M€ (avec un Ebitda de 18 %). La maison employant 350 salariés.

Pdg et directeur artistique de l’entreprise, Alain Némarq reste plus que jamais fidèle au principe de création accessible. « Accessible dans la compréhension par la clientèle - dont le cœur de cible est âgé de 25 à 50 ans - des objets que nous créons ; accessible géographiquement par une stratégie de réseau élargi ; accessible par le prix. » Si Mauboussin s’est diversifiée dans l’horlogerie et la maroquinerie, le prix moyen d’achat, toutes marchandises confondues, s’élève à 400 € sur Internet, à 600 € en magasin.

Reims, " preneuse " de mode

Un "Tour de France" de présentation des bijoux qu’il a créés depuis le mois de mai [1] amenait Alain Némarq dans la boutique Mauboussin de la place Myron Herrick, à Reims, en cette fin octobre. « Il y a toujours chez Mauboussin ce savoir-faire à l’ancienne qui représentait, il y a encore 50 ans, toute la compétence des maisons de joaillerie dont le patron était le "créatif", avant que l’arrivée de groupes dans le capital et de managers dans la gestion n’en transfère la responsabilité à des agences spécialisées. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui l’ADN, que j’ai appris de Patrick Mauboussin, qui fut le dernier représentant de la famille au sein de la maison. » Par la réinterprétation des archives et du savoir-faire maison, Alain Némarq entend préserver dans la modernité de ses créations cette part d’humain propre à Mauboussin. Ici, il a la conviction qu’il sera d’autant mieux compris que Reims - qu’il connaît bien pour l’avoir fréquentée lorsque qu’il œuvrait dans le textile - « est une ville "preneuse" de mode » !

[1Un nouveau bijou est créé toutes les 4 à 6 semaines, une montre tous les 4 mois, et deux collections de maroquinerie sont présentées chaque année.